Les Manuscrits Ne Brûlent Pas.

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A La Découverte de Saint-Simon.

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dimanche, juin 1 2008

Le Prince de Conti Proposé à la Couronne Elective de Pologne ( XI )

Le cardinal Michal Stefan Radziejowski, primat de Pologne, qui dirigeait la coterie polonaise favorable au prince de Conti

vendredi, mai 23 2008

Le Prince de Conti Proposé A La Couronne Elective de Pologne ( X )

Mais avant que Forval n'eût eu le temps d'atteindre la Pologne, des nouvelles toutes fraîches arrivèrent à Versailles :

"... ... Peu après arriva un gentilhomme, de la part du cardinal Radzieiowski, archevêque de Gnesne, qui était à la tête du parti du prince de Conti, et qui, comme primat de Pologne, était à la tête de la République pendant l'interrègne. Le compte qu'il rendit et la commission dont il était chargé pour le Roi et pour ce prince donnèrent beaucoup d'espérances, mais peu d'opinion (1) de la conduite de l'abbé de Polignac, qui, parfaitement bien avec la reine de Pologne, s'était brouillé avec elle jusqu'aux éclats et à l'indécence : tellement, qu'il fut jugé à propos d'envoyer l'abbé de Châteauneuf lui servir d'évangéliste, et qui porta à l'abbé de Polignac des ordres très précis de ne rien faire que de concert avec lui. ... ..."

(1) : l'adjectif "bonne" est sous-entendu.

lundi, mai 19 2008

Le Prince de Conti Proposé à la Couronne Elective de Pologne ( IX )

Mais voici que parviennent de Pologne des nouvelles aussi curieuses que troublantes :

"... ... On apprit avec étonnement que l'abbé de Polignac s'était beaucoup trop avancé et, entre autres promesses, s'était engagé d'accorder que le prince de Conti prendrait à ses dépens (1) Kaminieck, occupé par les Turcs, et qu'il ferait cette conquête avant son couronnement : sans quoi son élection demeurerait nulle.

Un particulier, quelque grand et riche et appuyé qu'il fût, ne pouvait pas se flatter de suffire à cette dépense, et, de faire dépendre la validité de l'élection du succès de cette entreprise, c'était exposer la fortune d'un prince du sang non seulement à l'incertitude des hasards d'un grand siège, mais à toutes les trahisons de ceux qui se trouveraient intéressés à le faire échouer par leur engagement contre l'élection de ce prince. On en fut si choqué à la cour qu'on envoya Forval (2) en Pologne pour voir plus clair à ses avances de l'abbé de Polignac, essayer de raccommoder ce qu'il avait gâté, et donner des nouvelles plus nettes et plus désintéressées de toute cette négociation. ... ... ..."

(1) : il faut comprendre que tous les frais de l'entreprise restaient à la charge de Conti, lequel, malgré sa grande fortune, n'aurait pu suffire à une telle charge. Eût-il accepté la condition qu'il aurait dû demander à Louis XIV de l'aider.

(2) : nom d'un gentilhomme d'origine normande, qui fut bien souvent envoyé dans les cours européennes à cette époque pour tenter d'arranger des situations que l'on considérait comme perdues.

lundi, mai 12 2008

Le Comte de Pontchartrain marie son fils ( V )

Féru d'héraldique, Saint-Simon légitime encore le refus de Louis XIV par cette note :

"... ... Peu à peu, (les) Bâtards de Bourbon (1) ont changé leur barre de bâtards et leurs autres et diverses marques de bâtardise en bande, comme les princes de cette maison, et l'ont enfin raccourcie comme eux, tellement qu'il n'y a plus aucune différence entre les armes des légitimes et des bâtards ; et c'est ce qui choquait si fort le Roi, qu'il ne voulut pas voir, disait-il, à la chaise à porteurs de la nouvelle mariée, les armes de Bourbon accolées à celles de Phélypeaux. ... ..."

(1) : comme nous l'avons déjà dit, Melle de Malauze descendait de Charles de Malauze, bâtard de Jean II de Bourbon.

dimanche, mai 11 2008

Le Comte de Pontchartrain Marie son Fils ( IV )

Et Saint-Simon de poursuivre avec la délectation que l'on devine :

"... ... Douze ou quinze ans après, M. de Louvois l'obtint pour sa femme, sous prétexte qu'elle était fille de qualité, et par l'émulation qui était entre Colbert et lui : de là, leurs belles-filles et, à cet exemple, les autres femmes des secrétaires d'Etat, et à la fin celles des contrôleurs généraux.

