Les Manuscrits Ne Brûlent Pas.

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jeudi, décembre 6 2007

"Les Enfants de l'Ô" : Le Temps, Notre Maître ( I )

Le voyage dans le temps est l'un des thèmes majeurs de la SF universelle. Et l'on pourrait définir "Les Enfants de l'Ô" comme tel en ce sens que, dès le premier tome, nous pouvons comprendre que les "Mauvais" de l'histoire, qui se déroule en 2 572 (je cite de mémoire) prennent leurs racines en 2 064 - ce qui les rapproche quand même de nous. Bien que je n'aie pas encore trouvé le temps de lire le second tome de cet excellent roman, il me semble qu'on pourrait également ajouter à cela un zeste d'uchronie (dans l'acception la plus large du terme).

"L'uchronie ... ? C'est quoi, ce truc ?" demanderont certains. Eh ! bien, Pierre Corbell décrit ainsi le phénomène (dont l'exemple le plus connu est sans doute "Le Maître du Haut-Château" de Phillip K. Dick) :

« Au début, les auteurs ont simplement imaginé la possibilité de voyager dans le temps, autant vers le futur que vers le passé. Puis, on a imaginé la possibilité de changer les événements menant au présent.

Puis, des auteurs proposèrent la coexistence, pacifique ou pas, de plusieurs univers avec des histoires différentes. Il ne restait plus qu’à couper le cordon ombilical avec « notre » univers et à élaborer dans un scénario un univers cohérent, aussi complexe que celui que nous appelons l’histoire, mais qui serait, pour ses membres, le vrai « univers ». Le scénario qui installe ses personnages dans un univers complet et cohérent, sans lien avec aucun autre univers, que ce soit le nôtre ou un autre, représente le pôle de l’uchronie pure. »

La phrase que je me suis permise de mettre en gras me paraît correspondre à merveille à ces "Enfants de l'Ô." En effet, le roman s'ouvre sur deux hommes, le père et le fils, qui discutent d'une "expérience" qu'ils viennent de programmer. Nous sommes en 2 572.

Après ce bref prologue, le lecteur voit une jeune femme, perdue dans une forêt mais en 2 064, au coeur d'une tempête. Cette jeune femme est sur le point d'accoucher. Elle donnera par la suite naissance à deux jumeaux, un garçon et une fille. La chevelure de la petite sera entièrement blanche et les deux enfants auront chacun cinq doigts à chaque main, comme nous, alors que leur mère, la jeune femme en détresse, en possède six.

A la fin de ce premier tome - un peu avant tout de même - on réalise que la jeune femme a été envoyée du futur dans le passé (par rapport au futur ;o)) afin de corriger ce qui sera, à un moment ou à un autre, le présent (attention ! si vous n'êtes pas un habitué de la SF, vous risquez d'avoir besoin d'une aspirine, non pour lire ce fantastique bouquin mais pour analyser son intrigue. ;o))

Mais une chose est claire : la jeune femme a été fécondée dans le futur et accouche dans le passé qui, pour les principaux personnages, est le présent. Il y a donc volonté, pour les diaboliques manitous de 2 572, de modifier le passé afin qu'en découle ...

... quoi exactement ... ? ;o)

(A suivre ...)

mercredi, décembre 5 2007

"La Sagesse des Fouch" : Vraies ou fausses contradictions ? ...

Comme nous l'avons déjà noté, les Fouch sont des opposants farouches à notre système sociétal moderne. Pourtant, en apparente contradiction avec le mépris qu'ils affichent envers lui, ils n'hésitent pas une seconde, pour renforcer leurs propres défenses, à utiliser la technologie qui constitue pourtant l'un des meilleurs soutiens dudit système.

Ainsi, tous deux usent des merveilles de l'informatique pour travailler en paix chez eux, loin de tous ces désagréments qu'engendre en général la vie professionnelle. Ce faisant, certes, ils s'isolent mais, en parallèle, ils n'en maintiennent pas moins un contact multiforme avec ce monde dont ils se gaussent si volontiers.

Autre point - qui a soulevé des discussions passionnées sur le fil consacré à l'ouvrage dans notre "Bibliothèque - et qui étonne assez chez des personnes qui, non sans raison, pointent d'une griffe acérée la déshumanisation de plus en plus inquiétante de notre univers : l'intérêt du couple envers le triolisme (ou échangisme.)

Sur ce plan - Jérôme Nodenot me pardonnera de le mentionner - j'ai trouvé leur attitude aussi conventionnelle que celle des noceurs de la Belle-Epoque ou des Années folles. Aussi conventionnelle, je l'avoue aussi, que les appels à "la révolte" des années soixante-dix qui allaient dans le même sens.

Bref, la concrétisation de ce fantasme est une constante de la société humaine. Elle s'affiche avec plus ou moins de discrétion selon l'hypocrisie des temps mais elle demeure. Là encore, les Fouch suivent le courant.

D'où viennent donc ces contradictions ? Et d'abord, dans l'optique de "La Sagesse ...", sont-elles réellement des contradictions ? ... ;o)

"L'Etoile des Chiens" : Ballet pour Faux-Semblants

Je relisais tout à l'heure le manuscrit de "L'Etoile des Chiens" et je me disais que sa première partie évoque en effet une espèce de ballet autour de personnages et au sujet d'événements qui ne sont peut-être pas ce qu'ils prétendent être.

