Les Manuscrits Ne Brûlent Pas.

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A Lire sur Alexandrie.

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mercredi, décembre 19 2007

Les Jolis Mots - Nicolas Reuge (Poésie)

Le Thème :

La première partie de ce recueil de poèmes s'intitule "le chant des chants". Il est composé principalement de poèmes dont Oxana, venue du fin fond de la Sibérie, est l'inspiratrice. La deuxième partie, "La Terre des morts", est plus sombre. Elle est d'avantage axée sur des problèmes de société.

Le titre convient à merveille à ces poèmes tout en mots colorés, légers et en éclairs fugaces, sur des thèmes très disparates: l’amour (bien sûr ;o)), la Russie actuelle, la consommation exacerbée qui y règne (comme d’ailleurs elle règne un peu partout dans le monde), Paris …

Il y a même un vampire et une jeune fille qui soliloquent sur la fin du recueil.

Peut-être en raison de l’habitude que j’ai de lire l'un après l'autre les ouvrages présentés sur Alexandrie, ai-je trouvé « Les Jolis Mots », qui se situe sous « Le Cantique des Venaisons », de Marcel Nüss, un peu faible. Séduisant, plein de couleurs et d’éclat mais sans plus. Pourtant, çà et là, il y a un réel effort pour creuser plus profond (je pense à « Moustique » et à « URSS » ou encore au poème sur la consommation excessive par exemple, tous poèmes pourtant aux antipodes les uns des autres).

Nous attendons donc le prochain recueil de Nicolas Reuge. :polichap:

A télécharger sur Alexandrie.

dimanche, décembre 16 2007

Crépuscules Ecorchés - Léon Oak (Poésie)

Le Thème :

Quelques écorchures au gré des aventures, des amours, des arrivées et des départs au milieu de la multitude d'une grande métropole d'Asie. Solitudes égarées, dans la foule, le vacarme, le brouhaha de la vie Tokyoite. La foule, le bruit, les voitures, les bars, l'alcool, les gens. La femme qui vient qui part, qui repart ... et des mots, des phrases qui surgissent de la nuit.

Ces poèmes en vers libres sont hantés par un double spectre, celui de la mer et celui de la lune, symboles qui, selon une certaine Tradition, ont évidemment partie liée avec la Femme. A l’arrière-plan, l’union d’un couple dont la meilleure expression est peut-être celle-ci : « Tu te parles avec ma bouche/Tu te caresses avec mes mains/Tu t’envahis avec mon corps.»

Du coup, on pourrait aussi discerner une certaine passivité caractérisant le personnage mâle, face à une femme beaucoup plus active et presque directive.

Mais c'est la mélancolie qui emporte le tout, avec le sentiment d’inanité des choses qui vont, viennent et s’en retournent.

Pour moi, il y a un peu dichotomie entre « Crépuscules » et « Ecorchures. » Les images évoquées dans cette seconde partie me semblent plus cohérentes. Je me doute bien cependant que, pour certains poèmes, l’auteur a joué avec les assonances et les mots – ce qui est évidemment normal en poésie – mais le résultat, surtout pour « Crépuscules », ne me convainc pas personnellement.

Cela dit, mon avis ne peut être que purement subjectif, la poésie versifiée n’étant pas mon genre de lectures préféré. ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

mercredi, novembre 21 2007

Mon Amour - Georges Réveillac

Le Thème :

Aussi loin que remontent mes souvenirs, j'ai toujours vu les belles créatures de l'autre sexe, adolescentes, jeunes filles ou femmes, comme des fées. Oui, "fées" est le mot qui approche au plus près ma vision des beautés féminines. En d'autres temps je les aurais , sans hésiter, qualifiées de "divines". A notre époque, je n'ose plus croire que la beauté soit d'essence divine. Et pourtant ?

Avant tout, je tiens à dire que je suis très étonnée de voir cet ouvrage classé dans la rubrique "Roman sentimental." Car enfin, même si l'auteur y évoque certainement son propre parcours et le couple qu'il a formé avec son épouse, etc ..., il évoque surtout ses idées personnelles sur l'univers et les différentes sociétés qui peuplent notre planète.

