La Sagesse des Fouch ou Le Triomphe de l'Anti-Conformisme
Par woland le mardi, novembre 27 2007, 14:13 - Alexandrie 2008 : Journal de Bord - Lien permanent
Avec "La Sagesse des Fouch", certainement le roman le plus jubilatoire de la cuvée alexandrine 2008, Jérôme Nodenot soumet à son lecteur le problème suivant :
La société dans laquelle nous vivons, consumériste et "politiquement correcte" à outrance, est loin d'être un modèle idéal. Peut-on y survivre - et dans de très confortables conditions - si l'on choisit non pas l'anarchie - laquelle implique toujours une certaine idée de violence - mais un anti-conformisme malin et résolu, qui n'est pas loin d'évoquer l'esprit de révolte du Siècle des Lumières ? ...
Tel est le combat de M. et Mme Fouch, les deux héros de ce conte acéré, cruel peut-être, mais où l'humour fait bon ménage avec le cynisme. La prouesse de l'auteur, ici - car il y a prouesse, lisez "La Sagesse ..." et vous en conviendrez avec moi - réside dans le fait que, sous une intrigue et avec des personnages qui semblent vraiment badiner, se pose une question cruciale et même existentielle : le rapport de l'individu moderne avec la société qu'il a créée - ou laisser se créer.
Et il y a encore une foule de choses à faire émerger de l'étude de ce passionnant roman. Cela sera l'objet de plusieurs autres billets que je me réjouis de rédiger dans les jours qui viennent. Surtout, n'hésitez pas vous-mêmes à commenter celui-ci !;o)
Commentaires
De l'éclat et du punch ! Aucune longueur inutile ! Et jamais une once de grossièreté ou de complaisance ! Même dans cette histoire d'échangisme ! Beaucoup d'humanité aussi : de nos jours, c'est tellement rare !
Bravo encore à l'auteur : jeune homme, continuez !
Salut. Moi aussi, j'ai aimé ces faux hurluberlus de Fouch, leurs idées pas piquées des hannetons, leur sexualité surprenante et leur malice (il y a de beaucoup de malice dans ce bouquin).
Mais un truc m'a échappé : le rêve de la fin. Ca veut dire quoi, exactement ? ... En plus, ça ressemble à une claque ou à une douche froide. Je dis pas que ça fait vraiment peur encore que ...
Voilà tout ce que je voudrais comprendre. Merci de m'expliquer, si vous le pouvez. Je repasserai.
TNT
Dans cette catégorie aussi, mon choix s'est avéré tout aussi difficile. J'en veux pour preuve mon commentaire :
Il s’agirait, presque, d’une thèse soutenue par l’auteur, mais, dirais-je, écrite et développée dans un style d’auteur écrivain. Ce roman est surtout composé, comme le souligne l’auteur, de fragments narratifs, ou méditatifs, et cet ensemble interpelle forcément le lecteur. Je crois que, quelles que soient nos motivations, au fil de nos tranches de vie, nous évoluons, nous identifions et passons d’un conditionnement à un autre, tout en voulant nous en défendre. Tel l’adolescent qui pense s’arroger le droit à la différence. Ne s’est-il pas, au bout du compte, fondu, lui aussi, dans un moule ? Fouch l’a bien compris et là est sa lutte. Jérôme Nodenot démontre, entre autres, la faiblesse de l’homme qui, croyant se démarquer des autres, ne fait que se laisser modeler au fil des générations et des siècles. Déterminer la valeur intrinsèque d’un homme, aux yeux de la société, est une utopie. Ce qui m’amène au mélange des classes sociales, où je n’y vois qu’un semblant de verni pour le « juste dehors » et ne va pas au-delà, ce qui induit, obligatoirement, l’intolérance. La lutte contre son milieu d’origine, l’on peut y arriver et gagner. J’en suis persuadée, mais pour un temps, un temps seulement. Quant au mimétisme, voilà un mot que j’affectionne particulièrement. Il est une aide précieuse pour la formation de sa propre individualité. Avec cependant, une condition essentielle : ne pas se cantonner à un seul modèle. C’est ainsi que l’on forge sa propre personnalité. C’est vrai et c’est un comble. Copier pour devenir un « moi ». L’image du jeu de construction est formidablement bien adaptée. Pourquoi j’ai aimé ce roman ? Mais c’est évident ! En aucun cas, il ne peut laisser indifférent. En voiture, on regarde le paysage, [en lisant « la sagesse des Fouch » on s’observe dans notre société car, la société, c’est bien nous !