Le héros du roman, Stéphane Chavel, meilleur ami du narrateur, David, le libraire qui nous conte cette histoire, est un écrivain dont le premier roman a reçu des critiques prometteuses et qui affirme travailler sur un texte qui soutiendra la comparaison, voire sera bien meilleur.

Mais au fur et à mesure que l'on avance dans l'histoire aux côtés de David, le personnage le plus sincère du roman, on s'aperçoit que Stéphane, s'il continue à écrire, copie également le style et les idées de son amant, Clément. Quand il en acquiert la conviction, David s'en montre troublé à juste titre - et ce n'est là que la première fêlure dans le rapport qui le lie à Stéphane.

Puis survient non pas la mort mais la disparition, au sens propre du terme, de Stéphane. Accident de voiture, très graves dégâts matériels, bien peu d'espoir de retrouver le conducteur en vie ... mais le corps n'est pas là.

Arrive ensuite le père de Stéphane, Antoine Chavel, un homme impérieux et brutal qui affirme à David avoir brûlé tous les manuscrits laissés par son fils et somme enfin le jeune libraire d'"oublier" Stéphane. Ce père exemplaire déclare même : "Stéphane n'a jamais existé."

A peine David a-t-il le temps de se remettre de sa stupeur - et du malaise bien compréhensible qu'a provoqué en lui la visite de l'aimable géniteur - qu'il doit faire face à la demi-soeur et aux trois demi-frères de Stéphane, lui qui avait toujours cru jusque là que son ami était fils unique.

Mieux (ou pis, comme on l'entend ;o) ) : ces quatre-là accusent entre autres leur père d'avoir assassiné deux des précédents amants de Stéphane ...

Le mystère va crescendo, instaurant un climat de subtil décalage qui, sans que le lecteur s'en doute, le guide aux portes de la seconde partie du roman.

Et n'ayez crainte : nous y reviendrons sous peu. ;o)

mardi, décembre 4 2007

"Hamanotha" : Vers le Grand Tout ( I )

Lors de la parution de ce roman sur Alexandrie - donc bien avant qu'il ne fût sélectionné pour le Prix 2008 - voici ce qu'en disait l'une de nos membres, Ishtar , sur le fil ouvert à cet ouvrage dans la "Bibliothèque" du site :

"Etant attirée par les phénomènes paranormaux ainsi que par les capacités de projection du corps astral qui sont un sujet qui me fascine terriblement, votre ouvrage et le sujet m'inspirent particulièrement, ; en effet, je reste persuadée que nous avons hérité à la naissance d'un schéma de vie qu'il est possible de retrouver par certaines techniques et permettant de l'accélérer ou de le ralentir...

Ce que nous prenons pour de l'intuition, n'est souvent que l'intervention d'entités célestes, ce que vous expliquez admirablement dans votre ouvrage, en parlant des "petites bulles".

Dans les dernières pages, vous parlez du moine qui marque le front d'Alex; celui-ci est parvenu à ouvrir l'àjna et est éveillé à la spiritualité; il est en communication avec le Tout Cosmique et est en mesure d'accéder au nouveau monde de lumière pour retrouver Carole (sa femme) et Lydia (sa petite-fille).

Patrick (Bouchet), l'avenir peut nous réserver de cruelles épreuves mais quoi qu'il arrive, nous devons continuer à vivre et à progresser pour ensuite accéder aux plans vibratoires supérieurs et réintégrer finalement l'Unicité première; votre livre décrit parfaitement tout cela ainsi que la loi d'Amour qui unit Carole et Alex, et grâce à cet amour, Alex a enfin développé toutes les virtualités de son être. De cette réalisation, il a choisit un chemin, en recevant des réponses et des flamboiements d'énergie qui le met en correspondance avec les autres ordres pour enfin accéder à l'Absolu et revoir Carole et Lydia".

Admirable histoire que celle d'Hamanotha.

La couverture est magnifique mais en la regardant de plus près, je reste persuadée que c'est une rota kabbaliste à 6 branches.

Le mot APIS inscrit dessus m'interpelle particulièrement car il me fait songer au culte de Sérapis (mélange d'Osiris et d'Apis); culte aimé aussi bien des Grecs, des Chrétiens, des Chaldéens et des Egyptiens et cela pourrait se tenir puisque Hamanotha signifique "foi" en araméen... (...)"

(A suivre ...) ;o)

"Coffiots ..." : Maurice Le Menec'h

Maurice Le Ménec'h, personnage principal de ce roman, est un personnage qui, en dépit de son habitude de manier l'argot, a beaucoup du granit breton.

Breton, il l'est d'ailleurs par la naissance. Son père était un sous-marinier qui mourut avec son équipage alors que l'enfant avait six mois. Pour des raisons qui ne sont pas expliquées, sa mère le plaça dans un orphelinat et le destin de l'enfant s'écoula donc de famille d'accueil en famille d'accueil jusqu'à ce qu'il fût en âge de se débrouiller par ses seuls moyens.

Breton, il l'est encore par les relations qu'il entretient avec l'Océan, ce mélange d'amour et de haine, de fascination et de méfiance, caractéristique au demeurant de la majeure partie de ceux qui, dès la naissance, ont eu parti lié, d'une façon ou d'une autre, avec le monde de Poséidon.