Le style est agréable et correct mais je me pose des questions quant à la construction. J'entends par là que je ne sais vraiment pas si le mélange parcours affectif et professionnel personnel/théories diverses sur l'Homme, la Femme, etc ... est si fonctionnel que ça. Quelqu'un qui a l'habitude de la lecture et qui possède une certaine culture franchira le cap sans dommage. Mais les autres ? ... Ceux qui pensent certainement, au vu de ce titre : "Mon Amour" et de la jaquette qui l'accompagne, qu'ils vont tomber sur, effectivement, un roman sentimental ? ... D'autant que cette "Môhhman", jusque dans son nom, peut évoquer tout bêtement ... la belle-mère qui vient torpiller le ménage idéal. Je crains donc que beaucoup ne sortent de là plutôt déçus et très étonnés.

Les questions que se pose l'auteur et ses théories restent cependant intéressantes. Je suis loin de partager toutes ses conclusions : j'estime notamment que, si les parents et le milieu culturel ont de fait une forte influence sur les enfants et leurs apprentissages scolaires, cela ne diminue en rien celle de l'Education nationale qui, depuis 1968 et avec la mise en place du collège unique sous Giscard (pour ne rien dire de cette "mixité sociale" qui est imposée à certains mais pas aux fils d'une certaine élite bourgeoise), a fait beaucoup plus de mal que de bien.

En outre, je n'ai pas bien saisi le point de vue de l'auteur sur le fait suivant : il est exact que certains enfants (maltraités ou nés dans un milieu hostile à l'intelligence et à l'éducation) font tout pour s'en sortir et y parviennent. Ils le doivent à leur intelligence et à leur amour de l'étude ainsi qu'à leur soif de connaissance. Mais justement, d'où vient cette boulimie de savoir ? Est-elle innée - ce que semble penser Georges Réveillac - ou n'est-elle qu'une conséquence de ce que ces enfants voient autour d'eux ? En principe, les parents restent LA référence de l'enfant ... mais pour certains d'entre eux, ils constituent aussi LA contre-référence par excellence. Ce qui fait que, tout comme on peut devenir délinquant parce qu'on en a assez de ses parents ou de la société, on peut aussi vouloir apprendre et devenir réellement quelqu'un parce que ses parents étaient des imbéciles, des fanatiques religieux, de pauvres minables complètement déjantés (et parfois les trois à la fois.)

Quoi qu'il en soit, l'auteur a au moins eu le mérite non seulement de s'interroger mais aussi d'essayer de sortir de tout cela un système qui tienne la route. Et sans ce mélange fiction autobiographique/essai théorique que j'ai trouvé un peu accablant en l'espèce, j'aurai rehaussé ma note. ;o)

lundi, novembre 19 2007

Transfiguration du Champ de Confinement Personnel - Paul Gaïa du Hautier

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Le personnage principal se sent absorbé en confinement solitaire, malgré son travail de portraitiste. Il ne peut éviter de voir sa propre image renvoyée en reflet par les portraits. Engourdi par son incapacité à vivre sa vie, il se laisse aller à imaginer quatre de ces reflets les plus saisissants et représentant chacun un aspect de lui-même, partir affronter l'existence à sa place. Il se transpose en narrateur idéal de leurs tribulations, distancié à des années lumière dans un cadre où il se verrait réalisé à son maximum.

Il m'en coûte toujours de le dire même si la chose m'arrive rarement : mais je n'ai pas "accroché" du tout.

Certes, la "dépression" générale de l'auteur et de ses reflets, leurs angoisses, sont très bien reproduites (avec l'oeil d'un peintre cepenant plus que d'un écrivain) mais le récit manque pour moi de structures solides : il virevolte trop, se perd dans des méandres où on se lasse de le suivre, les personnages - parce qu'ils sont des reflets ? - manquent d'authenticité, la quête spirituelle est tissée de bric et de broc et l'action - qui aurait pu à la limite sauver le tout ou, à tout le moins, le rendre supportable - est quasi inexistante.

