Les Manuscrits Ne Brûlent Pas.

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Alexandrie 2009 : Journal de Bord

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samedi, août 1 2009

Alexandrie 2009 : le Palmarès

Je n'ai malheureusement pas pu assurer la seconde partie du scrutin pour Alexandrie 2009. De même, je n'ai pu annoncer le Palmarès.

Il existe cependant et je vous invite à aller le consulter, si ce n'est pas déjà fait, directement sur Alexandrie. ;o)

lundi, avril 20 2009

Alexandrie 2009 : Sélection Finale : Nouvelles ( I )

Seront donc en lice pour le second tour du scrutin d'Alexandrie 2009, catégorie "Nouvelles" :

- "La Danseuse de Flamenco" - Thomas Desmond - "Portraits" - Pierre-Alain Gasse - "Fragments" - Frédéric Vasseur - "Cocktail" - Brice Chanu - "Rimes en Déprime" - Christine Motti

- "La Danseuse de Flamenco" - Thomas Desmond :

De Thomas Desmond, les lecteurs d'Alexandrie et de Nota Bene connaissent déjà l'excellent "Ecritures Rouges", recueil de nouvelles fantastiques où l'auteur s'en donne à coeur joie. Ceux qui ont aimé et plus encore les aficionados du genre épouvante, risquent de se retrouver déstabilisés par cet autre recueil de neuf histoires marquées pour leur part au coin du réalisme.

Pourtant, il y a ici une volonté manifeste de changement, un désir de renouvellement et d'approfondissement de l'écriture qui ne peuvent être que dignes d'éloges. La nouvelle "Le Passé qui revient ..." (je cite de mémoire, mille pardons ;o) ) est plus subtile qu'il n'y paraît et l'ensemble du recueil est un peu à cette image, avec quelques maladresses ou ratés çà et là, bien sûr mais aucune oeuvre, rappelons-le, n'atteint jamais la perfection.

Peut-être la nouvelle qui donne son titre au volume ainsi que l'épilogue sont-ils cependant trop obscurs, à moins qu'ils ne nécessitent un plus gros effort personnel de la part du lecteur. Une relecture serait sans doute nécessaire et peut-être la ferai-je un jour. Quoi qu'il en soit, le lecteur impartial ne pourra qu'encourager Thomas Desmond à aller encore plus loin même si - c'est un avis personnel - son domaine de prédilection, celui où il donne l'impression de se mouvoir comme un poisson dans l'eau, demeure le fantastique. ;o)

- "Portraits" - Pierre-Alain Gasse :

Probablement avais-je déjà lu une partie de ses nouvelles lorsqu'elles étaient passées en pré-lecture car je me rappelais nombre d'entre elles. "Lazlo" me semble quant à lui faire déjà partie d'un autre recueil de PAG.

Emotion, tendresse, humour, sens du petit détail qui fait mouche, autant de qualités qu'il faut reconnaître à Pierre-Alain Gasse. Elles s'étalent à leur aise dans ce lot de douze nouvelles où se croisent un petit-fils de deux ans amoureux du chemin de fer, un grand-père normand allant vers sa fin dans un hôpital breton, une soupière remplie de papiers entre les bras, un couple de jeunes gens se rencontrant dans une cour de ferme au beau milieu de l'Occupation, deux amies d'un certain âge qui écument les thés dansants jusqu'à ce que tout les sépare, deux soeurs qui, bien que vivant l'une avec l'autre depuis des lustres, se connaissent en fait assez mal et encore quelques autres "portraits" brossés avec autant de délicatesse que d'efficacité.

Un recueil qui, à l'exemple de "Noir à l'Ouest", initiera parfaitement le lecteur au petit monde de Pierre-Alain Gasse, l'un des auteurs les plus "solides" et les plus convainquants d'Alexandrie On Line. Avec cela, le style est simple, sans prétention mais de bonne facture. Que demander de plus ? ;o)

- "Fragments" - Frédéric Vasseur :

l'une des grandes découvertes de ce cru 2009 - en tous cas, pour moi :

Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça bouillonne pas mal dans la cervelle de Fred Vasseur. ;o) J'avoue avoir surtout apprécié les histoires purement fantastiques, laissant un peu de côté les nouvelles qui m'évoquaient assez E. R. Burroughs ("Un Bon Fils" par exemple). Non que celles-ci soient inférieures au reste de la production : simplement, je préfère les fantômes et l'insolite. Toutefois, en amoureuse des chats que je suis, j'ai particulièrement apprécié "les Veilleurs" et la fin du dernier des leurs.

M'ont aussi marquée : "Roland" et ses deux fins (laquelle est la meilleure ? Sur le plan sentimental, la deuxième, on songe à "Mrs Muir et le Fantôme" ; sur le plan strictement surnaturel, la première, y a pas photo.) ; "L'Escalier", une nouvelle subtile, où le mystère, quoique présent, est vraiment impalpable, et qui rappelle Wharton ou, en plus optimiste, De La Mare ; "Laetitia", à mes yeux la plus étonnante du lot et enfin "Jack O'Lantern", petit conte grimaçant et plein d'humour noir. Sans oublier "Le Messager" que - peut-être à tort - j'ai pris pour un hommage à Lovecraft bien qu'il s'y mêle des réminiscences des "Chiens de Tindalos", de Belknap Long qui fut, de toutes façons, un familier du Solitaire de Providence.

Pour autant, Vasseur ne copie pas, il possède un style qui lui est propre, très naturel (ce qui suppose pas mal de travail, d'ailleurs ou une chance inouïe mais mieux vaut parier sur la première hypothèse), qui tombe parfois dans le langage "parlé" - pas toujours à bon escient mais ce n'est que mon avis. La construction des intrigues est étudiée et cohérente, les chutes ne sont pas toutes surprenantes (il est vrai que les nouvelles varient d'un genre à l'autre et que toutes n'ont pas en fait besoin d'une fin étrange) mais même si on en devine certaines, on est toujours curieux de savoir comment l'auteur va les amener.

