Les Manuscrits Ne Brûlent Pas.

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Alexandrie : Bibliothèque de Woland

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vendredi, mai 16 2008

A Quoi Bon ? - Christine Motti ( II )

Pour l'instant, Christine Motti n'a publié, sur Alexandrie, que des recueils de nouvelles et de poésie. Je n'ai pas lu ce dernier. En revanche, j'ai parcouru ses nouvelles et je ne saurais trop la définir autrement que comme un auteur surprenant.

Elle use en effet d'un ton tout à fait personnel, vif, direct, aussi net dans la description que dans les dialogues, un ton qui va droit à l'essentiel. Ses nouvelles sont courtes, voire très courtes et toutes munies de chutes qui tiennent en général les promesses de la nouvelle.

"A Quoi Bon ?" ne contient que deux nouvelles. Lorsque j'ai terminé la première d'entre elles, "Le Grand Méchant Look", je suis restée sur une impression d'amertume profonde et de destin gâché. Mais sans malaise aucun.

Le destin d'une femme, ce qui, évidemment, me rendait le texte encore plus proche.

Une femme qui, avant tout, est victime du regard des autres, de ce qu'ils veulent voir et trouver en elle jusqu'au jour où, justement, ils finissent par ne plus la voir : c'est parce qu'elle est devenue transparente qu'elle trouve la Mort.

Alors, bien sûr, ce n'est pas vraiment le style de lectures que je recommanderai pour s'endormir et certainement pas pour soigner un début de dépression. Mais outre la justesse du propos lui-même - nous autres, femmes, n'existons en effet que par le regard que l'on porte sur nous : regard sexuel, regard tendre, regard filial, ... - j'ai apprécié l'humour froid, féroce, noir qui pointe là-dedans son nez cynique.

A suivre, amis lecteurs. ;o)

lundi, mai 12 2008

A Quoi Bon ? - Christine Motti ( I )

Je comptais vous entretenir aujourd'hui de l'une au moins des deux nouvelles, assez longues, qui composent cet excellent recueil de Christine Motti qui fut, je le rappelle, retenu à la Sélection du Prix Alexandrie 2007.

Hélas ! Le hideux dieu à deux têtes qui se nomme France-Télécom/Orange a sévi chez moi tout cet après-midi. J'ai passé quatre heures à reconfigurer l'un de mes ordinateurs où n'arrêtait pas de s'afficher une Passerelle Internet SAGEM toute neuve et dont on ne m'avait pas demandé si je voulais bien l'accepter parmi mes connexions-réseau ou pas (si vous savez ce qu'est une passerelle internet SAGEM, surtout, merci d'éclairer ma lanterne : tout ce que je sais sur ladite passerelle, pour l'instant, c'est que c'est profondément ... embêtant !).

Bref, j'ai pris un retard abominable dans la gestion de mon forum - et, fatalement, de ce blog - et je ne vous dis rien de mes autres obligations.

Or, j'ai beaucoup apprécié à l'époque - et je continue à le faire - le recueil "A Quoi Bon ?" et je veux pouvoir vous en parler à tête reposée.

Je vous invite donc, si vous êtes intéressé, à passer voir "Les Manuscrits ..." demain, dans l'après-midi, vers les 17 heures : mon billet sera en ligne.

Je vous remercie pour votre compréhension.

A bientôt ! ;o)

dimanche, mai 11 2008

Amours de Papier ( I ) - Pierre-Alain Gasse

NB : "Amours de Papier" a fait partie de la Sélection pour le Prix Alexandrie 2008.

Bien que ce ne soit pas l'ouvrage de cet auteur que je préfère, je dois admettre que, dans "Amours de Papier", Pierre-Alain Gasse n'a pas hésité à prendre des risques en faisant démarrer ce recueil par la nouvelle au titre, explicite s'il en est, de "P'tit Zizi."

Des risques, oui car le lecteur se doute bien du thème abordé, thème qui, surtout chez les messieurs, déclenche en général une sensibilité que je n'hésiterai pas à qualifier, sans aucune intention d'insister lourdement sur la question, d'épidermique.

Pour le traiter, trois options sont possibles :

1) le lourd et le bien gras. Si l'on a déjà lu PAG, on sait que ce ne sera pas le cas. Mais le lecteur novice, lui, peut le penser et, du coup, zapper non seulement cette nouvelle mais aussi toutes les autres ;

2) le tragique. Avec PAG, c'est possible mais, là encore, il faut avoir déjà goûté de sa prose pour y songer. Simplement, l'option tragique risque là encore de faire fuir le lecteur ;

3) et enfin, la tendresse, saupoudrée d'humour. C'est l'option retenue d'ailleurs par le romancier et, pour peu qu'on ait déjà repéré cette tendance dans les autres recueil de PAG, pour peu aussi qu'on ait lu la préface de celui-ci, on le sait avant même d'avoir commencé sa lecture.