Leurs alliances les soutenaient dans ce brillant nouveau, et leur autorité, dont tout, sans exception, dépendait, leur avait acquis une supériorité et des distinctions étranges sur tout ce qui n'était point titré (1), qui leur rendit bien amer et bien nouveau le refus du Roi sur une alliance dont il n'aurait pas fait difficulté avec qui que c'eût été de la noblesse ordinaire.

Pontchartrain se garda bien de se vanter de ce qui lui était arrivé, et se hâta seulement de trouver des prétextes de rompre ; mais le Roi, si secret toujours, ne jugea pas à propos de l'être dans cette occasion : il parla aux maréchaux de Duras et de Lorge, à M. de Bouillon, parce que leur mère était soeur du maréchal de Turenne, et à d'autres encore, de manièce à ce que Pontchartrain avait caché fut su, et que ses confrères n'en furent pas moins mortifiés que lui. ... ..."

(1) : rappelons que, à cette époque, seuls les ducs et les pairs étaient considérés comme titrés.

samedi, mai 10 2008

Le Comte de Pontchartrain Marie son Fils ( III )

Lorsqu'un courtisan envisageait de se marier ou de marier l'un de ses enfants, il en demandait toujours l'autorisation au Roi. Et c'est là que Pontchartrain allait subir une amère déconvenue :

> "... ... L'alliance en plut tant à Pontchartrain, qu'il traita ce mariage et qu'il en demanda l'agrément au Roi. Et sa surprise fut grande lorsqu'il entendit le Roi lui conseiller de penser à autre chose. Comme celle-là lui convenait, il insista : tellement que le Roi lui dit franchement que cette fille portait les armes de Bourbon, qui le choqueraient accolées avec les siennes (les armes de Phélypeaux), qu'il la voulait marier à son gré, et qu'en un mot, il désirait qu'il (Phélypeaux) n'y pensât plus.

La mortification fut grande : les ministres n'y étaient pas accoutumés ; peu à peu, ils s'étaient mis de ce règne au niveau de tout le monde ; ils avaient pris l'habit et toutes les manières des gens de qualité ; leurs femmes étaient parvenues à manger et à entrer dans les carosses par Mme Colbert, sous le prétexte de suivre Mme la Princesse de Conti (1), et d'ailleurs elle (Mme Colbert) était extrêmement bien avec la Reine. ... ..."

(1) : la fille aînée de Louis XIV, qu'il avait eue avec Melle de La Vallière.

mercredi, avril 30 2008

Le Comte de Pontchartrain marie son fils ( II )

Et voici le fils et futur marié, Jérôme Phélypeaux, qui fut reçu au Parlement de Paris et qui, en 1699, succéda à son père en tant que Secrétaire d'Etat à la Maison du Roi et à la Marine :

      

Mais écoutons Saint-Simon nous décrire père et fils :

"... ... Pontchartrain cherchait à marier son fils. Il lui avait fait faire une grande tournée par les ports du Levant et du Ponant, pour lui faire voir les choses dont il entendait parler tous les jours et connaître les officiers. Tout s'y passa moins en études et en examens qu'en réceptions, en festins et en honneurs tels qu'on aurait pu les rendre au Dauphin. Chacun s'y surpassa en cour et en bassesses pour le maître naissant de son sort et de sa fortune, qui revint peu instruit, mais beaucoup plus gâté qu'auparavant, et dans l'opinion d'être parfaitement au fait de tout.

Le père crut avoir trouvé tout ce qu'il pouvait désirer en Melle de Malauze (1), qui était pensionnaire à la Ville-l'Evêque, à Paris. Sa mère, qui était Mitte, fille du marquis de Saint-Chamond, était morte. Son père était un homme retiré dans sa province, après avoir servi quelque temps jusqu'à être brigadier, et s'était remarié à une Bérenger-Montmouton, dont il avait deux fils. Sa mère à lui était soeur des maréchaux de Duras et de Lorge (2) qui avait toujours pris soin de cette famille avec amitié. ... ..."

(1) : Marie-Geneviève de Bourbon-Malauze qui, comme son nom l'indique, descendait d'un Bourbon, en l'occurrence Charles de Bourbon, fils illégitime de Jean II de Bourbon et de Jeanne-Marie d'Albret. A l'époque à laquelle Pontchartrain la recherchait en mariage pour son fils, Marie-Geneviève n'avait que six ans et, malgré tous nos efforts, nous n'avons pu dénicher une seule gravure la représentant. Elle épousa par la suite le marquis de Montpezat.