Donc, si Fred Vasseur remet la table, je me joindrai aux autres convives. ;o)

(A suivre ...)

samedi, avril 18 2009

Human Genome - Corenti Macqueron

Le Thème :

Moscou, de nos jours. Deux corps sont retrouvés gelés dans la Moskova. Abigail Lockart, jeune journaliste du Moscow Times, parvient à établir un lien fragile entre cet incident et Nathan Craig, énigmatique PDG de Futura Genetics, entreprise responsable du séquençage du génome humain. Mais l'enquête piétine et les relations qu'entretient le géant de la génétique américaine avec le géant du pétrole russe inquiètent. D'autant plus qu'un mystérieux groupement religieux se mêle à la partie et que d'étranges données sur l'évolution de l'espèce humaine semblent se confirmer. Dans un climat de doute et de suspicion se profilent les contours d'une découverte fantastique.

Du solide, du soigné, du sérieux. L'édition en ligne peut aussi aboutir à ce résultat et Corentin Macqueron le prouve ici avec brio.

Des personnages qui ont de la carrure et ne tombent pas dans le manichéisme, une intrigue bien ficelée qui tourne le dos à l'outrance et à l'impossible, une réflexion passionnante sur les dérives éventuelles d'une science susceptible, nous en avons déjà eu l'exemple, de devenir le jouet d'un dangereux apprenti-sorcier et, en filigrane, le Pouvoir et les hommes de Pouvoir, toujours prêts à faire main basse sur tout ce qui peut asseoir leur puissance sans se soucier des éventuelles pertes en vies humaines.

Mais le vrai tour de force de "Human Genome", c'est peut-être le ton de l'ensemble : jamais moralisateur, bien argumenté, soutenu par un style qui n'est pas impérissable mais qui tient la route tout au long de ces quatre-cent-trente-et-une pages sans lasser le lecteur (une petite réserve pour les passages très scientifiques, bien entendu et qui paraîtront moins faciles aux profanes, dont je suis ;o) ) et qui se met avec naturel au service d'une vision assez noire - mais lucide - de l'Humanité.

Un livre à recommander, un auteur à suivre.

J'édite mon commentaire pour demander si une meilleure aération des pages ne serait pas possible, même si, sans nul doute, le procédé accroîtrait leur nombre déjà conséquent. Pour la lecture et les yeux fatigués ou handicapés de certains lecteurs, ce serait mieux. ;o)

Gauloise Fantasy - Nicolas Reuge

Le Thème :

Pascal, écrivain contemporain, part à la découverte de l’une de ses vies antérieures grâce à l’effet particulier d’une substance chimique. En songe, il se retrouve au cœur de la Gaule celtique dans la peau d’un jeune Gaulois prénommé Alan. Ses aventures, les difficultés qu’il rencontre et l’amour dont il fait l’expérience prennent l’allure d’un véritable parcours initiatique.

J'ai beaucoup aimé cette "Gauloise Fantasy" qui fait la part belle à l'humour et adresse souvent des clins d'oeil au lecteur. Je me risque même à poser la question : une suite est-elle prévue ? ... Quant aux contes gaulois placés à la fin de l'ouvrage, je suis trop bretonne pour ne pas les avoir appréciés à leur juste valeur.

Il n'y a peut-être pas de recherche stylistique au sens habituel du terme mais l'auteur s'attache à séduire son lecteur et écrit avec conviction et naturel - qualité rare, le naturel, soulignons-le. Compte tenu de la présentation sur écran, peut-être faudrait-il pourtant "aérer" un peu la mise en page, un peu trop tassée et qui peut lasser le lecteur aux yeux fatigués ou un peu vieillis - ce qui serait dommage car il passerait à côté d'un texte qui vaut qu'on s'y attarde.

Quant aux personnages, comme ils évoluent dans un univers merveilleux, onirique, "fantasyste", il est facile de les accepter tels qu'ils sont, avec l'absence de complexité de certains d'entre eux et la part de mystère que recèlent les autres. L'univers de la fantasy est une sorte de jeu : à partir du moment où il accepte d'y entrer, le lecteur se doit d'en respecter les règles pourvu, bien entendu, que l'auteur ait fait de même, ce qui est le cas ici. ;o)

La Seconde Bataille - Erik S. Larsen

Le Thème :

Cette fresque médiévale, dont l'action se situe dans les années 1060, place au coeur de son récit la petite cité de Coutances et son puissant évêque, Geoffroy de Montbray. Dans les méandres du palais épiscopal, Renouf, un jeune clerc au service de l'évêque, mène une enquête qui va lui faire perdre son latin et l'entraîner beaucoup plus loin qu'il ne l'aurait imaginé. Sous son regard attentif, on voit peu à peu se dessiner les nouveaux visages du duché de Normandie et de ses principaux acteurs.

Le roman historique est un exercice périlleux. On peut dire d'Erik Larsen qu'il passe l'examen avec brio.

Il plante solidement son décor et y installe des personnages qui demeurent crédibles du début jusqu'à la fin. L'intrigue, qui tourne autour de la célèbre Tapisserie de Bayeux (entre autres ;o) ), se déroule sans faiblesses et parvient à captiver le lecteur sur plus de trois-cents pages, ce qui n'est pas une mince affaire lorsque l'oeuvre est proposée en lecture sur écran et révèle une vraie nature de conteur.

Clichés et facilités sont rares. Erik Larsen tente de développer un style qui lui est propre, naviguant entre le ton neutre et un peu appliqué des descriptions et un naturel assez fluide, y compris dans les dialogues.

Autant de qualités qui attireront un public restreint mais fidèle (qui aime l'Histoire, de nos jours, surtout en France ? ;o) ) et feront fuir tous ceux qui, malheureusement, estiment que ce mot rime forcément avec ennui. Quoi qu'il en soit, j'ignore si Erik Larsen a pour projet de se spécialiser dans le genre, mais à mes yeux, cette voie lui est largement ouverte.

