Les Manuscrits Ne Brûlent Pas.

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A Lire sur Alexandrie.

Fil des billets

samedi, octobre 6 2007

La Terre en Danger ... - Bruno Leclerc du Sablon.

Le Thème :

Cet essai rassemble des expériences et reflexions personnelles sur l'énergie éolienne et les énergies renouvelables. Il raconte, dans les deux premiers chapitres, les travaux de l'un de mes aieux, inventeur des éoliennes auto-régulatrices, ceux de mon grand-père, pionnier de l'hydroélectricité et des miens, promoteur de la plus grande ferme éolienne existante en France en 2006. Ces narrations amènent à évoquer l'histoire du développement de l'énergie électrique dans notre pays et à proposer quelques idées pour un emploi massif des ressources en énergies renouvelables. L'essai aborde, dans sa seconde partie, une approche critique de la politique nationale en matière d'énergie et reprend, en guise de conclusion, une partie des commentaires formulés par la presse sur le film d'Al Gore, "Une vérité qui dérange", après sa présentation en France.

L'auteur connaît indiscutablement son sujet et plaide avec passion tout au long des 44 pages de ce court essai.

Certains lui reprocheront sans doute d'utiliser quelquefois des termes un peu trop spécifiques mais je vois mal comment il aurait pu se permettre le contraire. ;o)

En ce qui me concerne, je suis loin d'être une passionnée, encore moins une spécialiste dans la matière mais j'ai particulièrement apprécié l'aspect "histoire" de l'ouvrage : tenter de retracer l'historique d'un phénomène soulève toujours de l'intérêt chez moi et m'amène souvent à m'intéresser plus largement au problème traité. Souvent en effet, le fait de découvrir et d'analyser les racines d'une chose, d'une histoire, etc ... permet de mieux comprendre son apparition et ses conséquences. En ce sens, la démarche suivie ici par Bruno Leclerc du Sablon est astucieuse et méritoire. ;o)

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vendredi, octobre 5 2007

Amours de Papier - Pierre-Alain Gasse.

Le Thème :

Femmes rencontrées, femmes aimées, femmes fantasmées, femmes rêvées, femmes manquées. C’est à une sorte de parcours initiatique que Pierre-Alain Gasse vous invite aujourd’hui. Le titre qu'il avait choisi initialement en était « Les femmes et moi » : il lui a paru trop fanfaron. Car, en réalité, ce "moi" évoqué par l'auteur est autant lui-même qu'il est un autre. Certes, toutes ces femmes de papier, il leur a donné vie. Mais il serait illusoire de chercher à chacune un modèle en chair et en os. C’est le privilège de l’écrivain de garnir son carnet d’adresses et son livre de souvenirs de noms, de visages, de corps, immatériels et pourtant si vivants ! Au bout du compte, que reste-t-il des amours vécues, sinon les mêmes souvenirs, plus aigus peut-être, que ceux des amours de papier ?

La qualité est toujours au rendez-vous des oeuvres de Pierre-Alain Gasse et "Amours de Papier" ne fait pas exception. Je note cependant au passage pour les puristes que deux des nouvelles qui s'y trouvent ("Le Baiser de la Tousssaint" et "La Fille de l'Ankou") ont déjà été publiées la première dans "Soliloques" et la seconde dans "Noir à l'Ouest."

Le thème choisi par l'auteur est ici l'amour sous toutes les formes qu'il a pu revêtir pour lui - car, tout de même et sauf erreur de ma part, le tout est fortement teinté d'autobiographie. Il y a beaucoup de nostalgie et aussi d'amusement dans tout cela, une sorte d'ironie douce parfois qui nous confirme une fois de plus la tendresse de l'écrivain pour ses congénères.

Si vous avez aimé les autres volumes de Pierre-Alain Gasse et si, de surcroît, vous avez un tempérament romantique (ce qui n'est pas toujours mon cas, je le précise :wink: ), vous serez séduit par ces "Amours de Papier." Bonne lecture ! :polichap:

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et sur le site de l'auteur.

Vous Autres - Jean-Christophe Heckers.