Le style est certes recherché - et d'habitude, j'apprécie - mais ici, il y a, trop souvent, un excès dans la recherche qui bascule non seulement dans le précieux (voire le pédant) mais aussi dans l'incompréhensible.

Enfin, ceci demeure une opinion personnelle et je pense que tout le monde ne pensera pas comme moi. Cependant, mon commentaire aidera peut-être ceux qui partagent cet avis à s'exprimer également. ;o)

Textes A Jouer - Jean-Pierre Prudent

Le Thème :

D'un coté des textes, de l’autre une musique… Non, ils ne sont pas de part et d’autre, ils sont intimement liés. Car il ne s’agit pas ici d’une musique d’ambiance mais à la fois du décor et du énième personnage de cette histoire. Sur scène, elle se révèle un partenaire à part entière, avec ses répliques, au même titre que les acteurs, ce qui déroute éperdument lorsque finit le travail dramaturgique traditionnel de saucissonnage du texte en tranches intello– intelligibles.

Voici un ouvrage très curieux et d'autant plus difficile à évaluer. Je n'irai donc pas jusqu'à prétendre que ma note - 7 - ne veut rien dire mais c'est bien la première note strictement "symbolique" que je place sur Alexandrie. ;o)

"Textes à jouer" est essentiellement un recueil de poèmes même si l'on y trouve aussi un petit nombre de textes en prose. Tous sont destinés à être joués sur une scène, avec accompagnement musical. Le thème qui y domine est notre rapport au monde, pas seulement à notre petit monde quotidien et d'un point de vue strictement intérieur, mais à l'univers qui s'étend tout autour de nous et aux événements qui l'assombrissent ou l'égaient.

Certaines strophes m'ont paru très maladroites, d'autres superbes. Mais ces textes devant être "parlés", la maladresse est peut-être voulue : je ne suis pas parvenue à trancher. En tous cas, en dépit de ses inégalités - inévitables - l'ensemble est vraiment original et complètement atypique. Je serais en tous les cas curieuse de savoir si l'auteur a trouvé à mettre tout cela en scène. :polichap:

samedi, novembre 3 2007

Le Sceau de Salomon - Janik Pilet.

Partant de l'idée très simple que le premier texte de la Bible - le récit de la création en six jours - décrit géométriquement et mot à mot une représentation symbolique de l'univers, Janik Pilet nous invite à travers cet essai à le suivre dans toutes les étapes de cette reconstruction du monde. Le résultat est une figure étonnamment équilibrée qui semble bien être le mythique Sceau de Salomon tel qu'il a pu être réservé aux initiés. L'empreinte du Sceau se retrouve dans d’autres textes de l'ancien et du nouveau testament, comme la vision d'Ezéchiel et l'Apocalypse en particulier. L'auteur va ainsi nous révéler l'utilisation secrète de cette figure, réputée magique, comme support d'inspiration sacrée, par nombre d’auteurs de textes bibliques. (Prix Alexandrie 2006 de l'Essai)

L'ouvrage est intéressant, la théorie tout à fait convaincante - bravo pour l'argumentation ! - et le style, plus qu'honorable tout en demeurant simple et dépouillé de tout jargonisme déplorable. Les illustrations ajoutent une touche de fraîcheur bien venue dans un sujet tout de même assez ardu.

Cependant, dès la première apparition des signes zodiacaux dans l'histoire, j'avoue avoir tiqué. L'auteur semble tenir en effet pour acquis que, dès le départ, il y a eu douze signes. Or, la Balance n'apparaît pas tout de suite, bien loin de là. L'astrologie a tâtonné pendant des siècles et de nos jours encore, certains astrologues - tout à fait sérieux, je précise - considèrent que le troisième décan du Scorpion constitue un signe à lui tout seul, celui du Serpentaire (Janik Pilet mentionne d'ailleurs cet oiseau dans sa théorie).