Breton, il l'est enfin par sa détermination tranquille à poursuivre son chemin en cette existence, marquant une pause pour réfléchir devant les obstacles qu'il rencontre, hésitant non devant le défi proposé mais devant le choix qui s'impose, conscient qu'il ne convient pas toujours d'attaquer bille en tête et que, parfois, contourner l'obstacle en feignant de s'incliner devant lui reste la meilleure solution.

Comme de juste, Maurice Le Ménec'h se sent comme chez lui dans un Paris où, bien avant les Maghrébins, Auvergnats et Bretons avaient installé leurs colonies personnelles. Bruno Leclerc du Sablon en profite pour nous décrire avec tendresse le marché Edgar-Quinet, les petits bistrots sympas et ... le cimetière Montparnasse et certains de ses occupants.

Par ces mille petits détails autant que par sa gouaille naturelle, Maurice Le Ménec'h parvient ainsi très facilement à s'imposer comme la clef du livre - et peut-être de sa conception. ;o)

Onze Jours Encore Pour Télécharger, Lire et Voter

Eh ! oui, amis Lecteurs : nous sommes aujourd'hui le 4 décembre et les matches dans les diverses catégories proposées à vos suffrages sont toujours aussi serrés - surtout dans la catégorie "Roman."

Que celles et ceux qui, parmi vous, ont remis à demain leur décision de lire et de voter pour l'un des ouvrages en course pour ce Prix Alexandrie 2008, n'hésitent pas un seul instant à s'immerger dans la prose de nos auteurs et à élire parmi ceux-ci celui qui leur paraîtra correspondre le mieux à l'image qu'ils se font du site Alexandrie On Line et de sa vocation.

Quant à celles et à ceux qui rechignent encore en tendant un orteil frileux vers cet océan de mots, je leur affirme une fois de plus :

"Si vous voulez pouvoir dire à vos petits-enfants que vous avez influé un jour sur l'avenir de la Littérature virtuelle, PLONGEZ ! C'est le moment ! D'autant que, avec la nature que vous laissez paraître, si vous ne plongez pas dans les onze jours qui viennent, vous vous plaindrez que tout ça a été trop rapide et que, si l'on vous avait prévenus avant ou encore si l'on vous avait laissé plus de temps ..."

Prétexte que tout cela - et vous le savez. Lancez-vous ! Mieux vaut avoir des remords que des regrets, non ? ... ;o)

lundi, décembre 3 2007

"Soleil Noir" : Cauchemar, es-tu là ... ? ( I )

Vous aimez les histoires dont on ne sait pas très bien si ce dont elles parlent relèvent du cauchemar le plus terrifiant où de la réalité la plus sordide ? C'est parfait : "Soleil Noir" est pour vous. ;o)

Le héros, Charles Vincent, n'est absolument pas sympathique. Il y a même des moments où le lecteur, excédé par son machisme, son absence totale de self-control et ses ambiguïtés caractérielles, finit par penser qu'il n'est pas loin de mériter son sort.

De façon plus banale, Vincent est obsédé par le sexe. Un jour, il tombe en arrêt devant l'image d'une jeune femme rousse sur fond de soleil noir, à l'affiche d'un sex-shop. A partir de là, sa vie s'emballe et, pour cet esprit perturbé, les mots "soleil noir" deviennent un mystérieux et fascinant synonyme pour le mot "sexe."

S'enfonçant sans hésiter dans la voie glauque qui s'ouvre devant lui, Vincent se fait harponner par une prostituée qui appartient en fait au sexe masculin. Un inconnu, un certain Jacob, surgit alors de nulle part pour sauver notre discutable héros de la périlleuse situation dans laquelle l'a fourré sa recherche de la jouissance bizarre à tous prix.

Mais, un peu comme cela se passe dans les oeuvres de D.A.F., avec Jacob, Charles est tombé de Charybde en Sylla. Plus raffiné, plus mondain aussi que la pseudo-prostituée, Jacob évolue lui aussi dans un monde où le sexe est roi et que paraît diriger un couple singulier, adepte de jeux sexuels incluant le rapt et la violence.

(A suivre ...)

"Fandom" : Tribulations Editoriales

Ce n'est pas un mais une multitude de billets que l'on pourrait consacrer, sur ce blog ou ailleurs sur le Net, aux servitudes et aux grandeurs de l'édition, surtout s'il s'agit d'une édition tournée vers un public d'amateurs avertis comme celle de la SF française.

A la SF en général, je ne me suis intéressée que lorsque j'avais quatorze-quinze ans et, depuis lors, j'avoue que je n'ai pas persisté. Toutefois, je sais que ce genre souffre, comme tant d'autres de nos jours, de l'ombre du géant américain.

Non que la SF américaine soit la meilleure mais elle produit bien plus et, atout non négligeable, elle bénéficie des bonnes grâces de l'industrie cinématographique qui voit en elle, à tort ou à raison, une excellente occasion de gagner de l'argent.

Face à des pointures SF comme Silverberg (mon préféré ;o), Philip José Farmer, Philip K. Dick et bien d'autres encore dont le plus récent Dan Simmons ("L'Echiquier du Mal"), il est évident que la SF européenne et plus spécialement francophone a bien du mal à suivre. Faute de moyens, faute aussi d'une reconnaissance suffisante par le monde de l'édition, faute encore d'une foi suffisante en leur particularité qui paraît bien paralyser nombre d'auteurs actuels, jeunes et moins jeunes.