Le Thème :

Une agence de renseignement qui ne produit que de la confusion, quelques cadavres assaisonnés à la sauce tomate et farcis de parmesan qui donnent l'occasion à un de ses agents de partir en mission : voilà un bien curieux point de départ pour les mésaventures de Benoît Carlsen. Jusqu'où cette première - et peut-être dernière - mission va-t-elle le mener ? Dans une plongée dans l'absurde, pour commencer. Et le voilà peu à peu entraîné, de fausse piste en fausse piste, sans pouvoir prédire où tout cela le mènera... Tentons de le suivre au travers d'un rapport, son seul confident fiable … et encore …

Un roman habile dont l'intrigue rappelle à dessein le serpent qui se mord la queue et qui cite officiellement les "Mémoires trouvés dans une baignoire" de Stanislas Lem comme d'ailleurs l'essentiel de l'oeuvre, très particulière, de l'auteur de SF européen, à dix mille lieues, soulignons-le, de la production américaine.

Le héros, Danois mâtiné de Breton, reçoit une "Mission" qui semble des plus complexes. Il appartient à une Agence fondée en références justement à l'oeuvre de Lem - et surtout aux "Mémoires ..."

Bref, la couleur s'annonce clairement au lecteur connaissant un peu Lem. Pour les autres, cela sera certainement différent. Signalons cependant que "Vous autres" est écrit d'une plume allègre et volontiers humoristique, ce qui allège le climat.

Une agréable surprise qui n'est pas tout à fait une surprise pour moi cependant puisque, au vu de ce que j'ai pu lire de la production de Jean-Christophe Heckers jusqu'ici, je ne doutais pas qu'il fût capable de varier ses thèmes et d'affiner son écriture. ;o)

A lire sur Alexandrie.

L'Etoile des Chiens - Jean-Christophe Heckers.

Le Thème :

David, propriétaire d'une petite librairie sans grande prétention, voit sa vie basculer à la suite du tragique accident qui frappe son ami, Stéphane, écrivain doué et reconnu dès son premier roman. Dès lors, tout s'enchaîne très rapidement, et David se trouve bientôt au cœur d'évènements étranges qui semblent tous converger vers la même cible : Stéphane …

Bien qu'il m'ait semblé légèrement déséquilibré quant à sa construction - la seconde partie, le "voyage" plus précisément me semblant trop "grossi", trop insistant par rapport au début et à la fin de l'oeuvre, j'ai beaucoup aimé ce roman.

Car la chute, dont le lecteur expérimenté se doute cependant qu'elle ne peut manquer de surprendre, est excellente et très bien amenée : elle ressemble à un éclat de rire vaguement diabolique dans le lointain ... ;o)

Très différent du style d'"Equinoxe" - mais comment user de ce dernier tout au long d'un roman de SF de 231 pages, à moins de s'enfiler constamment speed et autres produits similaires ? - le style de "L'Etoile des Chiens" est régulier, net, sans grandes trouvailles peut-être mais agréable.

Impression curieuse - qui étonnera peut-être Jean-Christophe Heckers : j'ai eu l'impression qu'il se cherche encore au point de vue, justement, du style, qu'il se sent d'autres possibilités et les sonde. Pourquoi, comment ai-je pensé cela ? ... Il me faudrait analyser cela plus en détail. Disons qu'il m'a donné l'impression de "retenir" son style - ce que je connais très bien moi-même. Enfin, peut-être fais-je erreur et suis-je pitoyablement subjective.

En tous cas, "L'Etoile des Chiens" promet beaucoup.;o)

A lire sur Alexandrie.

mardi, septembre 25 2007

Moi, Elvis, le King de la Maison - Kerryl.

C'est l’histoire d'un chat, le sien, prénommé « ELVIS », à qui l'auteur a donné la parole pour qu’il puisse vous raconter tout cela lui-même. Il vous confiera ses joies et ses peines au quotidien et vous invitera à vous glisser au sein de sa famille d’accueil. Quand on dit que les animaux ne savent pas parler, vous verrez que ce n’est pas tout à fait exact ! C'est une petite histoire sans prétention qui démontre ce qu'un animal peut ressentir face aux humains, car on sait qu'il a le don de parfaitement se faire comprendre avec ses moyens personnels...

De sympathiques "mémoires félins" qui prouvent l'amour de l'auteur envers les animaux. Certains se sentiront néanmoins agressés par le ton "pamphlétaire" de certains passages concernant la désinvolture et le mépris plus que regrettables avec lesquels sont trop souvent traités les animaux de compagnie par des personnes qui, de fait, ne les considèrent que comme des jouets, voire des kleenex jetables à merci. Mais ce ton fait partie, à mon sens, de la personnalité de l'auteur, qui l'a déjà utilisé, avec encore plus de force, dans "Dans la Peau du Fric."

