Les Manuscrits Ne Brûlent Pas.

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mercredi, novembre 28 2007

"Rosa Rosarum" ou Le Monde Selon Mathieu Goux

Grand lecteur devant l'Eternel et écrivain tout aussi fiévreux, Mathieu Goux nous donne, avec "Rosa Rosarum", une réflexion sur la lecture, l'écriture et les mots en général, qu'on est tentée de qualifier d'apocalyptique.

Avant de lire ce livre, il faut savoir qu'il vous aspire comme un gigantesque siphon jusqu'aux confins de tous les raisonnements sur l'art des mots. A certains moments, on évoque Borges mais le plus souvent, on se dit qu'on est en présence d'un phénomène tout à fait unique.

Une bonne partie de l'action se situe dans une très vaste bibliothèque qui, peu à peu, prend des couleurs maléfiques. La folie en effet n'est pas loin, des puits sans fonds s'ouvrent sous les pieds de celui qui y erre et les étagères de livres tournent et tourbillonnent, se refermant peu à peu sur un esprit qui se délite ...

Mais se délite-t-il vraiment ? ...

Ce n'est pas une mais trois intrigues qui se confondent ici, toutes trois efficacement reliées par des fils pourtant quasi invisibles. A la différence des "Voleurs d'Anges", la dynamique n'a rien à voir avec le roman populaire mais même en évoquant le genre fantastique, on est encore loin de la nature de cet étrange et remarquable ouvrage.

Je le dis tout net : "Rosa Rosarum" est le roman que je défendrai pour le Prix Alexandrie 2008 du Jury car, de tous les livres en présence cette année, toutes catégories confondues, c'est lui le plus étrange, le plus fascinant quant à ses moyens et à sa fin, le plus original - le plus spécial.

Un livre à lire, certes mais pas sans prendre ses précautions de lecteur. ;o)

"Les Voleurs d'Anges" ou Le Souffle du Roman Populaire

Pourquoi ce sous-titre ? Parce que, du souffle, il en faut pour mener à bien une trilogie qui multiplie les personnages et les connexions d'intrigues.

Déjà, dans un simple roman - et sous réserves que l'on soit un véritable romancier - on a plus d'occasions qu'il n'en faut pour perdre les fils qu'on enchevêtre. Alors, quand l'intrigue s'étend sur trois volumes ...

Les grands auteurs du feuilleton populaire, si cher au coeur des lecteurs du XIXème siècle, savaient que, pour s'atteler à pareille gageure,__ il ne fallait pas redouter la course de fond. Mary J'Dan non plus ne la craint pas.

Et certes pas dans le second volet de sa trilogie où l'on perçoit nettement ce petit "quelque chose en plus" qui fait le Roman mais qu'il est impossible d'analyser.__

Tels des funambules, ses personnages évoluent très haut, se croisent et s'entrecroisent avec grâce, vivant leurs dialogues plus qu'ils ne les disent, s'immergeant sans effort dans l'océan de leurs extraordinaires aventures.

Certains diront que "Les Voleurs d'Anges" est à la limite de l'invraisemblable. Peut-être. Mais le style, lui, ne l'est pas. Pas plus que la réalité psychologique des personnages ou les subtilités de l'intrigue. Et c'est ça qui fait la différence entre un livre forgé de mille détails aussi quotidiens que lassants, sur lequel tout lecteur raisonnable, aussi rôdé qu'il soit, finit par s'endormir, et le livre sans doute plus fantaisiste, tissé d'irréalités et de rêves, mais qui trouve naturellement le chemin du coeur de celui à qui il s'adresse.

Les Lecteurs d'Alexandrie l'ont bien compris, puisqu'ils ont sélectionné "Les Voleurs d'Anges" pour l'édition 2008 du Prix Alexandrie. ;o)

Alexandrie 2008 : Les Questions Qu'on Peut Se Poser

Quand j'évoque le Prix Alexandrie autour de moi, on me répond souvent par un certain nombre de questions. Dans l'ordre, cela nous donne pour l'essentiel à peu près ceci :

1) "Mais il faut être membre pour s'inscrire ... Ca ferait bizarre de s'inscrire rien que pour ça, non ? ... "

2) "Es-tu sûre que le système de vote est efficace ? ... On m'a parlé de "fans-clubs" qui s'abattraient sur ce genre de sites pour faire "mousser" leur candidat, même s'ils n'ont pas lu le livre dont ils parlent."

3) "Faut-il avoir lu tous les ouvrages pour voter ? ... Parce que moi, je n'aurai jamais le temps ... "

4) "Pourquoi n'y a-t-il pas un système de promotion pour tous les auteurs en présence ? ... Le fait que le site ne paraisse pas y avoir songé ne place-t-il pas certains de ces auteurs dans une position fausse ? ..."

Mes réponses sont les suivantes - et j'espère qu'elles vous convaincront également :

1) Eh ! bien, oui, il faut être membre d'Alexandrie pour voter. Qu'y a-t-il d'anormal là-dedans ? Quand on sait le nombre de trolls et de petits farceurs plus ou moins hargneux qui rôdent sur le Net tous azimuths, il fallait bien commencer par cette première barrière.