Le trio Vierge-Balance-Scorpion comporte donc toujours bien des zones d'ombres que l'on ne rencontre nulle part ailleurs dans le Zodiaque. Du coup, je les vois mal "coller" aussi bien à la Bible - texte très poétique mais enfin, excusez-moi de le souligner, tissé lui-même de contradictions et de fantaisies poétiques mais flagrantes. Le Coran s'appliquant quant à lui à reproduire toutes les bizarreries hébraïques et chrétiennes en les portant à la puissance P, me paraît encore moins fiable. Quant aux Evangiles, il y a contradiction frappante entre ce qui est dit dans Jean (le fameux passage où Jésus répond, en parlant pourtant de Jéhovah, son soi-disant père :"Ce fut un homicide quand il commença ...", la Création étant très clairement sous-entendue) et ce qui se dit à ce propos dans les trois autres.

Mais je m'égare : le sujet demeure si passionnant ! ... ;o) Il n'en reste pas moins vrai que, pour adhérer totalement aux théories d'interprétation de la Bible, quelles qu'elles soient, il faut au moins croire à la véracité de ce qui est dit dans ces textes. Qu'on les prenne au pied de la lettre - cela arrive, hélas ! - ou qu'on n'y voit que du second degré. Or, c'est vrai, je n'y crois pas. J'aimerais notamment savoir pourquoi, dès le départ, le texte hébreux utilise non pas un singulier mais un pluriel ("eloïm") pour désigner le fameux Jéhovah. Cette histoire d'"eloïm" qui s'unissent aux filles des hommes me paraît bien étrange également.

En tous les cas, je crois en deux choses : à la sincérité de Janik Pilet et en son ardent désir de comprendre, de savoir. Et je crois aussi - ce n'est qu'un avis personnel - qu'il sera beaucoup donné à ceux qui auront beaucoup et sincèrement cherché. ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

vendredi, novembre 2 2007

Fandom - Alain Pelosato.

Alain Pelosato raconte sa vie de militant de l’édition et d’écrivain de 1993 à 2004. Il a rencontré beaucoup de personnalités qui constituent ce qu’on appelle le "fandom", c’est-à-dire les fans de science fiction en France et d’autres pays francophones. Ce témoignage vivant respecte scrupuleusement les noms de tous les acteurs de la politique et de l’édition qu’Alain Pelosato a rencontrés. (Sélection du Prix Alexandrie 2008)

Avant tout, je tiens à préciser que, à compter de la page 25, j'ai eu beaucoup de problèmes à lire le texte car les lignes se chevauchaient - avec des passages "normaux" intercalés çà et là. J'ignore si c'est dû à ma version d'Adobe - qui est pourtant à jour - ou bien à un problème inhérent à la mise en page. Dans le doute, je préfère tout de même signaler la chose. ;o)

L'auteur a un style de pamphlétaire qui, en ce qui me concerne, me ravit souvent mais dont je comprends qu'il soit mal accepté à droite comme à gauche. Il y a beaucoup de rage et d'émotions à fleur de peau là-dedans. Malheureusement - et c'est le propre du pamphlet - le recul n'existe pas.

Alors que, avec un peu plus de recul, beaucoup plus de froideur et de cynisme dans le ton et enfin (ce n'est qu'une suggestion) la retranscription de cette tranche de vie fortement épicée en fiction officielle et des changements de noms qui n'empêcheraient d'ailleurs nullement les personnes concernées de se reconnaître, tout changerait à mon avis pour ce manuscrit.