J'édite ce commentaire pour indiquer que, à mon avis, une meilleure aération des pages ne nuirait pas à l'ensemble, loin de là. Mais je sais, ça accroîtrait sans doute leur nombre ... Dommage. ;o)

Un Cèdre Pour La Paix - Gérard Barrau

Le Thème :

Un jeune Libanais est obligé de quitter sa famille pour éviter d'être mis en marge de sa communauté par son refus de s'engager dans une milice privée. Il part à pied dans le sud du pays où il pourra s'engager dans l'armée régulière chargée de surveiller la frontière. Sur place, il se rend compte que son engagement va faire de lui un traître à son pays, mais il ne peut pas revenir en arrière car la milice l'attend. Après avoir encouru bien des risques et entrepris bien des actions dangereuses, il découvre l'identité du réel ennemi de sa nation et l'amour d'une Israélienne, ce qui lui interdira tout retour au pays où il a été condamné à mort.

L'amour porté par Gérard Barrau au Moyen-Orient et tout particulièrement au Liban perce ici à chaque phrase, à chaque péripétie. Il y a vécu - si j'ai bien compris - et cela est donc tout-à-fait normal. Il souhaite, comme tant d'autres, voir la Paix s'y rétablir un jour et ce roman est, si j'ose dire, une sorte de prière laique en ce sens.

L'ensemble me semble pourtant souffrir d'un manque de naturel, surtout les dialogues avec, par exemple, cet "archange" que Hanna donne et redonne au protagoniste principal. Cela sonne peut-être bien en libanais ou en hébreux mais lu comme ça ...

Il est vrai que je suis agnostique et que le sujet ne m'accroche probablement pas assez. Tous ces gens qui se battent pour un bout de terre en prétendant de tous les côtés que Dieu (!!!) le leur a donné éveillent, je le confesse, mes instincts les plus voltairiens. Désolée.

Mais revenons aux détails techniques et littéraires sur lesquels portera mon appréciation finale.

Si l'intrigue est bien charpentée, le style, je l'avoue, pèche beaucoup - sans même compter les fautes de frappe et les répétitions. En outre, les personnages - sauf peut-être Henry mais n'est-ce pas celui que l'auteur connaît le mieux puisque, si l'on se réfère à la couverture de l'ouvrage, nous nous trouvons face à une autobiographie ? - sont très stéréotypés. Trop pour moi. Trop d'action aussi peut-être et pas assez d'analyse ? ... Il y a des moments où je me suis lassée, d'autant que, comme dans tout ouvrage, il y a quelques longueurs superflues.

Bref, j'ai de beaucoup préféré "Impitoyable Destin" mais, je le répète une fois de plus pour ce roman-ci, mon avis reste personnel et je m'en voudrais de blesser l'auteur qui, je l'espère, ne me tiendra pas rigueur de ma franchise. ;o)

Demain Peut-Etre - Didier Mérilhou

Le Thème :

Rachel à l'image de Cendrillon cherche à combler l'absence de son père. Sous le regard de Charles elle est brûlée par une passion dévorante. Sa soeur Stella compense par une carrière brillante l'échec de son mariage avec Jean, un écrivain. Celui-s'enfuit à Paris, rencontre une comédienne ravissante. Il reçoit un coup de téléphone anonyme menaçant de mort sa femme. Alors qu'il sort de son appartement celui-çi explose. Tous les personnages de ce roman sont rattrapés par leur passé. Quel sens donner à sa vie? Peut-être faut-il écouter comme St Amand le bruit des ailes du silence qui vole dans l'obscurité.

J'ai téléchargé ce roman deux fois, je l'ai lu, je l'ai relu, cherchant à fixer le sens des événements relatés mais je n'y suis pas parvenue et j'en suis sortie profondément insatisfaite.

Il est vrai que le passé hante à peu près tous les personnages et que, du fait de leur rapport de parenté ou/et de travail (Rachel est la soeur de Stella, celle-ci est le bras-droit de Charles, lequel a épousé Rachel alors que Stella épousait Jean, qui a, depuis le pensionnat, un contentieux avec Louis qui, lui-même, n'a qu'une seule ambition, la vengeance. Alors qu'il était encore au collège, Jean a en effet attiré Louis, surveillant à l'époque, dans un escalier où était tendu un fil de pêche. Louis a fait une chute mémorable, bien entendu et son orgueil en a pris un coup. Donc, en bonne logique, c'est de Jean que Louis devrait souhaiter se venger. Pourtant, c'est sur Charles et son entreprise qu'il met le paquet. Est-ce parce que Charles a épousé Rachel - dont il tente d'ailleurs de faire sa maîtresse ? ... J'avoue avoir perdu le fil et pourtant, honnêtement, j'ai essayé de le conserver), les intrigues s'entrecroisent de façon inextricable.

L'auteur, on le sent bien, est à fond dans ce qu'il écrit et le problème vient peut-être de là. En effet, on dirait que sa concentration est telle qu'il oublie de mentionner, à côté de tout ce qu'il confie au lecteur sur ses personnages et leur parcours, toute une foule d'événements et de détails pourtant primordiaux si l'on veut suivre l'action. De surcroît, celle-ci est menée tambour battant, dirai-je, un peu comme au théâtre, avec des raccourcis terribles qui donnent la sensation de brûler les étapes. On se croirait dans un kaléidoscope avec tout ce que cela implique de déstabilisation et d'éblouissement confinant à l'aveuglement partiel. Ou alors, c'est comme si le lecteur avançait dans l'ouvrage les yeux bandés.