2) Si vous avez lu un ou plusieurs ouvrages sur Alexandrie en qualité d'"Anonyme", si l'un de ces ouvrages vous a plu particulièrement et qu'il est en lice, en quoi serait-il bizarre de vous inscrire pour lui apporter votre suffrage ? ...

Dans la vie de tous les jours, combien d'entre vous sont inscrits sur les listes électorales et vont voter pour des politiciens plus ou moins contestables uniquement parce qu'ils sont en accord non avec le programme de l'individu, pas même avec plus de deux points dudit programme mais uniquement par une bête réaction du style : "Dans ma famille, on vote toujours à gauchadroite ? ..."

Restons cohérents.

3) La question des fans-clubs est le plus grand tourment des organisateurs de prix virtuels - dont le nôtre. Mais un système de filtrage des votes très poussé a été mis en place cette année et nous le reprendrons l'an prochain - en le peaufinant peut-être - puisqu'il semble faire ses preuves.

N'oubliez pas qu'Alexandrie est un site pionnier et que, bien que défrichant avantageusement le paysage de l'édition en ligne, il lui arrive bien évidemment de trébucher de temps à autre. Le Prix Alexandrie est encore un tout jeune bébé, soumis chaque année à de nouveaux virus. Nous avions prévu certains de ces virus - comme on peut prévoir celui de la grippe. Mais il arrive qu'un virus parfaitement inconnu fasse son apparition. Il nous faut alors parer au plus pressé ... Mais n'est-ce pas petit à petit que l'oiseau fait son nid ? ...

Plus vous serez nombreux pendant l'année à télécharger des ouvrages, à les lire, à les évaluer - sans vous préoccuper de savoir s'ils participeront au Prix - et enfin à venir voter pour votre préféré si celui-ci se trouve parmi les sélectionnés, plus vite les fans-clubs et les "virus" qui guettent les prix virtuels seront maintenus en respect. ;o)

De plus, cette année, garantie supplémentaire contre les corbeaux des fans-clubs, le vote de chacun sera indexé en fonction du nombre d'évaluations faites dans l'année.

4) Non, vous n'avez pas besoin d'avoir lu tous les ouvrages présentés. Tout ce que nous vous demandons, c'est d'avoir lu celui pour lequel vous entendez voter et de justifier votre vote autrement que par un "J'adore !"Attention ! Vous ne pouvez pas voter si vous n'avez lu que l'extrait présenté !

5) Les auteurs en ligne sont censés assurer leur promotion eux-mêmes. Nous constatons cependant que cette promotion est faite de manière très inégale, soit que les auteurs doutent de leurs chances, soit qu'ils ne possèdent pas suffisamment d'audace ou de relais.

Il est exact que cela peut jouer en la défaveur de certains.

Nous tentons donc de mettre sur pied un système de "promotion alexandrine améliorée" qui sera désormais systématiquement appliqué chaque année.

Merci de nous aider de votre côté en faisant de la pub pour l'auteur ou les auteurs que vous avez aimés et pour lesquels vous avez voté.

L'édition en ligne n'en est qu'à ses premiers balbutiements : aidez-nous à l'amener au moins jusqu'à sa majorité. ;o)

Alexandrie 2008 : Vos Commentaires Nous Intéressent.

Hier au soir, en passant jeter un dernier coup d'oeil sur ce blog, j'ai eu le plaisir de constater que trois d'entre vous, chers Lecteurs, s'étaient exprimés au sujet de certains des ouvrages actuellement en lice pour le Prix Alexandrie 2008 et que j'avais évoqués dans la journée.

Je tiens évidemment à remercier ces trois internautes, Aelita, Encyclop et TNT, non seulement pour leurs commentaires mais aussi parce qu'ils me permettent d'aborder un sujet sur lequel je songeais à faire assez vite un billet.

Tout au long des jours à venir, n'hésitez pas à déposer ici vos commentaires, y compris sur des livres qui, a priori, vous ont déplu. Vous en avez le droit pourvu que votre critique soit constructive : c'est-à-dire qu'elle ne soit pas du style : "J'ai détesté X*** mais j'ai adoré, par contre, le bouquin de Z*** ! X*** est nul et Z*** est génial !" et que vous argumentiez un minimum !

Les commentaires enregistrés aujourd'hui serviront tout d'abord à faire connaître un peu plus et le Prix 2008, et ceux qui ont été sélectionnés pour y participer. Car on aura beau dire mais faire partie de la Sélection, c'est déjà sortir de l'ordinaire.

Et puis, quelle mine précieuse ils constitueront, pour moi notamment, lorsque nous nous attaquerons à la promotion du Prix Alexandrie 2009 ! En ce sens, votre aide sera inestimable.

Je compte sur vous ! Merci et à très bientôt ! ;o)

Pour Répondre à TNT Sur La Fin de "La Sagesse des Fouch"

Merci tout d'abord pour votre commentaire, TNT. Le fil relatif à la discussion sur "La Sagesse des Fouch", sur le forum "Bibiliothèque" d'Alexandrie, se trouve ici.

Relativement à votre question sur la fin du roman, je puis d'ores et déjà vous citer ce que nous en disait Jérôme Nodenot lui-même :

"C'est normal, (cette fin), je l'ai délibérément souhaitée énigmatique ! A chacun de se faire sa propre opinion !