(2) : rappelons au passage que ledit maréchal n'est autre que le beau-père de Saint-Simon. Ce qui implique que, si Pontchartrain était parvenu à ses fins, le mémorialiste se serait retrouvé allié, fût-ce de loin, avec un Phélypeaux.

vendredi, avril 25 2008

Le Comte de Pontchartrain marie son fils

Mais pas selon ses espérances, comme nous allons le voir.

Présentons d'abord les protagonistes de l'affaire.

Le père qui cherche à bien marier son fils, c'est Louis Phélypeaux, deuxième du nom. Né dans la bourgeoisie, il était premier président du Parlement de Bretagne mais, après 1689, Louis XIV le choisit comme contrôleur général des Finances. A cette charge, s'ajoutèrent très vite celles de secrétaire d'Etat à la Marine et de secrétaire d'Etat à la Maison du Roi. Enfin, en 1699, il devint chancelier de France pour une quinzaine d'années :

 

En 1667, Louis XIV s'était décidé à l'ennoblir en le faisant marquis de Phélypeaux. Vinrent ensuite les titres de comte de Maurepas et de comte de Pontchartrain - et c'est sous ce dernier patronyme qu'il est le plus souvent cité, y compris par Saint-Simon.

mercredi, avril 16 2008

Les Prétentions de Mme de Béthune

La marquise de Béthune était née Marie-Louise de La Grange d'Arquien et était par conséquent belle-soeur de l'ex-reine de Pologne, Marie-Casimire, et tante des princes Alexandre et Constantin Sobieski. Lors de leur passage à Paris pour y recevoir l'Ordre de Saint-Louis, cette parenté glorieuse devait lui inspirer toute une savante stratégie pour obtenir elle aussi certains honneurs auxquels elle n'avait pas droit. Saint-Simon nous la dénonce avec indignation :

"... ... Pendant un temps si critique pour les candidats (à l'élection de Pologne), les princes Alexandre et Constantin Sobieski voyageaient, et vinrent jusqu'à Paris pour y recevoir l'Ordre, qu'ils portaient dès avant la mort du roi leur père, qui l'avait instamment demandé pour eux. Pour sonder les traitements qu'ils désiraient, ils demeurèrent incognito, et néanmoins le Roi leur donna comme aux gens titrés la distinction de baiser la Princesse et Madame. (1)

Mme de Béthune, soeur de la reine leur mère, arrivait aussi de Pologne, où son mari avait été longtemps ambassadeur, et était mort en la même qualité en Suède. Elle avait été dame d'atour de la Reine (2) en survivance de sa belle-mère, soeur du duc de Saint-Aignan. C'était une femme d'esprit, hardie, entreprenante, qui, à l'abri de ses neveux Sobieski, se mit dans la tête de faire accroire que, parce qu'elle avait été dame d'atour de la Reine, elle devait baiser les filles de France. Madame en fut la dupe et la baisa.

Avec cet exemple par lequel elle avait commencé, elle crut être admise au même honneur par la Princesse ; mais la duchesse du Lude, à la cour de tous temps, et qui savait et avait vu le contraire, n'osa le prendre sur elle. Le Roi, informé de la prétention, la trouva impertinente et fausse, et fort mauvais que Madame s'y fût laissé tromper. Mme de Béthune, qui savait fort bien que sa prétention était une entreprise, la laissa promptement tomber et fut présentée à la Princesse sans la baiser. ... ..."

(1) : la duchesse de Bourgogne et la princesse Palatine, épouse de Monsieur, frère du Roi. On aura compris évidemment que l'expression "baiser" signifie tout simplement "embrasser" et, dans le contexte, baiser la main des princesses, ce qui représentait un honneur insigne.

(2) : le mémorialiste évoque ici l'épouse de Louis XIV, la reine Marie-Thérèse.

lundi, avril 14 2008

Le Prince de Conti Proposé à la Couronne Elective de Pologne ( VIII )

"... ... La naissance du prince de Conti, si supérieure à celle de ces candidats, ses qualités aimables et militaires, qui s'étaient fait connaître en Hongrie et qu'il avait si bien soutenues depuis, la qualité de neveu et d'élève de ce fameux prince de Condé, et celle d'héritier et de cousin germain du comte de Saint-Pol (1), qui était encore regretté en Pologne et dont il avait réuni tous les suffrages lorsqu'il mourut, firent tout espérer à l'abbé de Polignac, qui voyait pour soi le chapeau de cardinal pour récompense, dont les Polonais sont peu amoureux (2), et que leurs rois donnent fort ordinairement à des étrangers, de la façon desquels nous en avions en France.