Toutefois, même en adoptant le registre de la tendresse et de l'humour, l'exercice restait délicat. Pierre-Alain Gasse s'en tire bien, plaçant d'emblée son narrateur dans la peau du "méchant" de l'histoire, celui qui, dans les vestiaires du gymnase, donne à Julien son surnom de "P'tit Zizi."

C'est à partir de là que se dévide le parcours de Julien, ponctué d'étapes qui ont nom inquiétude, angoisse et résignation. On le voit fouiller les encyclopédies - dont la Grande encyclopédie Marabout, une référence dans les années soixante - et détailler schémas et définitions avant de souffrir le martyr lorsque son pénis, peut-être désireux de prouver la normalité que lui dénie son possesseur, se met à manifester sa présence au moindre jupon qui passe et à tirer parti des slows qui piétinent dans les booms de l'époque. ...

On imagine sans peine le nombre de chausse-trappes qui guettent l'auteur d'une nouvelle pareille. Avec un naturel surprenant, Gasse évite déjà celle du vocabulaire et adopte un style net que seuls les hypocrites jugeront cru. Son propos n'étant pas de choquer à tous prix, il use aussi de sa nouvelle pour nous restituer une époque révolue, celle des années soixante avant et après mai 68, les silences et les moeurs guindées qui caractérisaient les parents issus des années d'après-guerre et l'exubérance brutale et joyeuse du début des seventies, le tout regardé par le petit bout de la lorgnette, dans une petite ville provinciale qui restera sans nom mais où nous avons tous vécu nous aussi à une certaine époque de notre jeunesse.

Mais le point fort de "P'tit Zizi", c'est le traitement que fait Gasse d'une angoisse masculine qui accable même les mâles les mieux pourvus. Angoisse obsessionnelle - n'ayons pas peur des mots, n'est-ce pas, Mesdames et Mademoiselle ? ;o) - qui, malheureusement, chez certains, débouche sur une sexualité bridée ou refusée. Avec finesse, l'auteur a imposé à son personnage une sorte de passage à vide où Julien refuse de consommer l'acte, par peur, toujours, du regard de la partenaire. Mais comme la nouvelle fonctionne sur le mode humour normal et non noir, on sait que ce ne sera que passager. Ce qui ne nous empêche évidemment pas de nous dire que tous les hommes n'ont pas la chance de s'en tirer à si bon compte que Julien.

En fait, si l'on approfondit l'analyse de "P'tit Zizi", on y lit une critique, mesurée mais sérieuse, de ce sexisme à rebours qui impose à l'homme de se conformer à certaines règles dès lors qu'il entre dans la puberté. S'il s'y refuse, il n'est pas un homme. Point-barre, il n'y a plus rien à dire. Peut-être Gasse n'a-t-il pas suffisamment appuyé sur la souffrance que cela induit mais cela ne correspondait pas, il est vrai, à l'option choisie pour traiter le sujet et nous ne sommes pas dans "J'étais Dora Suarez."

La chute de la nouvelle, gentiment moqueuse, vient peut-être aussi un peu trop abruptement mais ma remarque est subjective. Et c'est le dernier reproche que je me permettrai envers ce texte qui n'est pas le meilleur de son auteur, qui n'est pas non plus le meilleur d'"Amours de Papier" mais qui demeure représentative de la "griffe" PAG. ;o)

samedi, mai 10 2008

Aime le Mot Dit ( I )

Apparemment - et si l'on retire le téléchargement qui me concerne - seuls quatre-vingt-cinq (85) internautes ont partagé mon avis. Depuis janvier, ce nombre n'a pas évolué. De quoi décevoir l'auteur, de quoi me décevoir aussi. Mais je suis têtue : je persévère. Vous devez lire "Aime le Mot Dit" et je vais vous le prouver !

D'abord, c'est un texte court et très aéré. En fait, c'est un recueil de "mots-valises", absolument sans prétention, qui fait, au total, ce qui implique les mentions légales, un peu plus de cinquante pages.