En revanche, c'est l'occasion pour moi de révéler à ce sujet un petit secret de fabrication : "La sagesse des Fouch" est un roman assez court, et limité dans le temps (j'imagine deux ou trois mois) ; c'est un peu l'histoire de la prise de conscience d'Antoine au contact des Fouch, ce qui rapproche mon texte de la nouvelle. Dès le départ, pourtant, je savais que je voulais faire mourir mon héros (même symboliquement) ; j'ai donc eu l'idée de ce rêve que je suis sensé avoir fait en tant qu'auteur-narrateur (puisque je suis aussi l'un des personnages du roman), qui résume un peu ma façon personnelle de ressentir les Fouch tout en donnant me semble-t-il une profondeur temporelle à l'ensemble (comme si mon livre de 120 pages avait raconté finalement toute la vie d'un homme). Mon premier intérêt était donc d'ordre narratif, spatio-temporel.

Dans mon rêve, il fallait que Fouch reste fidèle à lui-même, dans sa propension à jouer des tours au système, dans son anti-conformisme et son espièglerie. Ici, la victime en sera le présentateur du journal de 20 heures ! Je souhaitais également que la tension sexuelle du livre transparaisse, d'où "mon" aventure d'un soir avec l'une des membres de la secte.

Il y a tout de même un sens facilement repérable dans ce rêve : la secte dont Fouch est le gourou a la particularité d'être ironique, c'est-à-dire qu'elle ne croit pas en ses préceptes et ne les applique que pour montrer au monde ce qu'il est, avec tous ses défauts ; en particulier la mondialisation et l'uniformisation des cultures qui va avec. (...)

Dernier petit secret concernant ce rêve final : j'ai tenté, au niveau du style, de parodier la manière de Jorge Luis Borges, l'un de mes écrivains préférés ; en essayant de faire en sorte que ça me ressemble aussi bien sûr."

J'espère, mon cher TNT, que cela vous éclairera un peu. ;o)

mardi, novembre 27 2007

"Les Enfants de l'Ô : Lambda - T. I" ou Une Extraordinaire Maîtrise

Même si je risque de me faire écharper, j'ose le dire : beaucoup de romans que l'on trouve en ligne (et même sous le label de très grandes maisons d'édition classiques), s'ils ne manquent pas d'intérêt, se trouvent desservis par une absence absolue de maîtrise de l'intrigue et des personnages.

Certes, tout écrivain le sait, il arrive un moment (et c'est parfois très tôt dans la conception ou la rédaction d'un livre) où les personnages, en principe seuls fruits de notre imagination, se font en quelque sorte la belle et décident de se glisser aux commandes du récit dont ils sont les héros. Ce faisant, ils agissent comme les enfants de notre esprit qu'ils sont, effectivement, et que, en parents tout à la fois indulgents et fermes, nous nous devons de laisser se responsabiliser tout en conservant un droit de veto sur leurs agissements.

Parfois, tout dérape et l'un ou l'autre des personnages se transforme en tyran, menant ainsi l'ouvrage et son propre destin à une bien triste fin dans les oubliettes de la mémoire du Lecteur.

Mais avec "Les Enfants de l'Ô", Vanessa du Frat, en dépit de sa jeunesse qui aurait pu constituer un handicap, gagne le pari de réunir en parfaite harmonie les intérêts de l'auteur et la vie dont, peu à peu, se mettent à palpiter ses personnages de papier. Une telle maîtrise chez un jeune auteur et dans un genre telle que la Science-Fiction est rarissime et c'est un plaisir pour moi que de la souligner aujourd'hui dans ce billet.

Le Lecteur n'en éprouvera que plus de joie à se plonger dans la lecture de ce roman intriguant qui, bien que reprenant quelques thèmes habituels du genre (comme la boucle du Temps par exemple et le scientifique malfaisant), n'en parvient pas moins à faire preuve d'originalité. ;o)

La Sagesse des Fouch ou Le Triomphe de l'Anti-Conformisme

Avec "La Sagesse des Fouch", certainement le roman le plus jubilatoire de la cuvée alexandrine 2008, Jérôme Nodenot soumet à son lecteur le problème suivant :

La société dans laquelle nous vivons, consumériste et "politiquement correcte" à outrance, est loin d'être un modèle idéal. Peut-on y survivre - et dans de très confortables conditions - si l'on choisit non pas l'anarchie - laquelle implique toujours une certaine idée de violence - mais un anti-conformisme malin et résolu, qui n'est pas loin d'évoquer l'esprit de révolte du Siècle des Lumières ? ...

Tel est le combat de M. et Mme Fouch, les deux héros de ce conte acéré, cruel peut-être, mais où l'humour fait bon ménage avec le cynisme. La prouesse de l'auteur, ici - car il y a prouesse, lisez "La Sagesse ..." et vous en conviendrez avec moi - réside dans le fait que, sous une intrigue et avec des personnages qui semblent vraiment badiner, se pose une question cruciale et même existentielle : le rapport de l'individu moderne avec la société qu'il a créée - ou laisser se créer.