Le "politiquement incorrect" d'Alain Pelosato, je suis pour, férocement pour. Il ne pense ni n'agit ni ne parle comme le tout-venant à notre époque et il aime envoyer des coups de pieds dans les fourmilières. C'est très bien. Mais il faut non pas "policer" ce "politiquement incorrect" : simplement le polir, le faire briller un peu plus tout en lui conservant ses arêtes les plus coupantes. Pour l'instant, tel qu'il est (il faut aussi revoir les répétitions et les concordances de temps), il fait trop brutal, trop effrayant. Il faut supprimer la brutalité pour ne garder que le caractère effrayant. ;o)

PS déposé après la réponse de l'auteur : quand, dans une phrase, l'imparfait pour un premier verbe, le passé simple pour le second et l'imparfait à nouveau pour le troisième - ce que vous faites souvent mais qui est peut-être dû à des fautes de frappe - il s'agit pour moi d'un problème de concordance de temps.;o)

A télécharger sur Alexandrie.

vendredi, octobre 19 2007

Les Poètes (Théâtre) - Ronald Tiquet.

Le Thème :

Hadrien et Martial, deux idéalistes marginaux, en lutte perpétuelle avec le système social, errent au gré d'une plume qu'ils veulent sauvage et spontanée. Cassandre, jeune étudiante en mal de liberté, souffre d'une vie dictée par son père et vit le remords d'un autre monde. Camille enfin, fille d'un aubergiste capricieux, voit l'univers comme un vent qu'elle goûte de sa fenêtre... Quatre personnages dont la rencontre conjuguera "Les poètes" au temps du vers et de la déclamation pour une épopée fraîche et sauvage. Certains de ses acteurs comprendront que la liberté de chacun n'est parfois pas celle qu'on imagine...

Une pièce sans prétention sur la liberté individuelle et le champ qui lui ait laissé par certains parents.

Du moins, est-ce là le thème qui m'est apparu en premier dans "Les Poètes." Mais, bien entendu, comme son titre l'indique, il y est aussi question de poésie, de la difficulté que l'on rencontre non seulement à percer dans cet art mais aussi à prendre suffisamment de confiance en soi pour savoir qu'on a le Don. Si rares sont ceux qui vous disent, d'habitude, que votre production ne vaut rien ...

La pièce m'a-t-elle convaincue ? A vrai dire, non. Certes, l'auteur prend son temps pour exposer son intrigue mais sans abuser. Mais les dialogues m'ont semblé plats, convenus et je n'ai pas senti, dans les personnages, cette flamme qui, justement, doit flamber chez les poètes. C'est propre, lisse, bien agencé mais sans âme.

Peut-être que, en approfondissant les personnages ou même en leur prêtant plus d'aspérités dans le caractère, cela s'arrangerait-il ? ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

Le Refus (Théâtre) - Christophe Figueras.

Le Thème :

Un père veuf de la plus haute noblesse, ruiné, cherche à marier sa fille avec un bourgeois très riche. Ce mariage doit lui permettre de demander en seconde noce la main d'une très jeune fille qu'il convoite. Mais rien ne va comme il l'entend. L'apparente union, les bonnes manières, ainsi que les conventions de ce milieu social, vont voler en éclat au gré des découvertes, des personnalités et des desseins de chacun.

Pièce surprenante à plus d'un titre. Le style est très soutenu (d'où la nécessité de corriger les fautes d'accord et des maladresses comme "Vous avez enfanté ma mère" en lieu et place de "Vous avez engrossé ma mère", par exemple ...), les personnages symbolisent des archétypes tenant à la fois du théâtre de Labiche et du Grand-Guignol, au milieu d'une intrigue qui, elle, est visiblement grand-guignolesque.

Si cette pièce est montée dans une veine parodique, comme une parodie des "mélos" du XIXème, cela passera très bien. La jouer "sérieux" me paraît impossible. Les situations, les problèmes posés et les solutions qui y sont apportées sont tous beaucoup trop outranciers. Cela rappelle le Boulevard du Crime où allait pleurer Margot.

Il n'en reste pas moins vrai qu'il doit exister un public pour ce texte - où il m'est quand même difficile, tant l'aspect "Grand-Guignol" est ici puissant, et dussé-je décevoir ses trois auteurs, trouver une comédie de moeurs en prise réelle sur notre réalité actuelle.

Quoique, à bien y regarder, quand on lit "Détective" et autres "Voilà" ... pourquoi pas ? ;o)

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Download (Théâtre) - Quentin Ochem.