C'est dommage car cela prive les personnages de toute réelle profondeur. Comme on ne saisit pas leurs motivations exactes ou alors seulement le quart d'entre elles, on les voit s'agiter un peu comme des automates ou des marionnettes. A peine a-t-on l'impression de commencer à approfondir avec l'un qu'on se retrouve face à l'autre et que tout est à refaire.

A moins qu'il ne s'agisse d'un parti pris de l'auteur. Auquel cas, cet avis prouverait simplement que je suis réfractaire à ses procédés, c'est tout - on ne peut ni tout aimer, ni tout comprendre et il faut de tout pour faire un monde. De toutes façons, mon avis reste un avis personnel et donné dans le cadre du Prix Alexandrie 2009, ne l'oublions pas. ;o)

Une Particule d'Eternité - Emmanuel Loscoat

Le Thème :

A l'aube de l'an 2000, Mathis, un jeune homme en quête de vérité et d'absolu, comme beaucoup de gens au cours de leur vie, va faire la connaissance de Théo, un homme mystérieux. Celui-ci va lui révéler de bien curieuses informations. Mathis va peu à peu apprendre à contempler la vie d'une façon différente qui va lui ouvrir les yeux sur la vraie nature de l'Homme et de son environnement ; nature cachée aux yeux de tous, ou presque, mais bien présente autour de nous. Cet enseignement va lui permettre de vaincre sa peur de la mort et de mieux apprécier la vie et la nature.

"Une Particule d'Eternité" déborde d'idées et de théories généreuses et optimistes (j'ai d'ailleurs la faiblesse d'adhérer à certains points soulevés). Et c'est bien pour cela que ce texte mériterait de nombreuses relectures - notamment pour corriger les erreurs de frappe et autres incorrections - mais aussi une refonte approfondie.

Tels quels, les personnages paraissent en effet encore trop schématiques.

Et puis, il y a trop de maladresse naïve dans la manière d'amener les événements - maladresse d'ailleurs excusable s'il s'agit là d'une première expérience dans l'écriture, ainsi que j'ai cru le comprendre. Toutes proportions gardées, on a l'impression d'assister à un beau rêve que viennent gâcher des ronflements sonores et tout à fait indésirables.

Mais évidemment, peut-être l'auteur est-il passé à autre chose et possède-t-il déjà une version plus aboutie. J'espère en tous les cas qu'il ne prendra pas mal ces quelques remarques qui ne représentent d'ailleurs qu'un avis personnel. ;o)

Les Noces Secrètes - Gérard Caramaro

Le Thème :

« Les Noces secrètes » sont, à la fois, le retour aux sources d'un amour jamais remplacé, le chemin vers cette racine de lumière, et la pérégrination exaltée qui s'ensuit. L'Amour, par-delà toute raison, quête idéale, absolue, quasi mystique, est aussi charnel, glaise, et puise ses racines dans les entrailles de la terre. Lucile est présente dans le coeur de tant d'hommes, cachée. Tant de femmes ont une Lucile en elles, ignorée.

Ce texte me pose un problème : en effet, la prose est lyrique, les envolées ambitionnent les sommets mais ... cela ne passe pas. Talleyrand disait :"Ce qui est exagéré en devient négligeable." Négligeables, ces "Noces Secrètes" ne le sont pas mais ici, l'utilisation abusive (et apparemment ravie) de formes précieuses nuit au lyrisme voulu par l'auteur en lui enlevant le naturel qui peut pourtant être le sien en certaines occasions.

Le thème, quant à lui, est archi-classique : la passion qui vainc et s'élève au-dessus des obstacles (la rupture, le départ, les années, le mariage, etc ...), la passion qui flambe, la passion qui régénère, la passion dont on se nourrit et qui vous nourrit, le tout sous la houlette d'un Marzin "enchanteur". (Pour les non-Bretons qui l'ignorent, "Marzin" est la forme celtique de Merlin. ;o) )

L'ensemble donne une très curieuse impression, à la fois brouillonne et déterminée, dense et creuse. Colette aurait sans doute dit : "Trop de cabochons." C'est d'autant plus regrettable qu'on sent bien, sous tout cela, quelque chose qui ne demande qu'à s'exprimer et qui y parviendra peut-être un jour si l'auteur élague et maîtrise un peu plus sa matière.

Bien évidemment, ceci n'est qu'un avis personnel, exprimé, je tiens à le rappeler, dans le cadre du Prix Alexandrie 2009. J'espère que l'auteur ne m'en tiendra pas rigueur. ;o)

Pré-Sélection du Prix Alexandrie 2009 : Votez !

Amies lectrices, amis lecteurs,

N'oubliez pas : vous n'avez plus que DEUX JOURS pour donner votre avis sur les ouvrages qui participeront à la sélection finale du Prix Alexandrie 2009.

DEUX JOURS : c'est peu et c'est beaucoup.

Nous comptons sur vous pour voter et permettre à quelques uns de nos auteurs de se sentir confortés dans leur besoin d'écriture.

Vous trouverez la pré-sélection ici, répartie en trois groupes : Romans - Nouvelles - Libres, à charge pour vous de répartir votre capital de 100 points entre un certain nombre d'ouvrages, dans chacune des trois catégories, selon vos préférences. Tous ces ouvrages - à l'exception de deux d'entre eux, dont un pour des raisons techniques - ont été répertoriés et présentés sur ce blog que vous me faites le privilège de lire et d'apprécier. Vous connaissez l'amour que je porte à la Littérature et vous avez pu constater la pertinence de nombre de mes remarques sur tel ou tel livre m'ayant plu - ou déplu. ;o) Les billets relatifs aux ouvrages actuellement en lice sur Alexandrie ont été rédigés avec un soin particulier et l'année 2009 aura été un bon cru : aussi donnez aux auteurs qui ont contribué à produire cette qualité la chance qu'ils méritent.

Ils comptent, je compte, Alexandrie compte - Nous comptons sur Vous.