Et il y a encore une foule de choses à faire émerger de l'étude de ce passionnant roman. Cela sera l'objet de plusieurs autres billets que je me réjouis de rédiger dans les jours qui viennent. Surtout, n'hésitez pas vous-mêmes à commenter celui-ci !;o)

"L'Etoile des Chiens" ou Les Prémices

C'est cette année que Jean-Christophe Heckers a débarqué sur la planète Alexandrie où il est devenu très vite l'un des auteurs les plus téléchargés.

Il oeuvre pourtant dans des genres en général appréciés des seuls aficionados : la poésie (Cf. l'excellent "Eclipse etc ..." dont je reparlerai) et la Science-Fiction. L'intrigue de "L'Etoile ..." est d'ailleurs une intrigue SF.

Seulement voilà, Jean-Christophe Heckers est de ces écrivains qui se posent beaucoup de questions en-dehors des limites du genre qu'ils préfèrent ou qu'ils se sont imposés. Chez cet auteur, vous trouverez par exemple très souvent une réflexion aiguë sur l'identité sexuelle, l'homosexualité et la bisexualité. (Bon, si ça vous choque encore, en 2007, vous pouvez passer votre chemin : je ne vous retiendrai pas ... ;o))

Cette réflexion est d'ailleurs présente dans "L'Etoile des Chiens" mais elle est, en quelque sorte, poussée à son paroxysme en ce sens qu'elle finit par concerner tout simplement l'identité tout court de l'individu.

Si je parle de "Prémices", c'est parce que "L'Etoile ..." vient chronologiquement avant "Vous Autres" - dont nous reparlerons aussi, ne vous inquiétez pas, après le Prix Alexandrie - et que s'y trouvent à l'état de promesses toutes les qualités qui révèlent une authentique nature d'écrivain : recherche d'un style personnel, intérêt pour des intrigues sous lesquelles se dissimulent des interrogations universelles, bataille avec les personnages pour leur donner corps, puissance et originalité, agacement envers les clichés d'un genre, etc ...

Bref, "L'Etoile des Chiens" est l'ouvrage qui promet ce que tiendront "Vous Autres" et "Presque Rien." ;o)

"Hamanotha" ou la Fascination du Spirituel

Ce premier roman de Patrick Bouchet, mieux connu sur les forums d'Alexandrie sous son pseudo d'EXXo, participe de cet élan vers le Spirituel qui a marqué la fin du siècle passé et persiste à vouloir graver son empreinte en cette première décennie du XXIème siècle.

Dans "Hamanotha",un certain nombre d'ingrédients pour attirer et retenir le lecteur se trouvent au rendez-vous :

1) le drame qui accable le narrateur dès les premières pages et qui, par sa violence, va lui permettre de s'élever d'un nouveau palier dans sa vie intérieure ;

2) le désir profond et sincère de revenir aux sources de l'Etre en se retirant en soi-même auprès d'une présence amicale et attentive ;

3) les livres et textes énigmatiques renvoyant à l'essence de notre univers, tant physique que spirituel.

"Hamanotha" est donc un mélange de drame et de quête initiatique, rédigé sans prétention et avec beaucoup de sincérité, qui ne saurait manquer de trouver son public. ;o)

Du Nouveau dans le Prix Alexandrie 2008

Est-ce en raison de la qualité exceptionnelle de nombre de textes retenus pour la Sélection du Prix Alexandrie 2008 ?

Ou bien parce que, grâce à différents relais sur les sites et les forums du Web mais aussi, grâce à vous, Lectrices et Lecteurs de plus en plus intéressés par l'Edition en ligne et les ouvertures qu'elle ménage, la visibilité du Prix Alexandrie, premier prix littéraire historique du Web - en tous cas pour la France - rayonne un peu plus à chaque jour qui passe ?

Toujours est-il que, après en avoir débattu entre eux, les membres du Comité de Lecture à qui leurs horaires personnels permettent de tenir régulièrement à jour les blogs ouverts sur la plate-forme be.book, ont pris une décision qui, nous l'espérons, réjouira nos auteurs mais aussi notre lectorat et tous ceux qui, de près comme de loin, s'intéressent au Prix Alexandrie 2008.

A compter d'aujourd'hui, 27 novembre 2007 et jusqu'au 15 décembre, date de clôture du vote, nos blogs se consacreront exclusivement à la mise en valeur des trois Prix décernés (Roman - Nouvelles - Mixte) et à la promotion impartiale de tous les ouvrages actuellement en lice.

Nous effectuerons une relecture des ouvrages présentés, nous mettrons en valeur les personnages et/ou les événements qui nous ont particulièrement attachés à tel ou tel volume, nous tenterons d'analyser les styles, tous si différents ... Bref, nous donnerons aux ambitions d'Alexandrie et de ses auteurs un nouveau moyen de s'exprimer.

Par conséquent, n'omettez pas de venir nous lire et, éventuellement, de poster vos commentaires ! Vous participerez ainsi non seulement à l'aventure du Prix Alexandrie 2008 mais aussi - et c'est tout aussi important - à celle qui nous attend l'an prochain et dans les années à venir !