Le Roi voulut donc voir ce que le prince de Conti pourrait faire. Il l'entretint plusieurs fois en particulier, ce qui ne lui arrivait guère. Il vendit pour six-cent-mille livres de terres à des gens d'affaires avec la faculté de les pouvoir reprendre dans trois ans pour le même prix (3) ; cette somme fut envoyée en Pologne, et le Roi promit de la rendre si l'élection ne réussissait pas. ... ..."

(1) : Charles-Paris d'Orléans.

(2) : on sait que, depuis Saint-Simon, l'amour des Polonais pour le cardinalat a bien évolué ... :o<

(3) : quels efforts Louis XIV n'était-il donc pas disposé à faire pour que le le prince de Conti quittât Versailles ! Et quelle méfiance aussi conservait-il contre lui puisqu'il se réservait le droit de pouvoir récupérer ses terres si l'élection venait à manquer ...

         

Louis II de Bourbon-Condé, dit le Grand Condé, oncle et parrain bien-aimé du prince de Conti.

lundi, mars 31 2008

Le Prince de Conti Proposé à la Couronne Elective de Pologne ( VII )

"... ... Bavière était (le gendre de Jean Sobieski), avait pour lui la mémoire du feu roi et d'être homme de guerre. Saxe avait aussi cette dernière qualité, et son voisinage, qui avait fait connaître la douceur de ses moeurs et sa libéralité. Le duc de Lorraine était fils d'une soeur de l'Empereur, qui avait été reine de Pologne, et d'un des plus grands capitaines de son siècle ; plus effectivement porté par l'Empereur que Jacques Sobieski. Enfin, le prince Louis de Baden se mit aussi sur les rangs, comme un capitaine expérimenté, peut-être plus pour l'honneur d'y prétendre que par aucune espérance d'y réussir. ... ..."

Les autres prétendants:

   

Maximilien II Emmanuel, Electeur de Bavière. Par son remariage avec Thérèse Sobieska, après la mort de sa première épouse, Marie-Antoinette de Habsbourg, il était effectivement devenu le gendre de Jean Sobieski.

    

Léopold Ier de Lorraine, fils de Charles V (parfois appelé Charles IV) de Lorraine et d'Eléonore d'Autriche. Sur cette monnaie usée, n'est-ce pas en effet le menton prognathe des Habsbourg que l'on retrouve encore ?

              

Louis-Guillaume Ier de Bade, dit "Louis le Turc" en raison de la victoire qu'il remporta sur eux en 1691 à Slankamen (ou encore "Louis le Rouge" en raison de l'uniforme rouge qu'il arborait sur les champs de bataille). Avec Jean Sobieski, il prit part, en 1683, à la défense de Vienne, qu'assiégeaient les troupes de la Sublime Porte. Il défendit également le Palatinat lors de la guerre fomentée par Louvois au nom de Louis XIV. Considéré comme l'un des plus grands stratèges de son siècle, à l'instar d'ailleurs de son cousin du côté maternel, le fameux prince Eugène de Savoie-Carignan, comte de Soissons et l'une des bêtes noires de Louis XIV.

mardi, mars 25 2008

Le Prince de Conti Proposé à la Couronne Elective de Pologne ( VI )

Eléonore de Neubourg et son époux, Léopold Ier de Habsbourg, Empereur germanique. Par le mariage de la soeur d'Eléonore avec James Sobieski, ils étaient devenus sa belle-soeur et son beau-frère. Mais l'appui du tout-puissant Habsbourg ne suffira pas à entraver la marche vers la couronne polonaise de l'Electeur de Saxe.

mercredi, mars 12 2008

Le Prince de Conti Proposé à la Couronne Elective de Pologne ( V )

"... ... Les candidats qui s'y présentaient étaient les électeurs de Bavière, Saxe et Palatin, le duc de Lorraine ; et bien que les Polonais se déclarassent contre tout piaste (1), les fils du feu roi (Jean III Sobieski) y auraient eu grande part, tant par une coutume assez ordinaire, que par le mérite d'un aussi grand homme que l'était J. Sobieski, si l'avarice extraordinaire de la Reine (Marie-Casimire), qui avait tout vendu et rançonné, et la hauteur de ses manières n'eût rendu ses enfants odieux à cause d'elle, et si elle eût été plus d'accord avec eux.