Ensuite, regardez le titre. Quel est le cinéphile qui n'a jamais vu le fabuleux film de Fritz Lang et n'en a conservé un souvenir-choc ? "Justement", me direz-vous, "ce monsieur Labanti doit avoir un goût détestable. C'est de l'humour douteux." Et je vous réponds : "Pas du tout. C'est de l'humour noir, féroce et cela laisse présager beaucoup de bien du livre lui-même. Vous êtes frileux et ringard, j'ai le regret de vous le dire. Et snob, avec ça ! Quand je pense que vous avez couru acheter le pitoyable "Rose bonbon" à sa sortie et que vous me souteniez l'autre jour que la "Lolita" de Nobokov n'a rien de sulfureux, vos soudains scrupules me font bien rire ! ..."

Troisième raison pour lire l'intégrale d'"Aime le Mot Dit" - et pour le recommander autour de vous, j'y compte bien : les mots-valises eux-mêmes. Vu leur nombre, ils sont évidemment inégaux mais le plus souvent, ils touchent juste. Tenez, prenons-en un au hasard :

"Lesbien raisonnable : aphorisme de Christine Boutin."

Ou encore :

"Pistolaid : arme dissuasive par son aspect particulièrement effrayant."

A moins que vous ne préfériez :

"Castrologie : étude des étoiles sous le ciel cubain" et "Fellasioniste : amateur de pipe palestinien."

Il y a aussi :

"Jésus-kyste : tumeur religieuse."

Celui-là, je l'ai ressorti à tous mes amis laïcs, qu'ils fussent athées ou pas. Il a fait un tabac ...

Qu'est-ce que vous dites ? ... J'ai mauvais esprit et je ne respecte rien ? ... Eh ! bien, oui, pourquoi croyez-vous que j'ai pris "Woland" pour pseudonyme ? ... Et puis, comme disait l'irremplaçable Pierre Desproges, on peut rire de tout mais pas avec tout le monde.

Cette opinion, Gaël Labanti semble la partager. A notre époque moutonnière, toute pétrie de lois dites "mémorielles" et de renouveau des intégrismes religieux, c'est un gage de courage et d'intelligence. Rien que pour cela, "Aime le Mot Dit" mérite qu'on le télécharge et qu'on le lise. Faites-le, vous ne le regretterez pas.

Cerise sur le gâteau, vous encouragerez l'auteur à persévérer: je le vois bien écrire un jour un roman humoristique. Pas vous ? Compte tenu de l'état pitoyable de notre humour national, ce serait oeuvre pie, non ? ;o)

Catalogue

Pour rafraîchir un peu votre mémoire, je replace ici la liste des ouvrages constituant cette Bibliothèque alexandrine privée :

1) Aime le Mot Dit - Gaël Labanti - 85 téléchargements ;

2) Amours de Papier (Sélection Prix Alexandrie 2008) - Pierre-Alain Gasse - 67 téléchargements ;

3) A Quoi Bon ? (Sélection Prix Alexandrie 2007) - Christine Motti - 210 téléchargements ;

4) Azote - Amos Guttierrez (cet ouvrage n'est pas encore au catalogue alexandrin) -

5) Ballades Oniriques - Natacha Dufayet - 135 téléchargements ;

6) Camille (Sélection Alexandrie 2006) - Bernard Fauren - 224 téléchargements ;

7) Chroniques de la Vie Banale - Jean-Pierre Guillet - 102 téléchargements ;

8) Classé "x" minuscule - Jean-Pierre Guillet - 598 téléchargements ;

9) Cogito, les Pieds dans l'Eau (Sélection Prix Alexandrie 2008) - Georges-Philippe Rieker - 84 téléchargements ;

10) Crocus - Fabrice Herbert - 56 téléchargements ;

11) Damien - Isabelle Chapuis - 31 téléchargements ;

12) Dernière Pièce, Dernier Acte - Isabelle Charbonneau - 244 téléchargements ;

13) Dieu est une idée - Michel Burlot - 154 téléchargements ;

14) Ecritures Rouges - Thomas Desmond - 158 téléchargements ;

15) Eden 436 - Christophe Van Kerrebroeck - 41 téléchargements ;

16) Embarquement Indirect - Mary J'Dan - 174 téléchargements ;

17) Gnomons (Sélection Prix Alexandrie 2008) - Philippe Mermod - 61 téléchargements ;

18) Impressions Viêtnamiennes - Sylvie Brisset - 24 téléchargements ;

19) Itinéraire Céleste - Valérie Vives - 55 téléchargements ;

20) J'Aime Pas - Frédéric Bonnet - 87 téléchargements ;

21) Jeannot Chez les Nazis - Jean Pasquiers - 36 téléchargements ;

22) Jeux de Maux - Camille Paret - 85 téléchargements ;

23) L'Ame Soeur - Mireille Régnault - 146 téléchargements ;