Qu'on se le dise ! ;o)

Nota Bene :

En ce qui me concerne - mais j'ignore si cela sera le cas pour tous les membres du Comité de Lecture - j'ai choisi de suivre l'ordre alphabétique dans l'élaboration de mes billets. En ce qui concerne les genres évoqués, je respecterai l'ordre dans lequel il se présente sur la page de vote. ;o)

mercredi, novembre 21 2007

Sur Elisabeth d'Orléans, Duchesse de Guise - ( III )

Fort mal traitée par la Grande Mademoiselle, fille du premier mariage de son père :

et fort peu considérée par son père comme par son oncle, Louis XIV, Elisabeth d'Orléans subit l'influence de Marie de Lorraine, dite Melle de Guise et petite-fille du fameux Henri de Guise qui avait tant fait souffrir les Valois en créant la Ligue.

       

Marie de Lorraine, dite Melle de Guise, à gauche - Face à elle, son père, Charles Ier de Lorraine, quatrième duc de Guise.

Et ce fut par Melle de Guise que, peu à peu, Melle d'Alançon se fit à l'idée d'épouser le neveu de sa bienfaitrice, Louis-Joseph. Un grand problème se posait cependant : la différence de statut entre une petite-fille de France et un prince lorrain.

Nous verrons plus loin comment Melle de Guise régla la difficulté. ;o)

Sur Elisabeth d'Orléans, Duchesse de Guise - ( II)

      Elisabeth d'Orléans, née duchesse d'Alençon et devenue duchesse de Guise par son mariage.

Sur cette toile, le peintre a su éviter de montrer les disgrâces physiques dont elle était malheureusement affligée.

Elle était la troisième des cinq enfants que Gaston de France, "Monsieur", duc d'Orléans et frère de Louis XIII :

                

eut de son deuxième (et dernier) mariage avec Marguerite de Lorraine, ici peinte par Van Dyck :

Mon Amour - Georges Réveillac

Le Thème :

Aussi loin que remontent mes souvenirs, j'ai toujours vu les belles créatures de l'autre sexe, adolescentes, jeunes filles ou femmes, comme des fées. Oui, "fées" est le mot qui approche au plus près ma vision des beautés féminines. En d'autres temps je les aurais , sans hésiter, qualifiées de "divines". A notre époque, je n'ose plus croire que la beauté soit d'essence divine. Et pourtant ?

Avant tout, je tiens à dire que je suis très étonnée de voir cet ouvrage classé dans la rubrique "Roman sentimental." Car enfin, même si l'auteur y évoque certainement son propre parcours et le couple qu'il a formé avec son épouse, etc ..., il évoque surtout ses idées personnelles sur l'univers et les différentes sociétés qui peuplent notre planète.

Le style est agréable et correct mais je me pose des questions quant à la construction. J'entends par là que je ne sais vraiment pas si le mélange parcours affectif et professionnel personnel/théories diverses sur l'Homme, la Femme, etc ... est si fonctionnel que ça. Quelqu'un qui a l'habitude de la lecture et qui possède une certaine culture franchira le cap sans dommage. Mais les autres ? ... Ceux qui pensent certainement, au vu de ce titre : "Mon Amour" et de la jaquette qui l'accompagne, qu'ils vont tomber sur, effectivement, un roman sentimental ? ... D'autant que cette "Môhhman", jusque dans son nom, peut évoquer tout bêtement ... la belle-mère qui vient torpiller le ménage idéal. Je crains donc que beaucoup ne sortent de là plutôt déçus et très étonnés.

Les questions que se pose l'auteur et ses théories restent cependant intéressantes. Je suis loin de partager toutes ses conclusions : j'estime notamment que, si les parents et le milieu culturel ont de fait une forte influence sur les enfants et leurs apprentissages scolaires, cela ne diminue en rien celle de l'Education nationale qui, depuis 1968 et avec la mise en place du collège unique sous Giscard (pour ne rien dire de cette "mixité sociale" qui est imposée à certains mais pas aux fils d'une certaine élite bourgeoise), a fait beaucoup plus de mal que de bien.

En outre, je n'ai pas bien saisi le point de vue de l'auteur sur le fait suivant : il est exact que certains enfants (maltraités ou nés dans un milieu hostile à l'intelligence et à l'éducation) font tout pour s'en sortir et y parviennent. Ils le doivent à leur intelligence et à leur amour de l'étude ainsi qu'à leur soif de connaissance. Mais justement, d'où vient cette boulimie de savoir ? Est-elle innée - ce que semble penser Georges Réveillac - ou n'est-elle qu'une conséquence de ce que ces enfants voient autour d'eux ? En principe, les parents restent LA référence de l'enfant ... mais pour certains d'entre eux, ils constituent aussi LA contre-référence par excellence. Ce qui fait que, tout comme on peut devenir délinquant parce qu'on en a assez de ses parents ou de la société, on peut aussi vouloir apprendre et devenir réellement quelqu'un parce que ses parents étaient des imbéciles, des fanatiques religieux, de pauvres minables complètement déjantés (et parfois les trois à la fois.)

Quoi qu'il en soit, l'auteur a au moins eu le mérite non seulement de s'interroger mais aussi d'essayer de sortir de tout cela un système qui tienne la route. Et sans ce mélange fiction autobiographique/essai théorique que j'ai trouvé un peu accablant en l'espèce, j'aurai rehaussé ma note. ;o)

lundi, novembre 19 2007

Transfiguration du Champ de Confinement Personnel - Paul Gaïa du Hautier

bLe Thème :/b

Le personnage principal se sent absorbé en confinement solitaire, malgré son travail de portraitiste. Il ne peut éviter de voir sa propre image renvoyée en reflet par les portraits. Engourdi par son incapacité à vivre sa vie, il se laisse aller à imaginer quatre de ces reflets les plus saisissants et représentant chacun un aspect de lui-même, partir affronter l'existence à sa place. Il se transpose en narrateur idéal de leurs tribulations, distancié à des années lumière dans un cadre où il se verrait réalisé à son maximum.