Jacques (James), l'aîné, était fort mal avec elle ; mais il était né avant l'élection de son père, ce qui le défavorisait fort. Il était d'ailleurs peu aimé et son mariage avec une (princesse) palatine, soeur de l'Impératrice (2), le rendait suspect. L'Empereur (3) le portait, sa mère le traversait (4) : elle voulait un de ses deux cadets, mais ses trésors lui étaient plus chers encore. ... ..."

(1) : issu du nom d'une famille qui avait jadis prétendu au trône de Pologne, "Piast" s'était ensuite étendu sous la forme "Piaste" à tous les prétendants.

(2) : Eléonore de Neubourg, troisième et dernière épouse de Léopold Ier.

(3) : Léopold Ier, empereur du Saint-Empire, dit communément à l'époque "Empereur d'Allemagne."

(4) : comprenons que la mère de James Sobieski lui faisait obstacle.

mardi, mars 11 2008

Le Prince de Conti Proposé à la Couronne Elective de Pologne ( IV )

"... ... L'Abbé de Polignac, ambassadeur en Pologne, crut y voir jour à l'élection en faveur de Monsieur le Prince de Conti. Il le manda et le Roi, qui ne demandait pas mieux que de se défaire d'un prince de ce mérite et si universellement connu, et qu'il n'avait jamais pu aimer, tourna toutes ses pensées à le porter sur ce trône. ... ..."

     
        Melchior, abbé puis cardinal de Polignac, cardinal-évêque d'Auchs.

vendredi, mars 7 2008

Le Prince de Conti Proposé à la Couronne Elective de Pologne ( III )

Et, à la cour de France, François-Louis de Bourbon-Condé, prince de la Roche sur Yon, puis prince de Conti :

Bisexuel notoire, il avait fait du prosélytisme auprès du comte de Vermandois, le fils que Louis XIV avait eu avec Melle de La Vallière et, bien entendu, quand l'histoire s'était ébruitée, François-Louis avait été exilé loin de la vue du Roi-Soleil. Lequel ne lui pardonna jamais ni sa tentative de corruption, ni sa personnalité frondeuse, ni son courage car, au combat, Conti savait tenir son rang.

Et ne voilà-t-il pas que, de plus, ce freluquet avait eu l'idée de s'amouracher de Louise-Françoise, ex-Mademoiselle de Nantes, devenue duchesse de Bourbon par son mariage avec Louis III de Bourbon ! Il était, dit-on, payé de retour. La simple idée que ce prince trop brillant et qu'il détestait tant pût encore semer l'adultère dans le mariage de sa propre fille - Louise-Françoise était née des amours de Louis XIV et de Mme de Montespan - donnait des aigreurs au Roi-Soleil et l'on devine qu'il vit d'un très bon oeil se présenter cette couronne de Pologne qui éloignerait par la force des choses le maudit Condé ...

jeudi, mars 6 2008

Le Prince de Conti Proposé à la Couronne Elective de Pologne ( II )

Mais ils avaient au moins deux concurrents.

Le plus redoutable - qui devait d'ailleurs l'emporter par la force et prendre le titre d'Auguste II de Pologne, dit "le Fort" - n'était autre que Frédéric-Auguste, Electeur de Saxe :

        

Notons à son sujet que, ayant eu comme fils illégitime le maréchal Maurice de Saxe, Auguste II de Pologne est également l'arrière-arrière-grand-père d'Aurore Dupin, baronne Dudevant, mieux connue sous son nom de plume de George Sand. ;o)

mardi, mars 4 2008

Le Prince de Conti Proposé à la Couronne Elective de Pologne ( I )

Le 17 juin 1696, Jean III Sobieski, probablement le plus grand monarque que la Pologne ait jamais connu, venait de mourir à Wilanow, laissant derrière lui une couronne qui, selon l'usage, était élective. Henri III par exemple, alors qu'il n'était encore que duc d'Anjou, avait proposé sa candidature et avait été bel et bien élu roi de Pologne, honneur qu'il goûta peu et que la mort de son frère, Charles IX, le fit abandonner au grand galop pour revenir se faire sacrer roi dans son pays natal.