Un détail qui a son importance : il faut revoir la ponctuation du texte (beaucoup trop de points d'interrogation et d'exclamation surtout qui n'ont que faire là où ils se trouvent) et bien entendu les fautes d'orthographe et coquilles habituelles. Cela ne pourra que servir le manuscrit si son auteur compte le présenter ailleurs que sur Alexandrie. ;o)

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Hamanotha - Patrick Bouchet.

Le Thème :

Alexandre Amand est enseignant-chercheur à Nice où il mène une vie tranquille avec sa famille. Malheureusement, à la veille de Noël, un terrible drame va bouleverser son existence.

Meurtri au plus profond de sa chair, il décide de rejoindre son vieil ami, le père Estran, qui habite en Avignon. Au cours de nombreuses péripéties, ils découvriront ensemble un manuscrit, écrit par un vieux moine, qui évoque une mystérieuse prophétie. Alexandre commencera alors une longue quête spirituelle. Il accèdera aux limites de l'esprit humain, et sa conception du monde en sera totalement transformée.

Découvrira-t-il la vérité sur cette inquiétante prophétie ? Décryptera-t-il les visions qui le tourmentent ? Seul, il devra lutter pour réussir l'impossible...

Le récit est bien construit en dépit de quelques erreurs flagrantes de syntaxe et l’intrigue en vaut bien une autre. D’où vient alors qu’il m’a été foncièrement impossible d’y adhérer ?

Je l’avoue sans fard, le ton général, qui sombre souvent dans le larmoyant (surtout au début), y est pour beaucoup. Et puis, quand un drame aussi épouvantable que celui évoqué dans les premiers chapitres du roman frappe un homme (ou une femme), il trouve, pour s’exprimer, d’autres termes que des clichés tout faits. Quoi ! Cet homme voit sa fille et sa femme disparaître dans la nuit, happées par un chauffard, et le lecteur n’a droit qu’à des analyses de sentiments des plus convenues ? … Je suis désolée et peut-être suis-je trop exigeante mais il m’en faut plus, beaucoup plus pour croire à la profondeur de sa douleur, mieux : à la sentir.

Attention ! Je ne rejette pas l’invraisemblable mais je veux qu’il parvienne malgré tout à me convaincre de ses qualités. Or, ce mélange de SF et de mystique qui, je le répète, en vaut pourtant bien d’autres, ne m’a absolument pas convaincue. Je n’y ai vu que superficialité, un surf supplémentaire sur la vague « Prophéties en tous genres. » Je n’ai rien contre : mais pareil exercice se doit ou d’être particulièrement étançonné, ou particulièrement poétique. Et ce ne fut pour moi ni l’un, ni l’autre.

Il reste entendu que je parle pour moi seule et je conçois que mon opinion ne soit pas partagée par tous, voire qu’elle demeure minoritaire. Il faut de tout pour faire un monde et c'est tant mieux. ;o)

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lundi, août 27 2007

Des Hauts & des Bas - Christine Notti.

Le Thème :

Léo et Léa : Un homme, une femme, une rencontre et des liens qui se tissent grâce à deux enfants aux prénoms semblables... Un SDF vous aide à vous diriger au milieu des grèves du métro. Et si cet homme de la rue n'était pas un inconnu ?

Comme toujours avec Christine Notti, des nouvelles bien ficelées.

La première est sympathique, drôle, à la fois acide et tendre.

La seconde semble rejoindre - en tous cas au début - les paysages sombres et grinçants déjà brossés dans "A Quoi Bon ?" Ce qui fait que j'ai été déçue par sa chute qui fait virer le tout au rose. Ceci dit, il est possible que je n'ai pas bien saisi l'histoire : car enfin, sans vouloir la déflorer pour de futurs lecteurs, ce SDF, qui est-il exactement ? une réalité ? ou un rêve que la fatigue a engendré dans l'esprit de l'héroïne ? ...

Quoi qu'il en soit, j'ai aimé. ;o)

A lire sur Alexandrie.

Eclipse - Jean-Christophe Heckers.

Le Thème:

Le narrateur, pour une fois, c'est vous. Situation inacceptable. Peut-être. Tant pis pour vous. Il est trop tard. Et pour refuser, et pour se poser des questions: là où vous êtes, il y a quelque chose de faussé, les réponses seraient donc forcément incorrectes. Ce n'est pas si grave. Vous pouvez toujours serrer les dents si ça vous déplaît: ce n'est qu'un mauvais moment à passer...