Merci à toutes & à tous. ;o)

vendredi, avril 17 2009

Envers & Contre Toi - Jean-Claude Arevalo

Le Thème :

J’ai peu connu l’Espagne ; enfant, j’avais l’impression d’y être une intruse, et pourtant c’est sans doute là que j’ai appris à saisir les instants furtifs. Je suis à la merci d’une couleur, d’un accent, d’une émotion. Je reviens contempler, au-dessus des vagues, les gorges de Santa Cruz sans bouger de mon banc. » Rose parle : elle parle à elle-même et à Monique, qui est dans le coma. Elle parle de son mari, Luis, et de sa maîtresse qui vient de les rejoindre chez eux, dans une vieille usine. Luis est un peintre-sculpteur, Rose voue à son œuvre une admiration sans limites. Les articulations de ce livre, écrit comme une nouvelle, ne sont pas des chapitres : ce sont les derniers jours de Rose. Son histoire prend place aujourd’hui, mais c'est aussi une histoire intemporelle, celle d’un destin sans fracas et pourtant exceptionnel, d'un amour, d'une dette de l’enfance, d'un virage jamais abordé.

Une découverte surprenante que cet "Envers & contre Toi." Tout d'abord un style très personnel qui procède par phrases courtes mais jamais sèches, une façon non seulement de camper les personnages dans la lumière crûe du soleil et un décor de vieilles pierres propre au sud mais aussi d'y entraîner le lecteur, de lui faire sentir la chaleur, la poussière de l'atelier et le silence des longs après-midis. Une langue naturelle et poétique, avec de belles images qui partent du coeur de l'écrivain et ne tombent jamais dans le cliché pas plus qu'elles ne résonnent forcées. Donc, une langue qui accroche et qui retient.

Avec cela, un thème pas facile à traiter - le sacrifice d'une femme - qui aurait pu facilement basculer dans le mélo. Mais celui-ci n'est même pas effleuré. Le personnage de Rose, comme tous ceux qui l'entourent, en particulier Luis, Erika et bien sûr Régine-Angèle, sont crédibles du début jusqu'à la fin, probablement parce qu'ils ne sont en rien manichéens. On sent la dimension psychologique, le travail du romancier derrière eux, pour les façonner et leur donner une vie réaliste. Le plus étonnant reste quand même qu'un homme ait pu dépeindre avec autant de justesse, de pudeur, de tendresse, ce qui est le destin de tant de femmes (épouses, compagnes, peu importe) pourtant plus fortes et mieux douées que ceux auxquels elles acceptent de sacrifier leur énergie et leur talent.

"Envers & Contre Toi" de Jean-Claude Arevalo : inconstestablement l'un des meilleurs livres que j'ai eu le privilège de parcourir sur Alexandrie. Lisez-le, vous m'en direz des nouvelles. ;o)

L'Enfant de la Lune - Jean-Claude Arevalo

Le Thème :

Dans un village reculé du Lot, Jean connaît les plantes qui guérissent, les secrets des pierres levées, et les mystères qui s’y cachent. Au soir de sa vie in rencontre Barbara, une jeune fille pas tout à fait comme les autres. Ensemble, ils vont tenter de découvrir le passage, cet endroit réservé au seul initié. Entre rêve et réa lité, Jean et Barbara nous entraînent vers ce pays de pierre, de buis et de chênes. Mais, mademoiselle Malbhec, assistante sociale de son état, ne l’entend pas ainsi. Elle doit protéger Barbara de ce vieux fou de Jean.

"L'Enfant de la Lune" n'a pas la dimension intérieure d'"Envers & Contre Toi" ni cette tension d'écorché vif qui donnait à ce dernier texte toute sa puissance. Il ne nous en reste pas moins un bon récit, plus classique certes, avec des personnages un tantinet plus prévisibles mais, du moment qu'on accepte d'entrer dans le jeu (et l'auteur sait nous y entraîner dès les premières pages), on passe un bon moment.

Certains seront peut-être tentés d'évoquer le stéréotype au sujet des personnages. Mais c'est qu'ils n'ont jamais eu affaire aux services sociaux, toujours fort occupés à "protéger" des enfants qui n'ont pas besoin de l'être et à suspecter des parents qui ne songent qu'à donner le meilleur à leur progéniture, alors qu'ils referment sans états d'âme le dossier d'une famille de huit enfants notoirement reclus, déscolarisés et maltraités. En ce sens, le personnage de l'assistante sociale (tous comme les rivalités mesquines avec ses collègues et sa supérieure) est on ne peut plus réaliste. Certes, il existe bien du personnel social qui fait son boulot - et qui le fait bien. Mais disons que leurs collègues gaffeurs et mal intentionnés se font beaucoup plus remarquer et qu'un écrivain est toujours tenté de le faire savoir, surtout quand un enfant tenu pour "différent" est en jeu. Le désir manifeste de l'Education nationale de se laver les mains de ces mêmes enfants (en général à partir du collège) est aussi très bien vu : Arevalo forcit à peine le trait.

Cette histoire m'évoque Giono et plus encore Bosco ainsi qu'un bon nombre de livres d'auteurs plus modestes que j'ai lus dans mon enfance. Une atmosphère de merveilleux et de communion intime avec la Grande Mère Terre (non seulement par la Nature mais aussi par les cultes ici évoqués) plane sur l'ensemble et l'on est tenté de retrouver son âme d'enfant, au temps où tout était simple et où les gentils battaient toujours les méchants.