Il m'en coûte toujours de le dire même si la chose m'arrive rarement : mais je n'ai pas "accroché" du tout.

Certes, la "dépression" générale de l'auteur et de ses reflets, leurs angoisses, sont très bien reproduites (avec l'oeil d'un peintre cepenant plus que d'un écrivain) mais le récit manque pour moi de structures solides : il virevolte trop, se perd dans des méandres où on se lasse de le suivre, les personnages - parce qu'ils sont des reflets ? - manquent d'authenticité, la quête spirituelle est tissée de bric et de broc et l'action - qui aurait pu à la limite sauver le tout ou, à tout le moins, le rendre supportable - est quasi inexistante.

Le style est certes recherché - et d'habitude, j'apprécie - mais ici, il y a, trop souvent, un excès dans la recherche qui bascule non seulement dans le précieux (voire le pédant) mais aussi dans l'incompréhensible.

Enfin, ceci demeure une opinion personnelle et je pense que tout le monde ne pensera pas comme moi. Cependant, mon commentaire aidera peut-être ceux qui partagent cet avis à s'exprimer également. ;o)

Textes A Jouer - Jean-Pierre Prudent

Le Thème :

D'un coté des textes, de l’autre une musique… Non, ils ne sont pas de part et d’autre, ils sont intimement liés. Car il ne s’agit pas ici d’une musique d’ambiance mais à la fois du décor et du énième personnage de cette histoire. Sur scène, elle se révèle un partenaire à part entière, avec ses répliques, au même titre que les acteurs, ce qui déroute éperdument lorsque finit le travail dramaturgique traditionnel de saucissonnage du texte en tranches intello– intelligibles.

Voici un ouvrage très curieux et d'autant plus difficile à évaluer. Je n'irai donc pas jusqu'à prétendre que ma note - 7 - ne veut rien dire mais c'est bien la première note strictement "symbolique" que je place sur Alexandrie. ;o)

"Textes à jouer" est essentiellement un recueil de poèmes même si l'on y trouve aussi un petit nombre de textes en prose. Tous sont destinés à être joués sur une scène, avec accompagnement musical. Le thème qui y domine est notre rapport au monde, pas seulement à notre petit monde quotidien et d'un point de vue strictement intérieur, mais à l'univers qui s'étend tout autour de nous et aux événements qui l'assombrissent ou l'égaient.

Certaines strophes m'ont paru très maladroites, d'autres superbes. Mais ces textes devant être "parlés", la maladresse est peut-être voulue : je ne suis pas parvenue à trancher. En tous cas, en dépit de ses inégalités - inévitables - l'ensemble est vraiment original et complètement atypique. Je serais en tous les cas curieuse de savoir si l'auteur a trouvé à mettre tout cela en scène. :polichap:

dimanche, novembre 18 2007

Sur Elisabeth d'Orléans, Duchesse de Guise - ( I )

En 1696, meurt aussi Elisabeth d'Orléans, duchesse d'Alençon, duchesse de Guise et demi-soeur de la Grande Mademoiselle. Fidèle à ses principes, Saint-Simon nous la restitue d'abord au sein de sa famille :

"... ... Bossue et contrefaite à l'excès, elle avait mieux aimé épouser le dernier duc de Guise, en mai 1667, que de ne se point marier. Monsieur, son père, frère de Louis XIII, était mort en 1660. Madame (Marguerite de Lorraine), sa mère, qui était soeur de Charles IV, duc de Lorraine, et que Monsieur avait clandestinement épousée à Nancy en 1632, dont Louis XIII voulut si longtemps faire casser le mariage, et qui ne put venir en France qu'après sa mort, était morte en 1662. Mme de Savoie, soeur du même lit et cadette de Mme de Guise, était morte sans enfants en 1664, et son autre soeur du même lit, et l'aînée, était revenue dans un couvent de France, sans aucune considération, après avoir quitté ses enfants et son mari, le grand-duc de Toscane, qui ne put jamais l'apprivoiser. ... ..."

GV comme Guerre du Viêt-nam.

... ... La guerre est une chose normale. Sans cela, nous cesserions de la faire aussi souvent. Le problème avec la guerre, c'est que les hommes qui combattent sont en général muets. Même s'ils finissent par trouver leur voix, personne ne les écoute. Personne ne peut se permettre de les écouter. Lorsque la guerre est finie, les hommes qui ont survécu endossent des vêtements civils et se fondent dans la foule. De temps en temps, l'un d'eux campe près d'une autoroute avec un fusil, ou bien jette sa petite amie du haut du septième étage, ou alors se retranche et meurt à l'issue d'une fusillade avec la police. Les journaux rapportent cet événement. Les gens secouent la tête et disent : "Ah ! la, là !" et "Bon Dieu !"Ils sont surpris mais ce qui est vraiment surprenant, ce n'est pas que quelques uns agissent ainsi mais que des milliers n'en fassent rien.