Un texte qui se replie en boucle fermée sur un style incisif, aux phrases courtes, parfois abruptes, souvent poétiques, le tout sur un fond nettement surréaliste.

C'est dire qu'il ne plaira pas à tous. Tel qu'il est pourtant, il regarde de façon décidée vers l'originalité, vers ce qui sort des sentiers battus - sauf peut-être en ce qui concerne ses personnages, qui se meuvent dans un univers marqué au coin du futurisme. Cette nouvelle est d'ailleurs rangée, et avec raison, dans la Section SF.

Un texte en tous cas qui donne au lecteur un tant soit peu curieux le désir de lire autre chose dans la production de Jean-Christophe Heckers.

A lire sur Alexandrie.

dimanche, mai 27 2007

Ishtar Terra - Carine Geerts.

Le Thème :

Il y a plus de cinq mille ans, dans une plaine limoneuse et fertile ; un peuple, grâce à son génie et sa culture, a jeté les bases d’un empire qui domina tout le Proche-Orient antique. Babylone et Ishtar en incarneront à jamais la puissance et la gloire. La civilisation mésopotamienne, effacée de notre souvenir par un énorme séisme déclenché par une météorite, ressurgira miraculeusement de son linceul de terre et de poussières, sur la planète Vénus, rebaptisée plus tard, à juste titre : « Ishtar Terra ».

Les amateurs de SF sur fond historique apprécieront certainement cette histoire qui mêle habilement descriptions technologiques et souffle romanesque.

Justement, en raison de ce souffle, de cette passion, qui sont indubitables, on regrette que certaines situations paraissent trop "convenues."

Les personnages auraient beaucoup gagné, je le pense, à se voir plus fouillés psychologiquement. Je songe par exemple à Matthew.

Et puis, il faudrait peut-être relire le texte pour en gommer certaines petites erreurs comme par exemple (je suis désolée, je n'ai pas noté la page mais comme j'étais à fond dans l'histoire, bien sûr, ça m'a frappée) : "Matthew lui dit ..." et, immédiatement en-dessous, dans le dialogue : " Il .... dit Matthew ..." Mais enfin, des fautes et des coquilles, nous en conservons tous dans nos manuscrits. ;o)

Mais pour un premier roman, c'est très honorable.

PS : la preuve, deux jours après avoir mis ce billet en ligne, je me suis rendue compte que j'avais laissé un émoticone et que le "gras" n'avait pas pris sur la dernière phrase. ;o)

mercredi, mai 23 2007

Embarquement Immédiat - Mary J'Dan.

Le Thème :

Des faits pour le moins étranges se produisent à Cristal. Deux très énigmatiques personnages sillonnent cette mégalopole et prétendent qu’ils ont des messages à transmettre. Quels sont-ils et qui sont-ils ? Une enquête, peu banale, sera conduite par un groupe de personnes déterminées. L’une d’entre elles élucidera ce mystère mais trop tard pour le communiquer aux autres. Cela aura-t-il une quelconque incidence sur le déroulement et la quiétude de la vie sur Cristal ?

À Paris, Prudence Safety apprend que tous nos rêves ne nous appartiennent pas et que, de la vie à la mort, une passerelle existe. L’embarquement direct n’est pas possible.

De notre planète à Cristal, de Cristal à notre univers, Luna, messagère et guide, offre aux élus la chance d’un dernier adieu. Prudence, quant à elle, intermédiaire et hôtesse les reçoit pour un petit « coup d’amour » et d’espoir. Elles lèvent enfin le voile sur ce secret enfoui depuis la nuit des temps : et après la vie… ?

La joie d'écrire est ici quasi palpable et donne à l'auteur la possibilité, ô combien précieuse, de créer un ton naturel et des dialogues qui font authentiques.

La construction est solide, les divers "mystères" s'enchaînent avec aisance - et croyez-moi, ce n'est pas là exercice facile - et le lecteur, fatalement, se pique au jeu : il veut savoir.

Les amateurs de romans d'aventures seront ici en joie. Il en sera de même, je le pense, pour tous ceux - et ils sont nombreux - qui se posent des questions sur la survie de l'esprit après la Mort.

Mary J'Dan nous propose sa version personnelle de la chose, version qui vaut autant que les fameux "tunnels" de certains et qui, sur le plan strictement romanesque, est beaucoup plus valable.

Un petit bémol cependant : à mon avis, les chapitres se rapportant à Prudence devraient constituer un texte à part, sans numérotation romaine, mais continuant, bien entendu, à s'imbriquer dans le texte à la troisième personne.

