Cette nouvelle - à mon avis la plus aboutie de Jean-Luc Flines - n'aurait pas existé sans le blanc de céruse dont je laisse l'auteur de ce texte, qui ne se contente pas d'écrire mais dessine et peint également et connaît donc parfaitement son sujet, vous expliquer la fascinante et perverse nature :

"La céruse est le carbonate basique de plomb. C'est un poison interdit en France depuis 1915. On l'appelle aussi blanc de plomb ou blanc d'argent ou encore blanc de Saturne. Il fait partie du champ chromatique blanc. Ce pigment a changé de nom pour dissimuler sa vraie nature. (...)

En fait, l’exposition au plomb affecte plusieurs systèmes dans l’organisme: le système nerveux et les reins. Elle peut causer une hypertension artérielle et une anémie. Gofun présentait cette déficience. Le plomb s’était accumulé dans les os. Haru avait décelé cette maladie chez son amie en découvrant la ligne bleue qui entourait ses gencives.

Elle ne lui en avait rien dit pensant que c’était une infection locale de la bouche ! Par la suite, elle se rappela que son grand-père Shiryuki avait contracté la maladie et en était mort dans d’atroces souffrances."

Mais le blanc de céruse, qu'utilisèrent longtemps les Japonaises pour leur maquillage, possède la propriété de conférer au visage qui le revêt une singulière beauté, à la limite de la perfection, que souligne encore le caractère énigmatique des traits propres aux traits asiatiques.

Beauté, mystère mais aussi sérénité et perfection évoquant irrésistiblement les notions d'immanence et d'immortalité, tel est le blanc de séruse - et ce qui lui donne une partie de sa puissance. Nous y reviendrons dans un autre billet et, en attandant, pourquoi ne pas lire cette courte nouvelle de vingt-et-un pages, signée Jean-Luc Flines ? ...;o)