Une guerre produit des cadavres mais elle ne les enterre pas. Du moins ne les enfouit-elle pas profondément. Je soupçonnais les cadavres de North de lui rendre visite, car nous traînions toute une suite d'esprit dans notre sillage. Ils ressemblent à la ficelle d'un énorme cerf-volant. Si vous les traitez avec respect, ils se contentent de murmurer de temps en temps, et votre sillage devient vague et ténu. Traitez-les mal - comme North était peut-être en train de les découvrir - et les esprits cessent d'être de brume pour devenir la fumée noire du napalm. ... ...

A Cause des Ténèbres in Treize Histoires Diaboliques - Jack Cady - Albin Michel.

Le Forum Bibliothèque sur Alexandrie.

C'est dans le forum intitulé "La Bibliothèque" que sont rangés, sur Alexandrie, les fils ouverts sur les ouvrages proposés en téléchargement libre.

Actuellement, nous sommes en train d'en créer un certain nombre et de faire remonter quelques autres. Parmi eux, beaucoup d'ouvrages proposés au vote des internautes pour le Prix Alexandrie 2008.

N'hésitez donc pas à venir y faire un tour, à y flâner un peu, à fouiller, à dénicher ... ainsi que vous le faites certainement dans vos médiatèques et bibliothèques attitrées.

Et n'hésitez pas à vous joindre à nous pour nous faire part de vos évaluations personnelles. Contrairement à ce qu'il se passe dans le monde habituel, la bibliothèque virtuelle vit surtout quand on y discute ! Et c'est ici ! ;o)

Les Orchidées Rouges de Shanghaï - Juliette Morillot

Les Orchidées Rouges de Shanghaï

Après avoir acheté ce livre, j'ai cru que je m'étais fait avoir, qu'il ne s'agissait que d'une banale histoire romancée, une de plus, sur l'Asie. Et puis, dans un période de "vaches maigres" livresques, je me suis vraiment penchée sur lui, j'ai commencé à le lire ... et je n'ai plus lâché.

Le style en est simple, sans apprêts. On ne peut dire de lui qu'il soit exclusivement littéraire ou journalistique. Il ressemble à un mélange réussi des deux.

L'intrigue se base sur le destin de Mun halmoni, une vieille Coréenne que Juliette Morillot rencontra à Séoul en 1995 et qui lui raconta sa triste histoire de "femme de réconfort" pour les troupes japonaises pendant la Seconde guerre mondiale. Bien entendu, pour les besoins de la cause, Morillot a un peu arrangé les rebondissements, par-ci, par-là mais le fond demeure authentique et l'on ne peut qu'être épouvanté par ce qu'on découvre là.

En 1937, la jeune Sangmi (nom japonais : Kawamoto Naomi), quatorze ans, est sujette d'Hiro-Hito puisque son pays, la Corée, a été conquis il y a déjà quelque temps par l'Empire du Soleil Levant. C'est une brillante élève dont l'intelligence comble de joie et de fierté son instituteur japonais, l'honorable M. Nagata. Et quand l'administration militaire japonaise commence ses opérations de recrutement pour l'effort de guerre, elle a beaucoup de peine à décliner une invitation à rejoindre le service du Japon.

Mais alors qu'elle revient chez elle après sa journée de classe, elle est enlevée par les militaires, dirigée par un homme qui, tout au long du roman, sera son mauvais génie, à la fois éperdument amoureux d'elle et la haïssant en même temps pour la puissance du sentiment qu'elle lui inspire et la fierté qu'elle refuse d'abandonner : Fujiwara.

Après une soirée donnée en l'honneur d'officiers japonais et pendant lesquelles les jeunes filles enlevées en même temps que Sangmi servent à l'"amusement" de leurs hôtes, après avoir été elle-même violée par un Fujiwara qui ne veut plus la lâcher, Sangmi commence sa triste vie de chosen pi (traduction littérale : "vagin coréen"), nom donné à toutes les femmes coréennes qui furent contraintes de se prostituer pour "détendre" les troupes d'occupation japonaise pendant la Seconde guerre mondiale.

Mais le pire n'est peut-être pas là - aussi brutales, aussi horribles que puissent être ces "passes" qui tiennent de l'abattage. Poursuivie par la haine de Fujiwara, Sangmi sera même déportée dans un camp de concentration japonais et soumise à des expériences médicales qui auraient réjoui le sinistre Dr Mangele.

Et pourtant, Sangmi survivra. Elle parviendra même, après la fin du conflit, à recouvrer un semblant de vie "normale" même si, vous vous en doutez, il lui sera désormais impossible de faire l'amour avec un homme, celui-ci fût-il - comme son mari, juif allemand - le plus tendre possible.

Sous ses dehors romancés, "Les Orchidées rouges de Shanghaï" soulèvent deux grands débats :

1) la tolérance inouïe, le "pardon" accordé par les vainqueurs aux autorités japonaises alors que celles-ci avaient agi envers leurs prisonniers de guerre avec autant de cruauté que les Nazis l'avaient fait envers les leurs. Ce qui explique en partie pourquoi, aujourd'hui, au Japon, le silence est toujours maintenu sur cette page atroce de l'Histoire du pays. De vagues excuses, c'est ce qui a été accordé aux survivantes - et encore, prononcées du bout des lèvres.