Et puis, bien sûr, je m'interroge : l'auteur n'envisage-t-elle pas de produire un jour, sur un sujet qui lui tient visiblement à coeur, quelque chose de moins sentimental et, peut-être, de plus fantastique ? Je ne sais trop ce qui me fait poser cette question mais, çà et là, il me semble avoir perçu que la chose serait possible ...

A noter que "Embarquement indirect" est le premier volume d'une trilogie poursuivie avec "Les Voleurs d'Ange" et "La Naine du Sagittaire", sur lesquels je reviendrai prochainement.

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mardi, mai 22 2007

Rosa Rosarum - Mathieu Goux.

Le Thème :

Une malédiction est-elle génétiquement transmissible ? Tout porte à le croire : lorsqu’un honnête garçon croise la route d’une mystérieuse rose perdue au milieu de nulle part, il lui semble développer un mal inconnu qui, petit à petit, le détruit. Hallucinations, doutes, il s’écarte, de déception en déception, de tout ce qui faisait jadis sa joie de vivre. Sa fille aura à subir le même sort, ainsi que son fils et le fils de celui-ci.

Rien ne semble pouvoir entraver la marche de ce mal curieux, ancré profondément dans la moindre de leurs pensées. Chacun aura pourtant la même méthode pour lutter : écrire. Que ce soit au moyen d'un journal intime, de romans ou de fictions les mettant en scène, les personnages cherchent avec désespoir une issue honorable mais finissent par se perdre dans leurs propres textes…

Comme toujours avec Mathieu Goux, un style particulièrement dense, touffu et recherché qui ne plaira pas à tous. Mais ici, il a construit un véritable roman où se mêle réalité et fantasmes, analyse implacable de l'égocentrisme d'un homme et résurgence de l'éternel conflit oedipien.

A cela, s'ajoute l'une des plus curieuses réflexions sur la lecture et l'écriture qu'il m'ait été donné de ... lire. ;o) Les lecteurs boulimiques apprécieront - ou peut-être pas : beaucoup en sortiront déconcertés, déroutés. Mais force est de constater que cette réflexion, si étrange qu'elle soit, débouche sur d'autres voies inexplorées.

Pour moi, un petit regret que j'exprime sans complexe bien que je sois une adepte du style recherché et littéraire par excellence. D'abord, l'auteur oublie trop souvent le "pas" qui va avec le "ne" et ensuite, un excès de préciosité, à la Huysmans par exemple, peut nuire en notre XXIème siècle. Au reste, Mathieu Goux a, à mon sens, suffisamment de talent et d'idées pour se passer de ces procédés. ;o)

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dimanche, mai 20 2007

Petites Histoires Mancuniennes - Vincent Fransolet.

Le Thème :

Tous les matins, je prend le bus à Manchester pour aller travailler; activité qui relève de plus banale des routines penserez-vous. Détrompez-vous, à Manchester se rendre à son boulot peut être une vraie aventure...

Tout est en germe dans ces onze pages. De prime abord, on ne saisit guère le propos de l'auteur qui se dilue dans la brièveté de ces minuscules petits billets pourtant marqués au coin du rêve et de la poésie. Il est vraiment dommage que cette brièveté singulière empêche d'évaluer l'ouvrage correctement. En ce sens, c'est un authentique "essai" - rubrique où vous le trouverez dans la Bibliothèque d' Alexandrie.

Avec le sens du détail et le grain de folie qui paraissent caractériser l'auteur, on pourrait cependant espérer le plus grand bien d'une oeuvre un peu plus étoffée qui prendrait pour point de départ ces petites "Chroniques Mancuniennes."

Je ne désespère pas de la lire bientôt. ;o)

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samedi, mai 19 2007

Le Témoin de l'Aube - Eleken Traski.

Le Thème :

Un médecin légiste fait une découverte stupéfiante et terrifiante sur le corps d'un homme décédé récemment. Genèse du « Cycle des Hémicrania », cette fiction fournit le tronc commun de développement à toutes ces petites nouvelles, plus ou moins inachevées, dans l'esprit d'Eleken Traski. Avec « L'Arbre » et « Gihl et le Chaman » (à paraître), cette nouvelle constitue l'un des piliers du cycle, une base explicative à l'intention de ceux qui se posent encore des questions sur « La Goutte ».