Peut-être y a-t-il moins de recherche au niveau du style même si l'on y retrouve la patte de l'auteur. Mais cela convient à l'intrigue - laquelle est correctement développée, avec quelques petites longueurs çà et là mais bon ... Un seul petit bémol : la mise en page de certains paragraphes serait à revoir ainsi que les majuscules utilisées après les paroles des personnages comme : "Où es-tu ? Dit-il ..." ;o)

Antò - Jean-Christophe Heckers

Le Thème :

Depuis le col on aperçoit la mer, très loin, et plus au sud, sur la côte, quand le temps est assez clair, la tache claire de la capitale. Trois jours de marche suffisent pour s’y rendre. Des hauteurs de sa citadelle, on discerne les montagnes, couronnées par le pic de la Miséricorde qui semble une dent de fauve posée à l’horizon. On devine que la région serait un terrain de chasse idéal ; pourtant, nul ne s’en approche sans nécessité impérieuse. Ici est la Forêt qui vous laisse, ou non, passer, qui vous garde ou vous rejette. Ici sont les Gardiens des refuges, tel Antò, qui prennent soin de ceux qui s’égarent dans les chemins traîtres des montagnes, les guident ou les raccompagnent. Gardiens qui, choisis par la Forêt, ne redescendent plus dans la plaine où règne le tumulte des hommes. Ce tumulte qui, soudain, propage ses échos jusqu’au fond des vallées, accomplissant, semble-t-il, les anciennes prophéties…

Avec son recueil de nouvelles "Presque rien", je tiens "Antò" pour le texte le plus abouti de Jean-Christophe Heckers.

Atmosphère à la fois envoûtante et onirique, imprécision spatiale et temporelle, mise en retrait des thèmes habituels (sauf celui de la Quête) au seul bénéfice de l'étrangeté et d'une forme d'anticipation, autant d'atouts pour ce roman assez court (cent-vingt pages) qui peut se lire comme la traversée d'un rêve éveillé dont on ne saura jamais s'il est en fait rêve ou réalité.

Qui est le héros ? D'où vient-il ? Où va-t-il ? Le jeune Antò est-il son double ou lui-même revenu d'une autre période de son existence ? Si oui, pour quelles raisons ? Et comment tout cela finira-t-il ? ... En ce sens, la fin, loin d'être frustrante, colle parfaitement à l'ensemble du texte. ;o)

Bazar des Anges - Jean-Christophe Heckers

Le Thème :

Admettons qu’un ange vous mette le grappin dessus. Mais doucement. En s’y reprenant à plusieurs reprises. Pourrez-vous être vraiment sûr qu’il ne veut que de l’aide dans sa lutte contre les démons ? Vous a-t-il sincèrement choisi pour vos qualités, ou aurait-il en tête d’autres projets vous concernant ? À votre avis ?

De livre en livre, Jean-Christophe Heckers impose son univers et ses thèmes. Il se sert d'une forme de SF-Anticipation pour traiter essentiellement de l'homosexualité et de cet instant, certainement difficile à oublier pour qui l'a vécu (homme ou femme), où le comportement hétérosexuel bascule et où l'on se découvre attiré par les personnes de son sexe.

En tous cas, tel est pour moi le thème récurrent de ce "Bazar des Anges", que l'on rencontrait également (si mes souvenirs sont bons ;o) ), dans "L'Etoile des Chiens."

Cette recherche de sa véritable nature sexuelle explique pourquoi l'on croise si souvent des doubles ou des clones dans l'univers héckersien. Des doubles, soit, mais jamais tout à fait comparables à leur original car l'être humain, son esprit de même que sa sexualité, est mystère - sauf pour les beaufs mais comme ceux-là lisent peu et ne liront jamais Heckers ... ;o) La nuance est d'importance et introduit la notion de la quête de l'image paternelle - modèle en principe absolu de la virilité - une quête accomplie aussi bien par les femmes que par les hommes et qui, dans certains cas (à mon avis plus proches de l'état originel que l'hétérosexualité, l'homosexualité ou le lesbianisme) aboutit tout naturellement à la bisexualité. (Les héros de Jean-Claude Heckers le sont très souvent, au début de ses textes.)

Mais "Bazar des Anges" peut aussi se lire (en tous cas pour les deux tiers) comme un roman fantastique et onirique, dans lequel les anges s'intègrent sans heurts à notre monde terrestre, y perdant l'aspect mystique et spirituel de leur fonction. La chair ne corrompt-elle pas, elle qui se corrompt si vite ?

Le style, quant à lui, est de bonne facture, la construction du roman est solide et, de toutes façons, on se laisse prendre à l'intrigue même si, je le répète et c'est le seul bémol pour moi, elle rappelle un peu trop, en moins oppressant cependant, celle de "L'Etoile des Chiens." *;o)

  • : J'ai su depuis que "Bazar des Anges" est en fait antérieur à "L'Etoile des Chiens."

De La Terre Jusqu'au Ciel - Georges Réveillac

Le Thème :

Voici une initiation à l'amour pour les jeunes de notre temps. Si tu as de bon yeux, derrière ce premier plan, tu sauras découvrir d'autres choses qui valent le voyage. « Venait-elle des contes de fées, cette magique conviction, laquelle s'accroche encore à mon être par tant de racines vivaces et que je me garderai bien désormais de détruire puisqu'en fin de compte elle m'a porté bonheur, conviction qui pourtant m'a valu une affligeante suite de déboires... Aussi loin que remontent mes souvenirs, j'ai toujours vu les belles créatures de l'autre sexe, adolescentes, jeunes filles ou femmes, comme des fées... Au sortir de l'avion, nous entrâmes dans un bain de chaleur plutôt moite : le premier baiser de l'Afrique... »

Si j'ai bien compris - et bien lu - nous sommes ici en présence d'une version "raccourcie" de "Mon amour" de Georges Réveillac. Ayant déjà parcouru les 431 pages de la première version, je renvoie donc au commentaire que j'ai fait - quelque part sur ce blog en l'occurrence et il y a déjà quelque temps - sur cette version "longue." ;o)

Neutrino - Patrick Bouchet

Le Thème :

Depuis quelques semaines, plus rien ne va dans la vie de Stephan : son directeur ne cesse de le harceler et sa femme menace même de le quitter. Un soir, pour se changer les idées, il décide de sortir faire la fête en compagnie de Gérald, un collègue de travail. Lors de cette soirée insensée, celui-ci lui dévoile son appartenance à une mystérieuse société secrète. Il lui propose alors de le présenter à cette confrérie afin que les guides spirituels acceptent de l’initier. Qui est le grand Osiris, gardien des traditions ancestrales ? Pourquoi certains membres portent-ils le nom de dieux égyptiens ? Cette énergie supérieure qu’ils appellent Kâ, existe-t-elle vraiment ? Stephan Bringel découvrira bientôt un monde occulte complètement surréaliste…

Loin de moi l'idée de mettre en doute le travail fourni par l'auteur sur ces presque trois-cents pages de roman mais une fois encore, je n'ai pas pu accrocher. Moins encore, je l'avoue, qu'avec "Hamanotha."

