"Rosa Rosarum" ou Le Monde Selon Mathieu Goux
Par woland le mercredi, novembre 28 2007, 12:55 - Alexandrie 2008 : Journal de Bord - Lien permanent
Grand lecteur devant l'Eternel et écrivain tout aussi fiévreux, Mathieu Goux nous donne, avec "Rosa Rosarum", une réflexion sur la lecture, l'écriture et les mots en général, qu'on est tentée de qualifier d'apocalyptique.
Avant de lire ce livre, il faut savoir qu'il vous aspire comme un gigantesque siphon jusqu'aux confins de tous les raisonnements sur l'art des mots. A certains moments, on évoque Borges mais le plus souvent, on se dit qu'on est en présence d'un phénomène tout à fait unique.
Une bonne partie de l'action se situe dans une très vaste bibliothèque qui, peu à peu, prend des couleurs maléfiques. La folie en effet n'est pas loin, des puits sans fonds s'ouvrent sous les pieds de celui qui y erre et les étagères de livres tournent et tourbillonnent, se refermant peu à peu sur un esprit qui se délite ...
Mais se délite-t-il vraiment ? ...
Ce n'est pas une mais trois intrigues qui se confondent ici, toutes trois efficacement reliées par des fils pourtant quasi invisibles. A la différence des "Voleurs d'Anges", la dynamique n'a rien à voir avec le roman populaire mais même en évoquant le genre fantastique, on est encore loin de la nature de cet étrange et remarquable ouvrage.
Je le dis tout net : "Rosa Rosarum" est le roman que je défendrai pour le Prix Alexandrie 2008 du Jury car, de tous les livres en présence cette année, toutes catégories confondues, c'est lui le plus étrange, le plus fascinant quant à ses moyens et à sa fin, le plus original - le plus spécial.
Un livre à lire, certes mais pas sans prendre ses précautions de lecteur. ;o)
Commentaires
C'est également le livre pour lequel j'ai apporté ma voix, malgré une petite hésitation (Les Enfants de l'Ô provoquant aussi mon admiration...).
Je n'avais pas lu de texte aussi prenant, déroutant, depuis bien longtemps, et je n'en ai pas encore épuisé toutes les richesses. C'est un livre terriblement exigeant, sur lequel il faut revenir sans cesse. De toute la sélection (et je me mets dans le lot), s'il n'y avait qu'un ouvrage à retenir, ce serait bien celui-ci!
Cher Jean-Christophe,
Non seulement tu as du talent mais encore, tu es fair-play. J'ai voté pour "Presque Rien" dans la catégorie Nouvelles et je ne le regrette pas, d'autant que le match qui se déroule dans cette catégorie, moins acharné semble-t-il que pour l'emblématique Prix du Roman et pour celui de la catégorie Mixte, est vraiment tout aussi beau.
Et puis, j'aime le fair-play. Un artiste véritable sait reconnaître les qualités de ses confrères et n'hésite pas à les dire. Mais, au-delà le don de créer - d'écrire pour nous - cette qualité si précieuse - cette élégance suprême - vient de l'âme. Cette qualité, cette élégance sont tiennes : merci de les faire rayonner un peu sur ce Prix 2008.
Bises et à bientôt !
W. ;o)
PS : c'est vrai que, pour les romans, j'ai hésité moi-même entre "La Sagesse ...", "Rosa ..." et "Ô", trois textes de très grande qualité. Dur, dur, de choisir, cette année ! Mais c'est bien parce que ça prouve qu'Alexandrie rassemble de plus en plus d'écrivains de qualité. ;o)
Ce livre-là, il m'a fallu du temps d'abord pour y entrer, ensuite pour en sortir. En plus, j'ai du fractionner ma lecture. Le texte est sacrément dense, très soigné, très littéraire et c'est sûr, on n'a pas toujours la tête à ça.
Je ne peux pas dire que ça m'a déplu mais plutôt que ça m'a laissé une impression bizarre. Après, je me demandais si ça valait la peine de lire, d'écrire ... Et puis, j'y repensais et je me disais que le héros n'avait pas toute sa tête et qu'il ne fallait pas tenir compte de tout ce qu'il racontait à sa petite-fille.
C'est vraiment un bouquin spécial. Pour le définir, je dirai un peu magique mais pas forcément d'une magie sympa. Pourtant, sa magie n'est pas non plus mauvaise à 100%. Ca dépend peut-être de la manière qu'on a de le lire et aussi de la façon dont on regardait les mots, l'écriture, tout ça ... avant de le lire, justement. Peut-être aussi que le lire une fois ne suffit pas : il ressemble tellement à un labyrinthe. Ou alors, vous savez, à ce genre d'image où il y a des tas de choses cachées mais qu'on ne voit pas au premier coup d'oeil ? ...
Ah ! oui ! Lire ce texte d'une seule traite est chose impossible, je suis bien de votre avis !
Il faut aussi revenir parfois en arrière et même, comme vous le suggérez, le relire afin de mieux l'appréhender. Plus on le lit, plus on découvre en lui de choses étonnantes, contrariantes, intriguantes, que sais-je encore ? ...
Un texte unique.
Cordialement :
W. ;o)