Le Thème :

La médecine joue avec le cerveau humain comme elle le fait avec un ordinateur : elle peut lui ajouter des caractéristiques, le rendre plus intelligent, changer son caractère... Elle est même capable de le changer de corps. Cette pièce ouvre une fenêtre sur clinique neurologique spécialisée dans ces opérations. Dirigé par un homme aux idéaux douteux, le docteur de cette clinique aura a faire face à des demandes d'opérations plus étranges les unes que les autres. Dangereuses même, lorsque deux femme s'amusent à échanger leurs cerveaux à de multiples reprises ...

Une pièce brève qui traite, avec beaucoup d'humour, de thèmes s-fictionnels aussi graves que l'intelligence artificielle, la maîtrise (voire la disparition totale) du "cerveau reptilien" et des émotions, et d'une humanité en devenir et "déshumanisée" au bénéfice de la Raison.

Fallait-il faire si court ? Tout est dans la question. Le sujet gagnerait à être approfondi, les personnages aussi. L'auteur est capable du meilleur quand il fait plus long.

Sur le plan purement scénique en tous cas, une chose est sûre : il y a de l'action. Les dialogues sont toujours aussi percutants, aussi vivants - et pourtant, Quentin Ochem ayant quelques thèmes favoris, on pourrait redouter les redites qui, pourtant, si elles existent, passent inaperçues. Il faudrait aussi corriger quelques fautes d'accord. ;o)

Quoi qu'il en soit, "Download" donne envie non seulement de lire d'autres textes de cet auteur mais aussi de les voir représentés sur scène. N'est-ce pas un bon indicateur de leur qualité ? ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

jeudi, octobre 18 2007

Que La Force Soit Avec Nous (Théâtre) - Lionel Redon.

Le Thème :

Eric, artiste peintre ayant exposé à New York dans une galerie privée, organise une petite soirée pour fêter les critiques de son exposition et de sa nouvelle oeuvre. Cependant, à l’arrivée de Pierre, Eric bascule en pleine déprime due en fait à l’échec de son exposition. Pierre essaie de lui remonter le moral jusqu’à l’arrivée des autres invités dont Anne la psychanalyste de Luc qui recommence à avoir des troubles comportementaux. Pendant la soirée, des liens vont se nouer entre les différents personnages.

Une pièce en quatre actes qui doit certainement être assez plaisante à voir sur les planches.

Une bonne dose d'humour allonge la sauce - même s'il s'agit parfois d'un humour répétitif - cependant, j'ai trouvé les personnages un peu trop "tout d'une pièce" et sans réelle profondeur.

Un bon moment de lecture quand même - vite lu, vite oublié. ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

Epilogue (Théâtre) - Quentin Ochem.

Le Thème :

Un vaisseau perdu au milieu de l’espace se réveille lentement... Six membres de son équipage sortent de leur hibernation, avec pour mission de réparer un dysfonctionnement du système. Mais ils découvrent rapidement que le problème est plus grave. Ils ont voyagé au-delà des limites de l’univers connu, si loin que même la lumière des étoiles ne leur parvient plus. Pire encore, le reste du vaisseau semble mort, et l’intelligence artificielle qui supervise son existence se comporte de façon inquiétante ...

Cette pièce, trop courte à mon gré, regroupe bien des points connus des amateurs de romans et de films prenant un navire spatial pour décor : l'IA (non pour Inspection Académique, je vous rassure :cafemanie: mais pour Intelligence Artificielle), c'est-à-dire le Grand Ordinateur qui supervise le voyage de la navette et que l'on retrouve aussi bien chez Asimov et Kubrik que chez Ridley Scott ; l'androïde (Viktor dans la pièce d'Ochem), qui, comme l'IA (une voix féminine nommée Claude dans "Epilogue"), se doit de respecter certaines règles primordiales dont la première est, bien évidemment, de ne pas nuire à l'être humain ; des organismes extra-terrestres particulièrement malvenus (ici, ils sont gélatineux) ; un "bug" général affectant le système nerveux central de l'IA ; la cryogénisation temporaire des passagers de la capsule ; un univers qui devient brusquement incompréhensible, etc, etc ...