24) L'Arbre Qui Rêvait d'Avoir Deux Pieds - Christel Desportes - 11 téléchargements ;

25) La Sagesse des Fouch (Sélection Prix Alexandrie 2008) - Jérôme Nodenot - 146 téléchargements ;

26) La Vie Extraordinaire d'Adam Borvis(Sélection Prix Alexandrie 2008) - Jérôme Nodenot - 65 téléchargements ;

27) Laure - La Belle Histoire - Livret I - Pascal Badamie - 1 téléchargement ;

28) Le Cantique des Venaisons - Marcel Nüss -

29) Le Chien Vert - Guy Sembic - 56 téléchargements ;

30) L'Eloquence de l'Arbre - Eric Martin - 91 téléchargements ;

31) Le Premier qui Meurt Réveille l'Autre - François Zabaleta - 161 téléchargements ;

32) Les Charentaises - Muriel Luquet - 92 téléchargements ;

33) Les Enfants de l'Ô (Sélection Prix Alexandrie 2008) - Vanessa du Frat - 197 téléchargements ;

34) Les Habilleurs - Jean Matrot - 208 téléchargements ;

35) Les Observations de l'Aquoiboniste - Philippe Grédisset - 47 téléchargements ;

36) Les Poteaux Roses - Julien Dupont - 87 téléchargements ;

37) Les Temps Périlleux - Raymond Derynck - 105 téléchargements ;

38) Les Voleurs d'Anges (Sélection Alexandrie 2008) - Mary J'Dan - 272 téléchargements ;

39) L'Homme qui Aimait les Chats - Jean-Marc Pagan - 109 téléchargements ;

40) L'Odyssée Talentueuse de David Hoffmann - T. 1 et 2 - Jean-Luc Flines - Respectivement 159 et 114 téléchargements ;

41) Madame Guillotine - Olivier Herbaut - 97 téléchargements ;

42) Magie - Thomas Jacob Matthews - 68 téléchargements ;

43) Même Plus Peur - Quentin Ochem - 102 téléchargements ;

44) Mondes en Réseaux et Amériques - Guy Sembic- 73 téléchargements ;

45) Neuro-Mime - Quentin Ochem - 71 téléchargements ;

46) Noir à l'Ouest - Pierre-Alain Gasse - 207 téléchargements ;

47) Noir, l'Arc en Ciel - Raymond Derynck - 13 téléchargements ;

48) Nouvelles d'Un Peu Partout & d'Ailleurs - Christophe Lapendéry - 93 téléchargements ;

49) paRA DOxa - Mathieu Goux - 40 téléchargements ;

50) Patience - Jean-Christophe Péret - 171 téléchargements ;

51) Personnages Secondaires - Sylvie de Béarn - 112 téléchargements ;

52) Petits Contes Yugcibiens - Guy Sembic - 94 téléchargements ;

53) Presque Rien (Sélection Prix Alexandrie 2008) - Jean-Christophe Heckers - 61 téléchargements ;

54) Prisonniers - Nuax Ov - 27 téléchargements ;

55) Ragnarök (Sélection Prix Alexandrie 2007) - Kasei - 195 téléchargements ;

56) Rosa Rosarum (Sélection Prix Alexandrie 2008)- Mathieu Goux - 72 téléchargements ;

57) Soleil Noir (Sélection Prix Alexandrie 2008) - François-Pierre Dubos - 26 téléchargements ;

58) Soliloques (Sélection Prix Alexandrie 2008) - Pierre-Alain Gasse - 52 téléchargements ;

59) Virtualodrome - Denis Juanola (Zlotzky) - 251 téléchargements.

La Bibliothèque Alexandrine de Woland

Sur Alexandrie, je me suis composé une petite Bibliothèque privée, qui renferme les livres dont je considère qu'ils ne dépareraient abolument pas sur les rayons de la bibliothèque de mon salon mais qui, malheureusement, n'ont pas eu (jusqu'ici en tous cas mais j'espère que ce petit billet et tous ceux que je projette vont faire avancer les choses ! ;o) ) l'heur de plaire au public.

A cette indifférence, il y a plusieurs raisons. Première de toutes, l'ignorance.

En effet, autant l'on aime à fourrager dans les rayons d'une librairie ou d'un bouquiniste, autant on se lasse vite de fouiller des rayons purement virtuels. C'est un tort énorme mais comme on l'ignore avant d'avoir vraiment expérimenté l'édition en ligne, trop de lecteurs passent ainsi à côté de bien des merveilles que, pourtant, ils auraient pris plaisir à savourer chez eux, au coin du feu ou dans leur lit - ou encore, puisque la saison avance, sur la plage, au soleil.

