Les Manuscrits Ne Brûlent Pas.

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Chroniques du Verseau

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mardi, février 12 2008

D'Arsinoé à Tartufe

Cher et grand Ami,

Qu'il m'est doux de vous lire à nouveau ! Sachez que seule une mauvaise fluxion m'a empêchée de répondre plus vite au billet que vous me mandâtes le mois dernier.

La gent médicale a beaucoup changé en cette époque où nous nous réveillons, vous comme moi. En bien, certes, pour l'essentiel, Monsieur Molière ne nous contredirait pas. Las ! Pourtant, la maladie sait encore abattre nos pauvres carcasses.

Mais foin de plaintes et d'apitoiements. Vous me revenez, enfin, nous pourrons à nouveau échanger et sachez bien que les temps que nous vivons sont fort propices aux commentaires grinçants.

Je n'ai pas encore très bien saisi l'intérêt de cette soit-disant république qui s'est installée en notre beau pays et les derniers événements politiques (dont nous reparlerons, n'ayez crainte) ne font qu'accroître chez moi perplexités et railleries.

Mais ce qui me réconforte ces jours-ci, c'est de constater que notre Sainte Religion paraît enfin vouloir reprendre le dessus sur cette société de luxure et de stupre. Le chemin sera bien roboteux et je prévois beaucoup de tourments (nous en reparlerons aussi car ce soir, je suis un peu pressée et ne puis vous en dire bien long). Mais tout plutôt que ce vide, ce néant d'athéisme et de blasphème qui régnaient en ce triste monde jusqu'à ce que certains mahométans, hommes de grande piété bien qu'ils soient infidèles, eussent décidé d'en prendre le contrepied.

Bien sûr, la situation n'est pas idéale mais nous saurons les utiliser, n'est-ce pas ? pour la plus grande gloire du Christ et de Son Eglise bien-aimée. Ah ! mon Ami unique, sachez à ce propos que les prêches du vicomte de Villiers sont une vraie musique pour les âmes pieuses telles que le sont les nôtres et n'omettez surtout point d'aller les entendre.

Oh ! J'aurai énormément à vous dire sur ce sujet et je vous promets de vous en entretenir à nouveau dans la semaine. En attendant, pour vos craintes relatives au sieur Woland, qui nous rappelle d'entre les Ombres parce qu'il est curieux, dit-il, de nos commentaires sur cette époque merveilleuse, je vous engage à vous défier furieusement de lui. C'est un mécréant, un véritable agent du Malin - au demeurant, il ne s'en dissimule point - et, si le désir de renaître à l'existence n'eût ardé en moi plus puissamment que la raison, jamais je n'eusse accepté son offre de nous donner ce qu'il appelle un théâtre "virtuel."

Je sais que nous avons pour coutume d'affirmer que la chair est faible mais, dans mon cas, Ami très cher, et sans doute dans le vôtre, c'est l'esprit qui nous rend pécheurs.

... Il est vrai que parler, écrire, sont des péchés si délicieux ...

Je sèche ma lettre et vous l'envoie par messager privé en vous promettant de ne vous point oublier cette fois-ci plus de deux jours. Toujours vôtre :

Arsinoé

vendredi, décembre 28 2007

De Tartufe A Arsinoë

Madame,

Vous me voyez comblé de pouvoir enfin, après une si mortelle éclipse, vous donner de mes nouvelles. Ce matin, quand la nouvelle me fut portée, j'en eus, oserai-je l'avouer ? comme une faiblesse, je me dis même qu'on cherchait peut-être à me tromper. Mais l'on insista, l'on me prouva la réalité de la chose et je n'eus plus qu'un seul désir : vous revoir.

Eh ! bien, non, Madame, que le Ciel en soit béni mais je ne suis point mort. Il y a même longtemps que je ne m'étais aussi bien porté. Tout, en cette nouvelle vie, m'enchante et me fascine et je m'émerveille chaque jour de constater que, tant que la descendance d'Adam et Eve tracera son sillon sur la Terre, je survivrai en nombre de ses représentants à défaut de survivre dans les hardes miteuses dont m'affubla ce méchant Molière.

Si nous n'étions entre nous, je vous dirai les chansons habituelles : que Dieu seul m'a soutenu, que c'est Lui Qui m'inspire en ce moment où je vous écris, que je L'ai prié tous les jours pour qu'Il me secourût, que je Le prie encore à deux genoux pour Lui demander le juste châtiment des faquins qui cherchent à me nuire et que j'use toujours autant de la haire et de la discipline.

Mais ce billet que je vous mande, je l'écris en premier lieu pour vous rassurer. Je vous dis donc que je n'ai point changé. Je suis toujours le sombre parasite qui guette dans l'ombre l'indécis ou le trop indulgent, le vampire au teint vermeil tout prêt à s'abattre sur l'innocent et l'utopique.

La religion - hélas ! Madame et chère amie, la très sainte Eglise romaine et apostolique a beaucoup baissé depuis ces temps où elle refusait la terre consacrée au tombeau de l'histrion - la religion, disais-je, demeure cependant l'un des mes champs d'action préférés mais ce n'est point le seul. Au reste, je vous en reparlerai un autre jour : il y a beaucoup à dire sur le sujet.

Et j'en reviens, Madame, à la destination première de ce billet : vous redire ma joie de monter à nouveau sur scène et d'y retrouver des compagnons tels que vous. J'ai su (puis-je espérer que vous m'en direz quelques mots prochainement ?) que nous serons contraints de partager la place avec quelques fâcheux des deux sexes, certains qui nous sont déjà connus et d'autres, nés bien après nous (et qu'il nous faudra étudier en conséquence) mais enfin, l'essentiel n'est-il pas de pouvoir deviser à nouveau, d'une âme élevée à une autre âme tout aussi pure ?

Vous le voyez bien, Madame et si chère amie, je n'ai point changé et vos inquiétudes étaient vaines. Ne manquez pas de me faire savoir que je vous ai rassurée et à votre tour, rassurez-moi en me répondant que je puis toujours signer

Votre fidèle et tout dévoué :

Tartufe.

Les Chroniques du Verseau

Nous allons sous quelques jours entrer (symboliquement) dans une nouvelle année, 2008. Cela - et un ou deux autres facteurs que je ne saurais évoquer ici pour l'instant ;o) - m'a donné l'idée d'inaugurer sur ce blog de petites chroniques sans prétention qui auront pour thème notre société et les événements, du plus petit au plus grand, qui peuvent la troubler. Cela me permettra entre autres d'aborder des questions d'actualité, souvent irritantes et épidermiques pour les contemporains.

Et justement, afin de me donner - et de procurer à mes éventuels lecteurs - le recul nécessaire pour jouir sans remords de ces chroniques, j'ai imaginé de faire s'y exprimer différents types littéraires, tous très connus, certains pour leur cynisme, d'autres au contraire pour leur utopie généreuse, certains encore pour leur sens de la mesure, etc ... mais tous imaginaires.

Quant au titre de ces chroniques, ma foi, je l'ai choisi parce que j'appartiens au signe du Verseau et que l'une des principales caractéristiques des natifs de ce signe est ce que la Tradition astrologique nomme, non sans délicatesse et avec beaucoup de malice, leur "cynisme aimable."

Mais, je le promets, cette explication sera la seule incursion que nous ferons sur ce blog dans le domaine astrologique ... ;o)