Contrairement au roman policier, voire au roman fantastique, qui ont tous deux conquis le droit de banqueter au riche festin de la littérature française, le roman de SF mange donc toujours à l'office, avec les domestiques.

Le prodigieux essor d'Internet renversera-t-il la donne ? ...

Alain Pelosato, à qui on ne reprochera ni son manque de flamme, ni son besoin d'en découdre, a fait de ce constat assez frustrant l'un des thèmes principaux de "Fandom" qui, bien que présenté comme un roman, tient surtout de l'auto-biographie.

Pelosato évoque en effet dans ces pages incisives, à la limite du pamphlet, ses propres luttes et déboires au sein de l'édition SF - et c'est un vrai chemin de croix. Le lecteur devra sans doute s'accrocher car le ton de l'auteur est très amer mais c'est grandement édifié qu'il ressortira de ce texte assez bref - trente-sept pages bouillonnantes.

Détail amusant : Alain Pelosato est contre la politique des prix littéraires. ;o)

dimanche, décembre 2 2007

"Eclipse Etc" : Stances à l'Ecriture Automatique

Selon le "Manifeste surréaliste" concocté par André Breton en 1924, l'écriture automatique est avant tout une méthode d'écriture qui s'inspire des travaux de Freud afin de libérer les puissances de l'Inconscient.

Ce qui revient à dire que Breton, par exemple, écrivait à peu près tout ce qui lui passait par la tête - et il lui en passait beaucoup ;o) - sans nul souci de cohérence ni de grammaire.

Pour Breton et les Surréalistes, l'écriture automatique procédait donc d'un phénomène naturel. Alors que les spirites, qui utilisent également ce procédé, y voient la manifestation d'une entité paranormale, distincte de la personne qui trace les lettres.

Jim Morrison, le charismatique leader des Doors, qui consacra l'essentiel de sa courte vie à se détruire et qui semble avoir possédé ce que l'on appelle aujourd'hui une personnalité border-line ou limite (c'est-à-dire, de manière honteusement schématique, à la frontière de la psychose et de la névrose mais sans la nuance schizophrénique), était aussi un adepte de l'écriture automatique que l'on retrouve dans nombre de ses poèmes - et parfois les meilleurs.

Eh ! bien ! l'écriture automatique semble avoir présidé à la création de cette "Eclipse etc." Il faut dire qu'on y songeait déjà en lisant "Equinoxe", nouvelle du même Jean-Christophe Heckers, qui , comme "Eclipse etc ...", date, si je ne fais pas erreur, des débuts de cet auteur.

Donc, fatalement, on aime ou on rejette. Personnellement, j'ai été fascinée. Par des passages comme :

"Dame des aurores/Dames des silences/J'ai cru pouvoir aimer/La Belle Dame sans merci."

Ou encore par cette mise-en-garde ô combien réaliste :

"Sauvez votre peau : ne réfléchissez pas."

A me lire, certains penseront peut-être qu'il ne s'agit que d'aligner des mots sans suite et que tout le monde peut le faire. Je laisse ces Béotiens à la navrante insensibilité artistique qui les accable.

Et je vous invite à aller goûter à la profusion d'images et de mots tour à tour chantants et heurtés qui, arrachés à son Inconscient ou à sa Muse, ont permis à Jean-Christophe Heckers d'écrire un superbe texte poétique qui n'a d'incohérent que l'apparence. ;o)

"Dieu ou La Pierre Philosophale du Physicien" : L'Eternelle Question

Janick Pilet le souligne dans son essai : cette "éternelle question" pourrait très bien en contenir deux :

1) Tout d'abord, pourquoi l'être humain possède-t-il une conscience ?

2) Et notre existence a-t-elle un sens véritable ou n'est-elle qu'un pur hasard ?

Certes, ces questions ne sont pas nouvelles et, de touts temps, l'homme s'en est préoccupé. A son tour et à une échelle qu'il veut modeste, Janik Pilet nous expose les réflexions qu'elles lui ont inspirées.

Mais - et c'est là la particularité de cet ouvrage - l'auteur se refuse à séparer pour ce faire ses croyances personnelles de sa formation de scientifique. (Il est en effet ingénieur et physicien.) Il croit à un équilibre entre ces deux options pourtant en principe complètement à l'opposé l'une de l'autre. Mieux : il croit à leur complémentarité. Je ne vous cacherai pas que, sur le Forum Bibliothèque d'Alexandrie, cette décision a soulevé quelques remous parmi certains lecteurs de "Dieu ou La Pierre Philosophale du Physicien.";o)

L'essai a donc pour premières références ces temps peut-être pas si lointains que ça où les alchimistes étaient à la fois astronomes et astrologues, où un certain pouvoir mystérieux était attribué à la transmutation des métaux et où le mot même d'alchimie rimait souvent avec hérésie et bûcher.

En tous cas, une chose est sûre : l'attrait humain pour tous ces mystères, réels ou supposés, est loin d'être éteint. "Dieu ou La Pierre ..." est à ce jour l'un des ouvrages les plus téléchargés sur Alexandrie et il semble parmi les mieux placés pour obtenir le Prix Alexandrie 2008 - Catégorie 2008.