Peut-être dira-t-on un jour : "C'est du Traski" avec la même simplicité que, aujourd'hui, les initiés disent : "C'est du Lovecraft." Il y a, en effet, chez Eleken Traski, quelque chose qui évoque tout de suite le Solitaire de Providence.

Non dans le style, XXIème siècle oblige. Mais dans la façon de concevoir les cauchemars et la possibilité d'en faire quelque chose de neuf. Car Traski, même s'il connaît certainement ses classiques de l'Horreur, ne copie pas : il prend un thème traditionnel - ici, le parasite - et il l'exploite en lui insufflant quelque chose qui n'appartient qu'à lui.

C'est ce don subtil et insaisissable - y compris par celui-la même qui le possède - qu'il faut ici saluer avant tout. En même temps que la volonté de se créer son propre univers.

J'ajouterai pour conclure que, quand on voit ce qu'Eleken Traski est capable de faire alors qu'il est en train de construire les bases de son monde intérieur, si noir, on ne peut qu'attendre avec la plus vive impatience ce que, ayant mûri et se sentant solidement assuré dans sa technique (et dans son orthographe ! ;o), il finira par produire.

En vieille amatrice de cauchemars de qualité que je suis (Lovecraft, Machen, Hodgson, Jean Ray et tant d'autres ...), je suis certaine que Traski est du même sang et qu'il ira très loin, pourvu qu'il persévère dans l'exigence et la qualité.

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lundi, mai 7 2007

Denfert-Rochereau - Roland-Michel Tremblay.

Le Thème :

René est enfermé sous terre à Denfert - Rochereau. Qu'y fait-il au juste ? Il tente d'atteindre la plénitude par la découverte de Dieu. Il a entendu les paroles du maître, il va être initié au monde caché des choses. Les philosophies mystiques que seuls les initiés connaissent. Ses doutes, ses misères, ses espoirs, c'est le début de son apprentissage. Roman initiatique, comme l'Énéide de Virgile et L'Odyssée d'Homère, à la limite de l'ésotérisme, qui décrit un univers de secte religieuse en démontrant que la société en général fonctionne sur les mêmes principes

Roman dense dont on ne peut s'étonner qu'il ait été publié à "L'Anarchiste couronné" - j'aime bien leurs forums, d'ailleurs. Il faut s'accrocher aux pensées et aux théories exposées par l'auteur, ce qui ne permet pas une lecture superficielle et incite le lecteur lui-même à s'interroger.

Ce qui domine, surtout, c'est une atmosphère sombre, très sombre et quasi apocalyptique mais sans effets spéciaux, ce qui ne l'en fait que plus redoutable. Tout ici est cérébral, intellectuel - au sens noble du terme. C'est aussi une atmosphère "fin de siècle" et, curieusement, cela m'a rappelé Huysmans et son "A rebours" - je n'y peux rien. D'où une certaine difficulté peut-être (en tous les cas pour moi) de s'attacher aux personnages de René et de Souh.

Le style est d'un littéraire fortement teinté de philosophie. Comme toujours dans ces cas-là, ce sont les dialogues qui en souffrent - mais le problème des dialogues demeure, je crois, un problème pour tous ceux qui écrivent dans ce style (que j'apprécie personnellement) tout comme, dans le sens inverse, les bons dialoguistes ont en général un mal fou à décrire les états d'âme de leurs personnages. La démarche n'en est pas moins intéressante et ce livre est à découvrir.

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samedi, mai 5 2007

Marie de A à Z - Sarah Darb.

Le Thème :

"Marie de ‘A à Z’ est le « testament » que Marie laisse à Jean, son âme sœur, l’amour de sa vie. Lorsqu’elle réalise qu’elle ne peut pas vivre pleinement cet amour, elle décide de se suicider, mais également de lui laisser un témoignage sur ses sentiments, par rapport à lui, par rapport à la vie en général, mais surtout par rapport à son passé et ses souffrances personnelles.

C'est certain, il faut relire le texte et corriger ses fautes de frappe en gommant quelques maladresses tout-à-fait normales, s'il s'agit d'un premier roman.

Mais cela n'est guère important en regard de la finesse et de la justesse avec lesquelles sont exprimés les sentiments de l'héroïne et sa vision de l'existence. La façon dont l'actualité de l'enfance et de l'adolescence (la petite Colombienne, la navette Challenger, etc ...) rehausse l'analyse que Marie fait de ce qu'elle éprouve m'a paru particulièrement bien amenée.