Sur le plan "aventures", nous sommes néanmoins en présence d'un roman valable, dans le style pulps qui, après tout, a ses aficionados, tout aussi respectables que les amateurs de Saint-Simon ou de James Ellroy. Mais il y a des longueurs - ce qui prouve en partie le plaisir pris par l'auteur à raconter d'ailleurs. Et surtout, les personnages sont sans profondeur réelle, ce sont des types, des placages en deux dimensions qui expriment de ce fait des émotions du même genre, à grand renfort d'adjectifs excessifs accolés à des mots neutres, ce qui nous donne des clichés comme "l'infâme Haton" (supérieur hiérarchique du héros au tout début du roman), la "cigarette diabolique" (pour un joint de cannabis) ou encore un intérimaire d'origine corse qui, bien évidemment, menace son patron (fatalement horrible, le patron) de plastiquer sa voiture.

Le manque de subtilité touche également la manière d'amener les différents épisodes qui composent l'action. On me dira qu'on n'a sans doute pas besoin de la subtilité d'un Henry James pour un roman d'aventures. Et c'est vrai. Je ne donne donc ici qu'un avis personnel, qui plus est dans le contexte du Prix Alexandrie 2009 où je me montre toujours très vigilante - et probablement moins indulgente que d'habitude. J'espère que l'auteur ne me tiendra pas rigueur de ma franchise d'autant que, avec l'imagination qui est la sienne et son goût pour l'ésotérisme et le mystique, je reste persuadée qu'il peut faire infiniment mieux. ;o)

Elle Avait Grandi - Yves Brard

Le Thème :

Après vingt ans de mariage, on ne compte plus, on se dit que c’est pour toujours. Brigitte et Bertrand incarnent, aux yeux des autres, un couple exemplaire. Consultant en vue, il brille en société alors qu'elle est devenue, par la force des choses, la femme de… Et soudain, l’équilibre est rompu. Elle, l’autre, celle qu’il a vu naître et grandir, devenue femme, vient brouiller les cartes. Ils se regardent tout à coup différemment et embarquent pour une croisade d’amour qui fait vaciller des vies dont les fondations semblaient indestructibles. En passant d'un regard à l'autre, tour à tour Elle(s) et Lui, l’auteur nous invite à vivre cette passion de l'intérieur, un chemin chaotique où le désir exacerbé est omniprésent, où les cœurs s'écorchent aux pierres coupantes de la jalousie, où les mots caressent ou cinglent alternativement, où chacun erre à la recherche du sens de sa vie…

Sans doute suis-je trop cynique pour pouvoir apprécier pleinement ce genre d'histoires certes touchantes dans le fond mais à mon avis un peu trop geignardes et repliées sur le nombril de ses protagonistes amoureux. Il s'agit ici, on n'en peut douter, de romantisme mais d'un romantisme sans passion - en tous les cas, je ne l'ai pas sentie percer.

A part cela,l'analyse des caractères est plutôt convaincante même si l'alternance "Lui/Elle" déstabilise parfois - peut-être en raison, tout simplement, de la lecture sur écran qui réserve parfois de ces petites surprises.

bOn notera l'effort constant au niveau du style./b En dépit de quelques clichés faciles (surtout dans les scènes érotiques mais Sade lui-même n'en était pas à l'abri, bien loin de là ;o) ) çà et là et du contexte (on gémit, on s'attendrit, on déprime, on remonte un peu la pente et puis, hop ! on se remet à penser à Lui/Elle, à ce qu'Il/Elle fait et pense loin de Lui-Elle, etc ...) et de plusieurs dérapages trop lyriques à mon goût, il est fluide et agréable. ;o)

Si Les Divinités S'en Mêlent - Didier Mérilhou

Le Thème:

Quatre divinités s'amusent à transgresser les règles en intervenant directement dans la vie de deux couples. Hégémon, dieu du pouvoir transforme Alex qui entreprend de licencier son patron. Eros, dieu du plaisir, pourra-t-il influencer Sam un homme tellement imprévisible ? Bella déesse de la mort, réserve non sans humour bien des surprises. Enfin Véritas, la déesse de la vérité affiche un ridicule qui ne trompe pas les humains. L'amour dans le couple retrouve ici une nouvelle jeunesse grâce au rythme endiablé de cette pièce vivante et bien ficelée.

Il y a du rythme, de l'allant, pas mal d'humour, les dialogues renvoient bien la balle. Pour autant, on a parfois l'impression de quelques longueurs et d'une superficialité des personnages qui les transforment en stéréotypes - cf. Jessica, la "femme soumise à la volonté de son époux devant Dieu."

Plus sûrement, on se demande pourquoi ces quatre divinités se préoccupent tant des affaires de ces deux couples de mortels. Ceux-ci ne paraissent pas en effet avoir une telle carrure, matérielle ou spirituelle, ou encore jouer un tel rôle dans la société ou l'Histoire, qu'ils méritent autant d'honneurs. (Pour ma part, j'ai même trouvé le personnage de Jessica terriblement "gnangan".) Mais enfin, on peut imaginer, surtout au théâtre, des Dieux qui s'ennuient tellement qu'ils en sont réduits à se distraire comme ils le peuvent.