Allez donc voir et nous en reparlerons dans le prochain billet qui lui sera consacré. ;o)

samedi, décembre 1 2007

"Cogito les Pieds dans l'Eau" : Une Réflexion à la Rousseau

Le "petit plus" de cet essai - je suis tenté d'écrire son "énorme plus" - c'est qu'il a été rédigé par un homme intelligent, cultivé, vraisemblablement doté de quelques diplômes, mais qui a l'élégance (et la sagesse) de ne pas s'en prévaloir pour proposer à ses frères humains une réflexion accessible à tous, y compris à ceux qui n'ont pas bénéficié de la chance qui fut sienne.

En ce sens, "Cogito ..." est pour moi représentatif de l'Esprit des Lumières et on s'en étonnera sans doute moins si l'on note que Georges-Philippe Rieker est né à Genève, ville qui nous a donné l'un de nos philosophes majeurs du XVIIIème : Jean-Jacques Rousseau.

Il y a d'ailleurs certains traits de Rousseau dans les suggestions faites ici par Georges-Philippe Rieker. Cette naïveté désarmante notamment qui était le propre du Genevois et devant laquelle, parfois, moi qui ne l'apprécie guère en tant qu'individu et qui ai passé de longues heures de classe à tenter de ne pas m'endormir sur son style, si différent de celui de Voltaire, je ne puis tout de même m'empâcher de sourire sans méchanceté aucune.

Seulement, Georges-Philippe Rieker est né au XXème siècle et, forcément, le monde auquel il appartient est différent de celui que connaissait Rousseau. C'est un monde plus vieux, plus cynique, plus rouillé, beaucoup plus meurtri également, où beaucoup d'idéaux sont tombés en putréfaction et qui s'en cherche, justement, de nouveaux.

Georges-Philippe Rieker le souligne efficacement, lui qui, tout en affirmant avec raison qu'"Evoluer est la seule voie possible" (citation de mémoire) ose faire remarquer que l'évolution n'est pas qu'un long chemin de roses. En cela, il diffère carrément de Rousseau et en devient donc beaucoup plus crédible.

Amis écologistes mais réalistes qui me lisez et n'êtes pas encore allés télécharger "Cogito ...", n'attendez plus : courez ! Si vous ne trouvez pas un frère en Georges-Philippe Rieker, vous trouverez en lui au moins un cousin. ;o)

"Carcasses" : Souvenirs d'une Vie

Avec ses 507 pages, ce livre est avant tout un "pavé" - je pense que c'est le plus épais de la Sélection.

Son titre, il le doit à une remarque que faisait constamment le grand-père de la première épouse de l'auteur, un vieux monsieur qui lisait "Le Figaro" et allait très régulièrement à la messe dominicale. Pour cet homme, tout était "carcasse" : Soyouz, les hommes politiques, mai 68, le dernier braquage à la une. De fait, si on relativise bien en effet ...

Mais c'est par la photographie (couleurs) de l'automobile dans laquelle Bruno Leclerc du Sablon, sa belle-fille, la mère de celle-ci et leur petite-fille, faillirent perdre la vie en août 2005 que s'ouvre ce livre ma foi assez inclassable. (Je le considère pour ma part comme une espèce de "fourre-tout" où son auteur à précieusement déposé l'essentiel de ce que lui avait été et était toujours cher tout au long de son existence.)

En effet, comme il l'explique dans son texte de quatrième de couverture, Bruno Leclerc du Sablon a "connu tous les accidents et toutes les maladies", aussi bien pour lui que chez les autres. Le nombre de désagréments de ce genre qui s'est abattu sur lui et son entourage est d'ailleurs si impressionnant que le lecteur compatissant ne peut que finir par partager tous ces maux.

C'est d'ailleurs en partie pour cette raison - l'autre raison, c'est, bien sûr, la taille de l'ouvrage - que je recommande au lecteur intéressé de s'y plonger à doses quasi homéopathiques. Une lecture d'une seule traite ou deux risquerait en effet de ne pas lui permettre d'apprécier "Carcasses" comme il le mérite.

Et ce serait dommage. ;o)

Au Microscope : La Fraîcheur Fûtée de l'Enfance

Ce petit ouvrage sans autre prétention que celle de glisser quelques petits grains de savoir aux jeunes enfants a été illustré par l'auteur lui-même, dans un style pseudo-naïf qui passe fort bien la rampe.

On y croise une maman dépassée par la volonté de promenade gourmande de son fils ; Törbjörn, un petit garçon aux lunettes dotées d'une monture sympathiquement carrée ; Lilltrynett, une jeune truie de couleur claire, capable de découvrir tous les champignons que l'on veut ; des chanterelles parasitées par des oeufs de mouche à la saveur citronnée - paraît-il ;o) ; un sentier de fourmis en péril et une assez grande flaque d'eau dans laquelle notre petit héros ne résiste pas au plaisir de se précipiter, provoquant ainsi pas mal de dégâts au sein des larves de moustiques qui y nageaient jusque là tranquillement.

En prime, comme décor, la forêt scandinave.

On retrouve ici la volonté didactique de Philippe Mermod, déjà ressentie dans "Gnomons" (en course pour le Prix Alexandrie 2008 de la Nouvelle) mais mise à la portée des plus jeunes.

