Maurice Le Ménec'h, personnage principal de ce roman, est un personnage qui, en dépit de son habitude de manier l'argot, a beaucoup du granit breton.

Breton, il l'est d'ailleurs par la naissance. Son père était un sous-marinier qui mourut avec son équipage alors que l'enfant avait six mois. Pour des raisons qui ne sont pas expliquées, sa mère le plaça dans un orphelinat et le destin de l'enfant s'écoula donc de famille d'accueil en famille d'accueil jusqu'à ce qu'il fût en âge de se débrouiller par ses seuls moyens.

Breton, il l'est encore par les relations qu'il entretient avec l'Océan, ce mélange d'amour et de haine, de fascination et de méfiance, caractéristique au demeurant de la majeure partie de ceux qui, dès la naissance, ont eu parti lié, d'une façon ou d'une autre, avec le monde de Poséidon.

Breton, il l'est enfin par sa détermination tranquille à poursuivre son chemin en cette existence, marquant une pause pour réfléchir devant les obstacles qu'il rencontre, hésitant non devant le défi proposé mais devant le choix qui s'impose, conscient qu'il ne convient pas toujours d'attaquer bille en tête et que, parfois, contourner l'obstacle en feignant de s'incliner devant lui reste la meilleure solution.

Comme de juste, Maurice Le Ménec'h se sent comme chez lui dans un Paris où, bien avant les Maghrébins, Auvergnats et Bretons avaient installé leurs colonies personnelles. Bruno Leclerc du Sablon en profite pour nous décrire avec tendresse le marché Edgar-Quinet, les petits bistrots sympas et ... le cimetière Montparnasse et certains de ses occupants.

Par ces mille petits détails autant que par sa gouaille naturelle, Maurice Le Ménec'h parvient ainsi très facilement à s'imposer comme la clef du livre - et peut-être de sa conception. ;o)