Par son mariage avec une aristocrate française, Marie-Casimire de La Grange d'Arquien, Jean Sobieski laissait derrière lui trois garçons susceptibles de se faire élire derrière lui : James, prince de la couronne, Alexandre et Constantin.

De gauche à droite, entourant le portrait de leur père et époux, Jean III Sobieski, les princes Constantin et James, le prince Alexandre, la reine Marie-Casimire et la princesse Thérèse qui épousera Maximilien II, Electeur de Bavière.

lundi, mars 3 2008

Les Subtilités de l'Etiquette ( IV)

"... ... L'autre chose qui y arriva" (poursuit Saint-Simon,) "fut par un courrier du Roi par lequel il arriva un ordre de traiter la Princesse en tout comme fille de France, et comme ayant déjà épousé Mgr le duc de Bourgogne. L'embarras de son rang (1) avec tout le monde engagea Monsieur (2) à en prier le Roi, les princes et les princesses du sang à le désirer, et le Roi à le faire. Ce courrier arriva sur le point de l'arrivée de la Princesse, de manière qu'elle ne baisa que la duchesse du Lude (3) et le comte de Brionne, et qu'il n'y eut que la duchesse du Lude assise devant elle. Par toutes les villes où elle passa, elle fut reçue comme duchesse de Bourgogne, et aux jours de séjour aux grandes villes, elle dîna en public servie par la duchesse du Lude. Excepté les repas de séjour (4), ses dames mangèrent toujours avec elle. Elle marcha à petites journées. ... ..."

(1) : la reine Marie-Thérèse étant décédée et le mariage de Louis XIV avec Mme de Maintenon n'étant pas officiel d'une part, le Grand Dauphin étant lui-même veuf et nanti de Melle Choin d'autre part, il n'y avait plus de véritable "Première dame" légitime à la cour du Roi-Soleil. Certes, Madame, la Princesse Palatine, pouvait être tenue pour telle mais elle n'était que la femme du frère du Roi ... D'où l'importance de confier au plus tôt ce titre à l'épouse du duc de Bourgogne qui, un jour, deviendrait en effet reine auprès de son mari. L'implacable mécanique royale façonnée par Louis XIV n'admettait aucun temps mort.

(2) : Philippe, duc d'Orléans et frère de Louis XIV.

(3) : qui, nous en avons déjà parlé ici, ne devait sa place de dame d'honneur de la nouvelle duchesse de Bourgogne qu'au pot-de-vin qu'elle avait fait verser à Nanon Balbien, la femme de confiance de Mme de Maintenon.

(4) : les repas de séjour étaient public et donc soumis à la rigidité de l'étiquette. Quand elle était seule en son privé, la Princesse dînait avec ses femmes.

dimanche, mars 2 2008

Les Subtilités de l'Etiquette ( III )

Saint-Simon a toujours le chic pour dénoncer les infractions ou tentatives d'infractions à l'étiquette :

"... ... Avant de passer outre, il ne faut pas oublier deux choses qui arrivèrent en ce lieu, dont l'une fut cause du séjour que la Princesse y fit. Le comte de Brionne, chargé au nom du Roi de recevoir la Princesse du marquis de Dronero qui la livrait (1) au nom de M. de Savoie, prétendit être traité d'Altesse dans l'instrument de la remise où le duc de Savoie était traité d'Altesse royale ; et il s'y opiniâtra si bien, quoi qu'on pût lui dire des deux côtés, que le marquis de Dronero, pour ne point arrêter plus longtemps la Princesse, ôta l'Altesse des deux côtés en évitant de faire mention expresse de M. le duc de Savoie. Ce prince fut extrêmement offensé quand il apprit la difficulté du comte de Brionne, et le Roi le trouva aussi fort mauvais ; mais la chose était faite et terminée, et il ne s'en parla plus. ... ..."

(1) : on appréciera le terme qui évoque pour nous une marchandise et non un être humain. Mais en dépit de leurs grandeurs, n'était-ce pas là ce qu'étaient en effet ces princes et princesses dont on usait comme des pions humains sur l'échiquier de la Politique et sans se soucier de leurs préférences affectives ?

samedi, mars 1 2008

Les Subtilités de l'Etiquette ( II )

      Le village du Pont de Beauvoisin aujourd'hui avec le pont sur lequel passa rituellement Marie-Adélaïde de Savoie.

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