C'est mignon, c'est frais et c'est malin. J'insiste sur cette malice car, au fur et à mesure que j'approfondis ce qu'il nous a chargé sur Alexandrie, j'en arrive à la certitude que c'est là une constante de son caractère et, partant, de sa production. Constante qui doit lui valoir bien du succès auprès des adultes - mais aussi des enfants. S'il ne s'était pas orienté vers la physique, sans doute eût-il fait un excellent pédagogue, espèce dont on peut déplorer qu'elle se perde de plus en plus aujourd'hui parmi les rangs de notre chère Education nationale. (Mais c'est un autre débat ... ;o) )

vendredi, novembre 30 2007

"Soliloques" : Vie, Passion & Mort de Jérôme Beaufils

Jérôme Beaufils est le premier personnage du petit monde de Pierre-Alain Gasse avec qui j'ai fait connaissance, il y a bien deux ans, dans le premier recueil de nouvelles que j'ai lu de cet auteur : "Noir à l'Ouest." (Un bouquin remarquable : vous devriez le lire. ;o))

Et il faut croire que c'est là un héros particulièrement cher au coeur de PAG puisqu'il lui a consacré deux autres nouvelles : "La Vocation de Jérôme Beaufils", que vous trouverez dans "Amours de Papier" et enfin "Le Journal d'Alexandra ou De L'Autre Côté du Malheur", qui ouvre "Soliloques."

Pour mieux tenter de comprendre ce personnage qui parle peu mais dont la vie si brève finira par se voir étalée à la une d'un grand quotidien régional, après la tentative de meurtre qu'il aura perpétrée contre son supérieur hiérarchique à la Bibliothèque municipale de la petite ville de X***, mieux vaut sans doute commencer par lire ses premiers pas dans la vie, c'est-à-dire : "La Vocation ..." Cette nouvelle s'achève alors que le jeune Jérôme, né dans les années cinquante dans un foyer de petits commerçants bien-pensants et qui a été enfant de choeur pour "Monsieur l'Archiprêtre", entre dans une Institution religieuse où les cours sont dispensés gratuitement pourvu que l'enfant intègre par la suite le Séminaire.

Après "La Vocation ...", passez à "Les Amants du Square Thomas Beckett" (dans "Noir à l'Ouest") où vous retrouverez un Jérôme Baufils adulte, marié à Alexandra, laborantine en pharmacie, sans enfant et assistant-bibliothécaire auprès de Mathurin Digué. Un jour, vient s'inscrire à la Bibliothèque la séduisante épouse d'un avocat local : Maria Lesueur. Maria ... Rien qu'un prénom et pourtant tout un monde de souvenirs qui remonte dans l'esprit romantique de Jérôme ... Comme le sait le lecteur attentif, tel était le prénom du premier amour de Jérôme ...

Dans "Soliloques", Pierre-Alain Gasse nous confie les joies, les doutes, les peines d'Alexandra, l'épouse de Jérôme, en tous cas jusqu'au jour de son mariage, dans les années soixante-dix. C'est la seule nouvelle où l'auteur utilise le "Je" - il le fait d'ailleurs dans toutes les nouvelles de "Soliloques", recueil bâti sur ce pari de la première personne du singulier.

En rassemblant et faisant se recouper tout ce que nous avons pu apprendre ainsi sur Jérôme Beaufils, on parvient à comprendre un peu mieux son tragique parcours. On comprend par exemple que l'intensité des frustrations sexuelles qui se sont accumulées en lui, du fait de son éducation d'abord, de l'empreinte religieuse fortement ancrée en lui, des interdits de l'époque et d'un mariage avec une femme qui l'aimait, certes mais un peu nunuche, se trouve à la base de sa mort. On croit discerner aussi que sa nature romantique n'était en adéquation ni avec le milieu dans lequel il était né, ni avec celui dans lequel il vivait. On décèle enfin, en ce personnage toujours un peu replié sur lui-même, fût-ce après lecture de ces trois nouvelles, une recherche de l'Absolu qui ne pouvait se concrétiser que par deux voies : la spirituelle ou la charnelle. La troisième, la voie royale de la Créativité, Jérôme Beaufils ne semble pas avoir jamais pu en bénéficier. Il aime lire certes mais écrit-il ? cherche-t-il à concrétiser une oeuvre quelconque ? non et c'est dommage.

... Eh ! oui ! On peut en lire, des choses, chez les auteurs d'Alexandrie, qu'ils aient été ou pas sélectionnés pour le Prix 2008 ! (Pierre-Alain Gasse a tout de même été sélectionné deux fois par les internautes : l'an dernier et cette année-ci.) Il suffit de s'arrêter un peu et de choisir ses lectures.

Comme dans n'importe laquelle des bibliothèques ... ;o)

"Presque Rien" : Douleurs Feutrées

Toute l'élégance avec laquelle oeuvre ici Jean-Christophe Heckers est contenue dans le titre de ce recueil de onze nouvelles. Parmi celles-ci, certes, quelques unes évoquent la joie et l'épanouissement. Mais le sentiment général que j'en ai tiré est celui d'une somme de petites douleurs, feutrées mais lancinantes, dont l'accumulation peut finir, dans certains cas, par réduire à néant l'existence de ceux qui les subissent.

Le thème majeur de ce recueil - peut-être l'ai-je déjà dit - c'est l'identité sexuelle, essentiellement homosexuelle ou bisexuelle. "Ces choses-là" par exemple, très courte nouvelle d'ouverture, évoque un homme (car c'est un homme) dont on ignore l'âge (bien que je l'imagine personnellement tournant autour d'une cinquantaine triste de vieux garçon) ou le milieu social, et qui noue conversation, sur un banc public, avec un autre homme (car c'est encore un homme, le lecteur ne peut en douter et celui-là, je le verrai plus jeune.)