La fin en outre m'a paru sibylline : Sam meurt-il ou sombre-t-il dans la folie lui aussi ?

Quoi qu'il en soit, __un petit moment de lecture agréable. ;o)

jeudi, avril 16 2009

La Vérité Vous Rendra Libres - Miscellanées - Maurice Nélis

Le Thème :

Le comportement de l’Église catholique, si peu conforme à l’enseignement du Christ, a contraint l'auteur, dès après l'adolescence, à mettre un terme à une pratique religieuse sans rapport avec l’esprit des Évangiles. La catéchèse de ses enfants fut pour lui le début d’une longue et profonde remise en question. Afin de clarifier et de préciser sa réflexion, il recourut à l’écriture. Commencée en 1980, cette pratique s’est poursuivie jusqu’à ce jour. Au fil des ans, s’est dessinée l’évolution d’une pensée qui finit par déborder largement du cadre religieux. De là découlent des réflexions sur un monde en pleine mutation : croissance sauvage, robotisation déshumanisante, multiplication des machines à décerveler, etc. À se demander si la Vie pourra résister à celui qu’elle a engendré : l’Homme. Enfin, ancien colonial, concerné par toutes les controverses sur la colonisation, l'auteur s'est efforcé de porter sur celle-ci un regard objectif, ne cherchant ni à absoudre, ni à condamner, mais à comprendre ce qui s’était passé.

C'est avec la méfiance d'une femme dont la famille et le peuple ont cruellement souffert de la religion catholique que je me suis penchée sur le livre de Maurice Nélis. Mais, à ma grande surprise - et je devrais sans doute écrire à ma grande joie - j'ai eu l'impression d'y rencontrer, en dépit de la différence d'âge et du choix de routes bien différentes l'une de l'autre, un esprit-frère.

En un style simple et surtout posé, loin de toute haine mais assumant sa révolte, avec fermeté et intégrité, Maurice Nélis fustige l'hypocrisie vaticane, le détournement constant, séculaire, des paroles du Christ par des prêtres-politiciens qui ne souhaitent qu'asservir le monde à leur pouvoir, la discrimination dont, depuis les fameux "Pères de l'Eglise", sont victimes les femmes au sein d'une Eglise si misogyne qu'elle va jusqu'à mettre son existence en péril en refusant le mariage à ses curés et le droit de se faire ordonner prêtre à celles qui le voudraient, le cynisme dans lequel ces faux disciples du Christ évoluent depuis deux millénaires, le démantèlement de Vatican II initié par Jean-Paul II et activement poursuivi par Ratzinger ...

A cette analyse, s'ajoutent toutes sortes de réflexions, sur les bouleversements créés dans notre société par l'essor fulgurant des technologies, essor inévitable mais qui a contribué à déshumaniser notre monde, sur la crise générée au Moyen-Orient par les moyens utilisés par Israël pour créer son Etat et aussi - cela m'a particulièrement frappée car, là encore, Maurice Nélis exprime des opinions que je partage largement - sur la colonisation européenne en Afrique noire.

Bref, un ouvrage qui vaut qu'on s'y intéresse et qu'on s'y attarde en notre époque où le "politiquement correct" est de rigueur en tout - et au mépris de tout. Et en ce qui me concerne, plus particulièrement, l'un de ces surprenants petits joyaux qu'on arrive parfois à découvrir au sein de la littérature en ligne. ;o)

Fragments - Frédéric Vasseur

Le Thème :

Découvrez des héros de légende, rencontrez les créatures qui nous protègent des forces obscures, voyez si un mort peut encore aimer, apprenez à monter un escalier... Au travers de ces seize histoires, vous allez angoisser, frémir, mais aussi, parfois, sourire. Donc, pas d'inquiétude, ayez confiance en l'auteur... ou pas !

Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça bouillonne pas mal dans la cervelle de Fred Vasseur. ;o) J'avoue avoir surtout apprécié les histoires purement fantastiques, laissant un peu de côté les nouvelles qui m'évoquaient assez E. R. Burroughs ("Un Bon Fils" par exemple). Non que celles-ci soient inférieures au reste de la production : simplement, je préfère les fantômes et l'insolite. Toutefois, en amoureuse des chats que je suis, j'ai particulièrement apprécié "les Veilleurs" et la fin du dernier des leurs.

M'ont aussi marquée : "Roland" et ses deux fins (laquelle est la meilleure ? Sur le plan sentimental, la deuxième, on songe à "Mrs Muir et le Fantôme" ; sur le plan strictement surnaturel, la première, y a pas photo.) ; "L'Escalier", une nouvelle subtile, où le mystère, quoique présent, est vraiment impalpable, et qui rappelle Wharton ou, en plus optimiste, De La Mare ; "Laetitia", à mes yeux la plus étonnante du lot et enfin "Jack O'Lantern", petit conte grimaçant et plein d'humour noir. Sans oublier "Le Messager" que - peut-être à tort - j'ai pris pour un hommage à Lovecraft bien qu'il s'y mêle des réminiscences des "Chiens de Tindalos", de Belknap Long qui fut, de toutes façons, un familier du Solitaire de Providence.

Pour autant, Vasseur ne copie pas, il possède un style qui lui est propre, très naturel (ce qui suppose pas mal de travail, d'ailleurs ou une chance inouïe mais mieux vaut parier sur la première hypothèse), qui tombe parfois dans le langage "parlé" - pas toujours à bon escient mais ce n'est que mon avis. La construction des intrigues est étudiée et cohérente, les chutes ne sont pas toutes surprenantes (il est vrai que les nouvelles varient d'un genre à l'autre et que toutes n'ont pas en fait besoin d'une fin étrange) mais même si on en devine certaines, on est toujours curieux de savoir comment l'auteur va les amener.

Donc, si Fred Vasseur remet la table, je me joindrai aux autres convives. ;o)

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