Un tout petit bémol : Patrick et Jean sont beaucoup plus "éthérés." Or, puisque tous deux ont retenu l'attention de Marie, c'est qu'ils ont quelque valeur. Aussi me semblerait-il bien venu de les "compléter" même si cela accroissait la longueur du roman qui reste, en tous les cas, prometteur.

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vendredi, mai 4 2007

Au Pays des Guignols Gris (Volume III & Dernier) - Guy Sembic.

Le Thème :

La rencontre de Tayguète et d'Eridan lors de la célébration du tricentenaire de la révolution culturelle vers la fin de l'été 636-ER4. La suite du voyage d'Eridan, Abel et Vilica, L'étrange destin d'Irkou, et pour finir, une séparation qui n'en est pas vraiment une, tels sont les épisodes de ce 3ème livre du pays des guignols gris.

Face à ce troisième volume, je suis un peu plus réservée. Cependant, par rapport au 1er tome des "Guignols gris", cela continue à gagner en légèreté, en fluidité.

La vision de notre futur demeure toujous aussi personnelle, un certain souffle se fait reconnaître et la délicatesse avec laquelle les sentiments des personnages sont analysés constitue un contrepoint très agréable à l'aspect un peu didactique de l'ensemble - puisque, si j'ai bien compris, les trois livres ne formaient à l'origine qu'un seul manuscrit qui regroupait également les "Contes des Guignols gris."

A la limite, il me faudrait presque reprendre le tout et relire les trois tomes d'affilée. Ma vision serait ainsi plus élaborée. Je ne suis d'ailleurs pas tout à fait sûre de ne pas le faire plus tard, pour ma satisfaction personnelle.

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mercredi, mai 2 2007

Propos de Volcans - Gérard Lemoine.

Le Thème :

Impressionnés par le spectacle d’une montagne en feu, les héros de ce conte tentent de déchiffrer les communications que les volcans échangent entre eux, par secousses sismiques et autres moyens. Est-ce pour mieux contrôler les hommes qui vivent à leur pied, comme le font les dieux de toutes les civilisations humaines ? Leurs recherches les conduisent du fond du Pacifique au parc national des volcans d’Auvergne, en passant par nombre de continents de ce monde. La conclusion que les acteurs tirent de cette réflexion est un hommage à la tolérance et la nécessaire diversité des cultures.

Je pense qu'il faudrait une relecture attentive pour rectifier quelques petites maladresses dans le style. A part cela, je dirai que cet ouvrage tient tout de même pour moi plus du conte ou de l'allégorie que du roman, que les idées exposées sont plutôt intéressantes et que je suis tout à fait d'accord avec la conclusion finale de Christelle. ;o)

Mais, d'un point de vue purement technique, l'ensemble me paraît beaucoup trop lourd (il faudrait aérer le tout en recourant plus souvent au style direct) et appliqué bien que foisonnant de détails par ailleurs passionnants. Les volcans, les paysages, la Nature et les idées et théories sont décrits avec minutie, avec amour même ... et cela ne fait que souligner la pauvreté des personnages. Pour exprimer des sentiments aussi passionnés, avec un tel amour de notre univers, il faut des personnages passionnés et une intrigue qui aille avec. Même dans un conte.

Les passionnés de volcans et les partisans de l'évolution - dont je suis - y trouveront leur compte mais qu'en sera-t-il des autres ? Et ne sont-ce pas ceux-ci justement qu'il faut chercher à toucher ? Il faut bien dire que le sujet est difficile et que le mérite de l'auteur n'en est que plus grand.

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mardi, mai 1 2007

Au Pays des Guignols Gris (Volume II) - Guy Sembic.

Le Thème :

Ce deuxième tome est le récit d'aventures d'Eridan, un jeune homme qui traverse le Grand Continent, durant l'été 640-ER 4. Eridan rencontre d'étonnants personnages, des relations très sensibles et émouvantes s'établissent, en particulier avec Vi, une jeune femme qu'Eridan accompagne, des confins de l'Atlas Médian jusqu'à Spinzko, une ville de Neurélabie Continentale, sur la piste des "Bidons", à travers les steppes désertiques. Vers la fin de cet été 640, Eridan parvient à Atarakbay, une bourgade située à quelques kilomètres du dernier promontoire rocheux, à l'extrémité du continent. Mais ce rivage de l'océan de l'Ouest n'est pas le terme de son aventure. Après cette traversée, Eridan rencontrera Tayguète et nous saurons ce que deviennent les autres personnages de ce mémorable été 640... dans le troisième volume.