Peut-être fais-je erreur, peut-être est-ce le premier des deux hommes qui est jeune et le second qui a atteint la maturité mais dans le fond, peu importe. Ce qui compte, c'est que, lorsque tinte très vite la fameuse question : "On va chez vous ? ...", le premier homme se rétracte. Eh ! non ! Il n'attendait vraiment rien ni personne, sur ce banc, et certes pas une occasion de ... de quoi, au juste, déjà ? ...

Pour diverses raisons qui n'ont pas leur place dans ce billet, j'ai eu le triste privilège d'assister au long calvaire d'un homme qui ne put jamais assumer son identité sexuelle - qui ne la connaissait peut-être pas vraiment. Cet homme, c'était mon frère.

Or, dès "Ces choses-là," nombre de textes contenus dans ce recueil m'ont évoqué sa silhouette, sa sensibilité d'écorché-vif qu'il dissimulait souvent sous une agressivité étudiée et l'intense solitude qui a fini par l'emporter. Tous sont marqués au coin de la sincérité, on ne peut pas ne pas avoir vécu ce qu'ils disent soit personnellement, soit par être cher interposé, et cette authenticité pleine de pudeur est peut-être leur meilleur atout.

Par touches menues et avec un grand naturel, en exprimant avec une simplicité exemplaire * les quelques rares joies et les très lourdes déceptions qui jonchent le parcours homosexuel, Jean-Christophe Heckers donc, non seulement m'a restitué un être que j'aimais mais prouve - s'il en était encore besoin - qu'il est de la race des authentiques écrivains.

  • : c'est exprimé simplement, soit. Mais ça ne veut pas dire que ces textes aient été simples à rédiger, bien entendu. ;o)

"La Vie Extraordinaire d'Adam Borvis" : A La Recherche de Soi ( I )

Si "La Sagesse des Fouch" abordait le problème du choix de société sur le mode ironique et volontiers cynique, cette "Vie Extraordinaire d'Adam Borvis" fait plutôt appel à la tendresse et à la poésie.

A peine âgé de six ans, le petit Adam Borvis, en vacances à la montagne avec ses parents, rencontre un vieil et sympathique ermite qui a choisi de s'écarter de notre monde afin de mieux l'apprécier. Quand il renvoie l'enfant chez lui, il lui offre une petite fusée en bois - pour assurer l'alimentaire, cet ermite fabrique en effet des jouets - et cette jolie phrase (citation de mémoire) : "Chacun de nous a sa propre galaxie à atteindre et tu es le seul à savoir quelle sera la meilleure pour toi."

Ces paroles, Adam ne les oubliera jamais. Il en fera même son credo existentiel.

Dès sa majorité, il semble s'évanouir dans la nature tout en prenant la précaution de rassurer ses parents sur sa bonne santé par l'envoi de lettre régulières. Il a, leur dit-il, gagné un pays dont le nom se retrouve, codé, dans certaines phrases de ses missives. La police renonce bientôt mais le détective privé engagé par les Borvis finit par découvrir Adam, qui a choisi de s'établir au pays de Laxness : l'Islande. Dans la façon de vivre des Islandais, dans leur vision de l'univers, Adam commence à découvrir qui il est et pourquoi il est ...

(A suivre ... ;o))

"Haru Asakaïdo" : La Mortelle Beauté du Blanc de Céruse

Cette nouvelle - à mon avis la plus aboutie de Jean-Luc Flines - n'aurait pas existé sans le blanc de céruse dont je laisse l'auteur de ce texte, qui ne se contente pas d'écrire mais dessine et peint également et connaît donc parfaitement son sujet, vous expliquer la fascinante et perverse nature :

"La céruse est le carbonate basique de plomb. C'est un poison interdit en France depuis 1915. On l'appelle aussi blanc de plomb ou blanc d'argent ou encore blanc de Saturne. Il fait partie du champ chromatique blanc. Ce pigment a changé de nom pour dissimuler sa vraie nature. (...)

En fait, l’exposition au plomb affecte plusieurs systèmes dans l’organisme: le système nerveux et les reins. Elle peut causer une hypertension artérielle et une anémie. Gofun présentait cette déficience. Le plomb s’était accumulé dans les os. Haru avait décelé cette maladie chez son amie en découvrant la ligne bleue qui entourait ses gencives.

Elle ne lui en avait rien dit pensant que c’était une infection locale de la bouche ! Par la suite, elle se rappela que son grand-père Shiryuki avait contracté la maladie et en était mort dans d’atroces souffrances."

Mais le blanc de céruse, qu'utilisèrent longtemps les Japonaises pour leur maquillage, possède la propriété de conférer au visage qui le revêt une singulière beauté, à la limite de la perfection, que souligne encore le caractère énigmatique des traits propres aux traits asiatiques.