La chose est d'autant plus révoltante que ces femmes, désormais "souillées", ont été rejetées, dans la majeure partie des cas, par leurs propres familles.

2) et bien entendu le statut de la Femme lorsque la Guerre survient.

Ce livre a en outre le mérite d'inciter à en savoir un peu plus sur l'occupation japonaise dans les pays asiatiques. Car je ne sais si vous l'avez remarqué, ;o) , si les librairies regorgent d'ouvrages sur les exactions des Nazis en Europe, les livres traitant des méfaits des militaires nippons sont beaucoup, beaucoup plus rares.

Une lacune à combler d'urgence. J'espère que "Les Orchidées rouges de Shanghaï" pourra commencer à vous y aider. ;o)

vendredi, novembre 16 2007

La Délégation Norvégienne - Hugo Boris.

Bon, alors, ce sera franc et massif : je suis très déçue. Ce livre, dont la quatrième de couverture est extrêmement alléchante et d'autant plus mensongère, est une catastrophe.

Ce petit passage de la quatrième, notamment :

Un style vif et moderne, des personnages énigmatiques et ambivalents, "La Délégation norvégienne" est un roman fantastique au climat lourd et oppressant. Une mise en abyme vertigineuse !

est l'un des plus grossiers mensonges qu'il m'a été donné de lire.

"Un style vif et moderne" ? ... Tout d'abord, le narrateur n'y emploie que le présent, son vocabulaire est extrêmement plat, ses phrases plus journalistiques qu'autre chose. C'est peut-être "moderne", effectivement mais vif, certes pas.

"Des personnages énigmatiques et ambivalents" ? ... Non, des silhouettes, comme sur les affiches, plates, plates, si plates qu'elles s'évanouissent avant même qu'on ait fini le livre. N'ayant aucun passé expliqué ni aucune profondeur psychologique, elles auraient d'autre part beaucoup de difficultés à manifester la moindre ambivalence ! La seule chose qui les intéresse, c'est abattre du gibier. C'est tout. L'auteur a pris des caricatures extrêmement simplifiées, il les a jetées sur le papier et hop ! en avant, marche ! ... Elles ne marchent pas, les pauvres : elles piétinent. On devrait leur donner le coup de grâce dès le premier repas qu'elles prennent ensemble : ce serait faire oeuvre pie, croyez-moi. ;o)

"Une mise en abîme vertigineuse ?" ... La mise en abîme de quoi ? par qui ? Il n'y a rien ni personne dans ce livre sauf la neige, omniprésente mais sans originalité. Elle est froide, glaciale, blanche, épaisse, traîtresse, elle gèle les tuyaux, les orteils, tout ce qui lui tombe sous le flocon, bref, rien de nouveau sous le rare soleil polaire. Ce que Hugo Boris dit d'elle, vous le trouverez dans tous les dictionnaires et dans tous les petits romans à deux sous. Rien à voir avec Peter Hoeg, par exemple, quand il l'évoque ...

Non, il n'y a rien dans ce livre : aucun style, aucun personnage digne de ce nom, encore moins d'intrigue et surtout ni mystère, ni meurtrier bien que, effectivement, un homme y soit assassiné et que les chiens tremblent tous quand ils regardent la forêt sombre (quelle originalité ! n'en jetez plus, la cour est pleine !)

Si vous voulez mon avis, le seul éclair de génie d'Hugo Boris (enfin, lui, il a imaginé que c'était un coup de génie), c'est d'avoir mélangé une nouvelle très célèbre de Robert Bloch (où le narrateur achète un livre qui écrit sa propre vie jusqu'à ce que ...) aux fameux "Dix Petits Nègres" d'Agatha Christie. Il a secoué le tout et il en a barbouillé ses pages, en s'imaginant que cela suffirait à reproduire l'imagination et l'originalité de ces deux auteurs. Comme touche finale, il a aboli la frontière entre mystère policier et histoire fantastique : sans doute ignore-t-il que d'autres l'ont fait bien avant lui avec grand talent, voire avec génie.

Et puis, il a dû s'auto-congratuler. Quant à savoir comment il s'est fait éditer, ma foi, c'est peut-être un proche de Philippe Sollers ou de Josyane Savigneau ... ;o)

Mais aucune quatrième de couverture dithyrambique ne suffit à faire un bon livre. Celle qu'on lui a fournie ne permet donc en aucun cas à "La Délégation Norvégienne" de se révéler ce que'elle prétend être : une bonne histoire, pas plus qu'elle ne permettra à son auteur de prendre pied dans ma bibliothèque. Si j'ai un conseil à vous donner, c'est de passer au large. Ou alors, si vous y tenez vraiment, retenez-le à la médiathèque du coin.

Nota Bene : et pour le "climat lourd et oppressant", franchement, on s'ennuie, oui ! Dame, on attend, on attend, on attend ... Quelque chose va bien se passer ... Mais non, rien ne se passe, on bâille, on commence à somnoler (forcément, toute cette neige, moi, ça me fait somnoler ;o)), on se force à aller jusqu'au bout et on n'a même pas eu peur !

Par contre, comme vous le voyez, on est très en colère. ;o)

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