C'est bien plus facilement que j'ai accroché à ce deuxième tome du "Pays des Guignols Gris." A la fin de ma lecture, je constate que, en dépit des imperfections inhérentes à toute construction, fût-ce la meilleure, Guy Sembic gagne ici le pari, des plus difficiles, d'affirmer un univers qui lui est propre, dans un style dense qu'on ne peut survoler faute de perdre une multitude de signaux et de détails essentiels. J'ai trouvé d'ailleurs le style beaucoup plus fluide que dans le 1er tome et aussi plus assuré.

Il y a ici une réelle originalité, un désir évident de ne pas se conformer aux règles des ateliers d'écriture (merci, merci, Yugcib ! si tu savais combien ça me fait plaisir dans ce monde formaté !) et un amour de la narration ample et poétique. Non une poésie qui se gargarise de mots aussi longs qu'ils sont creux mais une poésie qui cherche à saisir ce qu'il y a de meilleur dans l'être, les idées et aussi les mots. Evidemment, ça ne peut pas plaire à tout le monde. Si cependant l'aventure vous tente, un conseil : plongez dans ces flots étranges, futuristes, utopistes souvent mais toujours généreux qu'a créés pour vous cet auteur et laissez-vous doucement immerger.

Certains y trouveront trop de descriptions. D'autres trop de détails. D'autres une intrigue qui se relâche par endroits. Mais qu'importe dans le fond puisque la magie est là ? Et puis, ce qui fait la force de cet auteur, c'est surtout sa capacité à représenter les sentiments, le fond des personnages. C'est une chose qu'on ne doit pas perdre de vue.

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lundi, avril 30 2007

Déjà Vue - Jean-Marc Bouvier.

Le Thème :

Léo rêvait d’une vie simple et heureuse mais son couple est en sursis. Il décide de changer de travail et part pour un entretien d'embauche. Arrivé en avance, il patiente dans un café. En sortant des toilettes, Léo se retrouve soudainement dans un univers incohérent, peuplé de créatures étranges. Désappointé, il sort et s’aperçoit qu’il est à ... Istanbul ! (Sélection du Prix Alexandrie 2006)

L'idée centrale, cette "loi de la Jungle" destinée à "gérer l'Humain", me paraissait excellente. Mais j'ai été déçue par le traitement final - trop prévisible, ce trafic d'organes.

Tel que je vois le roman de Jean-Marc Bouvier actuellement, je le trouve intéressant mais encore mal dégrossi. Le début, avec les personnages de l'épouse et de sa mère, est laborieux, lourd et risque de ne pas accrocher le lecteur. Un bon point cependant : la vie routinière et vide du héros est magnifiquement rendue ! Mais un milieu petit-bourgeois ne parlerait pas de façon aussi relâchée. Ces gens-là se "lâchent" de temps à autre mais pas comme cela. Les dialogues sont nombreux et pèchent tous en ce sens. Les images féminines sont absolument négatives et caricaturales - sauf la dernière.

Et, dans l'ensemble, j'ai l'impression que l'auteur "gonfle" son sujet. Certes, Léopold est un "loser" mais il y a des "losers" à forte personnalité. Or, de Léo, on ne connaît aucune aspiration réelle ... Je sors de là assez frustrée, je dois l'avouer.

A télécharger sur Alexandrie.

dimanche, avril 29 2007

Au Pays des Guignols Gris (Tome I) - Guy Sembic.

Je pense qu'il faut préciser tout d'abord que, à l'origine, le "Pays des Guignols Gris" était un seul volume (incluant d'ailleurs les "Contes du Pays des Guignols Gris") et que sa séparation en trois volumes semble avoir nui à l'ensemble. Seul le second tome peut donner au lecteur une véritable idée du projet de Guy Sembic lorsqu'il s'est attelé à cette fresque ayant pour thème notre univers à la fin du XVIIIème millénaire - eh ! oui.

Il m'est donc très difficile de donner une appréciation qui ne tiendrait pas compte de celle que j'ai faite sur les seconds et troisième tomes. Je me contenterai de préciser que ce premier volume, le plus "noir" en fait, traite essentiellement de ce que j'appellerais un nettoyage ethnique à l'échelle mondiale.

A télécharger gratuitement sur Alexandrie.

Et aussi sur le site de l'auteur.

(Le tome 1 des "Guignols Gris" était en course pour le Prix Alexandrie 2007 du Roman).

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