Deuxième raison : le snobisme.

Quel autre nom donner en effet à ce tour d'esprit qui considère que tout manuscrit refusé par les maisons d'édition "papier" est forcément illisible ? Bon, soyons honnêtes : il y en a, c'est vrai, qui ne casseraient pas trois pattes à un canard (inutile, je ne citerai aucun nom et pourtant, si je voulais ... ;o) ) Mais si l'on veut demeurer honnête, le même phénomène se produit aussi dans l'édition classique. Prenez - par exemple - des auteurs comme Camille Laurens ou encore Hugo Boris. Vous les avez lus ? ... Oui ? ... Allons, ne détournez pas les yeux : vous avez été déçus, n'est-ce pas, très déçus ? ... Et pourtant, ces deux auteurs ont bénéficié d'une excellente campagne de presse, M. Boris a même reçu des prix ... Vous voyez donc que, en ce qui concerne non seulement la littérature virtuelle mais toute la littérature, le snobisme ne devrait pas être : ce n'est pas parce qu'on a reçu l'aval du Paris faussement littéraire mais stupidement mondain qu'on EST un écrivain, un VRAI.

Troisième raison : l'indisponibilité.

On ne le dira jamais assez : lire, ça prend du temps. Tous tant que nous sommes, nous avons souvent du mal à en dégager en suffisance pour nous réserver un temps-lecture. Et quand nous le faisons, nous privilégeons - c'est assez naturel - la lecture classique, avec de bons gros livres qu'on a bien en mains et qui fleurent bon le papier - ancien ou tout frais. La lecture virtuelle, qui en est encore à ses balbutiements, doit faire face à deux handicaps : ou on la pratique sur écran, ou on imprime son texte pour mieux l'apprécier. En sus du temps, il faut donc disposer d'une bonne vue ou d'une imprimante. Alors, c'est vrai que, à ce compte-là, le livre-papier est infiniment plus pratique. Evidemment, on pourrait acheter la version "papier" du livre virtuel en se basant sur la quatrième de couverture et les commentaires des lecteurs. Mais alors que l'on achète souvent chat en poche avec des livres ayant, si j'ose m'exprimer ainsi, "pignon sur édition" (cf. ma désastreuse expérience avec "Les Profanateurs" de Michael Collins), on répugne, pour de mystérieuses raisons, à faire pareil avec des textes n'ayant pas reçu l'imprimatur des grandes maisons parisiennes Sur ce plan-là, nous avons tous de grands progrès à faire, de nouvelles habitudes à acquérir mais chaque chose en son temps. ;o)

Aujourd'hui, en guise de prolongement aux commentaires que, en tant que membre de son Comité de lecture, j'ai pu faire sur Alexandrie sur la totalité des ouvrages parus en Bibliothèque, je vous invite à découvrir une sélection plus resserrée qui vous incitera, c'est mon voeu le plus cher, à vous intéresser vraiment aux livres retenus.

Les critères en fonction desquels j'ai retenu les ouvrages que je vais m'appliquer à mettre en valeur sont :

1) le travail effectué sur le manuscrit : je ne parle pas seulement, vous vous en doutez, de l'absence de fautes d'orthographe et de grammaire. Le travail d'un écrivain, c'est avant tout une intrigue qui se tienne, sans clichés, avec des personnages à la psychologie affirmée et cohérente ;

2) l'originalité du propos poursuivi et/ou de la forme ;

3) le style, bien entendu. Je le mets en troisème position car, pour ma part, je privilégie les styles littéraires, voire complexes, et tout le monde ne partage pas mes goûts

4) et le fait qu'ils n'ont pas bénéficié, souvent par un manque de réelle connaissance littéraire de la part du lecteur et/ou par la timidité quasi congénitale de leur auteur, d'une publicité qui leur aurait permis de caracoler au nombre des téléchargements.

J'ai écarté - impitoyablement, je l'admets mais je ne le regrette pas - tous les manuscrits qui me semblaient :

1) incohérents ;

2) sans réelle profondeur et bourrés de clichés ;

3) inachevés, qu'il s'agisse des tenants et des aboutissants de l'intrigue ou encore de la psychologie des personnages ;

4) surfant sur une vague "à la mode" - le plus sûr moyen pour se faire oublier

5) et enfin ceux qui, à mon sens, ont bénéficié d'une publicité suffisante - et parfois exagérée, compte tenu de la qualité de trop d'entre eux.

Voilà, vous savez tout. Vous pouvez maintenant entrer dans ma Bibliothèque alexandrine personnelle. Tous mes voeux vous accompagnent. ;o)