Beauté, mystère mais aussi sérénité et perfection évoquant irrésistiblement les notions d'immanence et d'immortalité, tel est le blanc de séruse - et ce qui lui donne une partie de sa puissance. Nous y reviendrons dans un autre billet et, en attandant, pourquoi ne pas lire cette courte nouvelle de vingt-et-un pages, signée Jean-Luc Flines ? ...;o)

jeudi, novembre 29 2007

"Gnomons" : Curiosité, Malice & Intelligence

"Gnomons" regroupe douze nouvelles qui tournent autour du même sujet : l'Univers, du plus petit au plus grand, son passé, son présent, son avenir - son Destin. Mais n'attendez pas de Philippe Mermod qui, pourtant, est physicien de formation, qu'il consacre cette soixantaine de pages à vous abrutir à grand renfort de langage spécialisto-trissotino-jargonesque. Il pourrait sans doute vous sortir toute une foule de termes spécialisés pour éclairer sa démonstration mais à cette méthode douteuse et dénuée de tout humour, il a préféré celle qui consiste à expliquer les choses les plus complexes avec simplicité, malice et bonne humeur.

Car la principale qualité de "Gnomons", c'est ça : traiter des sujets aussi sérieux que la théorie de l'Evolution en s'appuyant sur des exemples précis, concrets et cependant "romanesques."

Que nous conte en effet la première nouvelle ? (Je ne vous cite pas son titre, sinon vous devineriez. ;o)) Les tribulations d'une tache de sperme et son étonnement de se découvrir si vivace alors que l'homme qui l'a fait naître repose depuis longtemps dans la tombe.

"Une Réunion Cosmique" nous restitue, de façon allègre et tout à fait iconoclaste, l'explosion d'une naine blanche dans l'espace.

"La Vie Active d'un Phallus Puant" nous prouve, une fois de plus, la relativité qui caractérise toutes choses en ce monde. En effet, pour séduire les mouches qui assureront sa survie, le champignon exhale des effluves répugnants - en tous cas pour nous. Alors que, en parallèle, un homme désireux de concrétiser sur l'herbe avec sa compagne entraîne celle-ci vers la délicieuse odeur des roses, proches voisines du Phallus puant ...

Oui, ce petit livre étonnant est à lire, à relire et à faire lire. Il ouvre l'esprit et l'enrichit tout en souriant à son lecteur. Ca ne vous tente pas ? ... ;o)

"Des Hauts et des Bas" : Une Brièveté Percutante

Christine Notti, dont nous avions déjà pu lire l'excellent "A Quoi Bon ... ?", déjà sélectionné pour le Prix Alexandrie 2007, s'est fait une spécialité de textes qui, pour être courts, n'en laissent pas moins le lecteur sur ... le postérieur. ;o)

"Des Hauts & Des Bas" ne nous offre que deux nouvelles : "Léo et Léa" et "SDF." Mais leur auteur trouve le moyen de jouer avec ici sur des registres tout à fait opposés.

Dans "Léo & Léa", une rencontre d'un soir entre un père et une mère tous deux célibataires va se terminer de la façon la plus heureuse qui soit. Mieux, par un clin d'oeil du Destin : le fils de l'un s'appelle Léo et la fille de l'autre, Léa.

Dans cette nouvelle-là, tout - ou presque - réside dans l'art du dialogue. On croit assister à un match de ping-pong que le lecteur suit en haletant tout en se demandant si tout cela va se terminer comme il se l'imagine ...

La nouvelle "SDF" est beaucoup plus sombre : une femme, Vanessa Stévenin, "Directrice des Ressources Humaines" dans une grande société, croise, dans le métro parisien, un ancien collègue qu'elle avait "exécuté" lors d'un plan de licenciement ...

La vivacité du ton cède ici le pas à une anxiété rampante qui va crescendo avant d'exploser dans une chute qui en étonnera pas mal.

Qu'on ne s'y trompe pas, il faut beaucoup de travail - et pas mal de talent - pour concocter de petits textes aussi incisifs. Lisez donc "Des Hauts & Des Bas" et venez donc nous donner votre avis sur ce blog et aussi sur Alexandrie. ;o)

"Amours de Papier" : Une Ecriture Pointilliste

Pierre-Alain Gasse, c'est bien sûr un style incroyablement fluide, qu'on croirait couler de source si l'on ne devinait, sous les phrases à la fois simples et élégantes, un réel travail de ciselage.

Mais c'est aussi - et ma relecture d'"Amours de Papier", faite pour mieux parler de ce recueil de nouvelles dans mes billets à venir, m'en a convaincue - un remarquable campeur d'atmosphère.

Qu'il s'agisse des paysages de ses nouvelles ou de leurs héros, il nous les peint par petites touches précises, minutieuses, qui, mine de rien, avant même que nous nous en soyons rendus compte, réussissent le miracle de nous restituer une époque et une ambiance disparues.

L'époque : celle de l'enfance et de la jeunesse, ici la torpeur paisible mais coincée des années cinquante, puis l'éclatement des sixties avec les manifs universitaires de mai 68, la merveilleuse folie des années soixante-dix et enfin, les derniers feux, les années Mitterrand.

L'ambiance : pour l'essentiel, celle des petites villes provinciales, avec le passage obligé par la sacristie des enfants de choeur, puis celle des "colos" pour enfants et ados avec leurs règles et leurs quolibets, celle des facs pré-soixante-huitardes, étouffantes et si poussiéreuses qu'elles nous rappellent curieusement les facs actuelles ... ;o)

Nostalgiques, n'hésitez pas : "Amours de Papier", avec sa petite note tendrement sexy, est pour vous. Amateurs de beaux textes, n'hésitez pas non plus : vous aussi, vous y trouverez votre bonheur. ;o)

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