Grand lecteur devant l'Eternel et écrivain tout aussi fiévreux, Mathieu Goux nous donne, avec "Rosa Rosarum", une réflexion sur la lecture, l'écriture et les mots en général, qu'on est tentée de qualifier d'apocalyptique.

Avant de lire ce livre, il faut savoir qu'il vous aspire comme un gigantesque siphon jusqu'aux confins de tous les raisonnements sur l'art des mots. A certains moments, on évoque Borges mais le plus souvent, on se dit qu'on est en présence d'un phénomène tout à fait unique.

Une bonne partie de l'action se situe dans une très vaste bibliothèque qui, peu à peu, prend des couleurs maléfiques. La folie en effet n'est pas loin, des puits sans fonds s'ouvrent sous les pieds de celui qui y erre et les étagères de livres tournent et tourbillonnent, se refermant peu à peu sur un esprit qui se délite ...

Mais se délite-t-il vraiment ? ...

Ce n'est pas une mais trois intrigues qui se confondent ici, toutes trois efficacement reliées par des fils pourtant quasi invisibles. A la différence des "Voleurs d'Anges", la dynamique n'a rien à voir avec le roman populaire mais même en évoquant le genre fantastique, on est encore loin de la nature de cet étrange et remarquable ouvrage.

Je le dis tout net : "Rosa Rosarum" est le roman que je défendrai pour le Prix Alexandrie 2008 du Jury car, de tous les livres en présence cette année, toutes catégories confondues, c'est lui le plus étrange, le plus fascinant quant à ses moyens et à sa fin, le plus original - le plus spécial.

Un livre à lire, certes mais pas sans prendre ses précautions de lecteur. ;o)