Et c'est cette richesse en références et en clins d'oeil qui, justement, rend la pièce beaucoup trop courte. Cette histoire de sacrifice - c'est ainsi que je l'ai comprise, les rescapés de notre univers devant se sacrifier afin que naisse un monde nouveau et, espérons-le, meilleur - méritait un traitement plus large, plus flamboyant - j'irai même jusqu'à dire démesuré. ;o)

Pour moi, les personnages ne sont qu'esquissés bien que les croquis dressés soient très prometteurs et incitent le lecteur à en apprendre plus sur leur passé. De même, les motivations de ceux qui ont envoyé cette navette dans l'espace, quelles sont-elles ? Car on ne peut croire, à la chute de la pièce, qu'il ne s'agisse là que d'un hasard. L'originalité que l'on croit discerner sous les éléments convenus et les allusions (je songe à la poupée de Camille qui s'appelle "Nioute" comme la petite fille dans "Alien 2") n'est pas exploitée jusqu'au bout. C'est dommage.

C'est uniquement pour cette raison que je note ainsi (7) une pièce qui m'a par ailleurs confortée dans l'excellente impression que m'avait fait "Même Plus Peur" du même Quentin Ochem. ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

Le Raisin Qui Rend Fou - Marianne Bon.

Le Thème :

« Par une journée maussade de septembre, entre la viande et le poison, les réalités de notre monde me sont devenues insupportables. Prise dans le déferlement de toutes les absurdités et inégalités qui ont empoisonné ma vie pendant quarante ans, j’ai recherché par l’écriture un droit à la parole de mes opinions. »

Je sais bien que l'auteur a écrit pour écrire mais la densité de son discours est telle qu'elle aurait gagné à ordonner un peu tout cela. D'autant que le propos est très amer en dépit de bouffées d'espoir çà et là - et aussi d'utopisme.

En tous cas, on sent bien le mal-être de l'auteur, pas seulement son mal-être personnel mais aussi celui qu'elle ressent depuis longtemps face à une société qui, de fait, n'est pas un modèle, de quelque côté qu'on se tourne.

Rien n'allège le ton, même pas une pointe d'humour noir et cela aussi, à mon avis, et dans l'état actuel du texte, risque de causer problème au lecteur non averti.

Bref, l'essai est bon mais il lui manque un petit quelque chose : une refonte est-elle envisageable ? Qu'elle ne le soit pas serait dommage car l'âme du texte, elle, est là et ne demande qu'à s'exprimer de façon plus attractive. ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

Carcasses - Bruno Leclerc du Sablon.

Le Thème :

A 62 ans, issu d'une immense famille où les hommes étaient normaliens ou polytechniciens, retraité et atteint d'un cancer, Bruno Leclerc du Sablon a connu tous les accidents et maladies, mais ceux et celles des autres aussi. Une vie brisée, mais aussi une vie faite de multiples expériences, sur tous les continents, à terre et en mer. Une vie où il a appris, finalement, que le seul vrai chemin, c'est l'amour. Il raconte son histoire depuis sa naissance - pendant la Bataille de l'Atlantique - et aussi un peu celles de ceux qui l'entourent. Les trains, la physique, la poésie, mai 68, l'Ecole, la schizophrénie, la montagne, les fosses océaniques, l'avion, le bridge, l'énergie éolienne, Teilhard de Chardin, le scoutisme, ses jardins, la créativité... Tout n'est-il que carcasse ? Non, il faut regarder à l'intérieur ! (Sélection du Prix Alexandrie 2008)

Style honorable pour une vie bien remplie. Pour des raisons personnelles, les pages évoquant les problèmes de santé du fils de l'auteur m'ont particulièrement touchée mais, paradoxalement, cela rendra mon commentaire plus bref que d'habitude parce que, justement, c'est trop sensible.

Malgré tout, la vision de l'auteur demeure optimiste : cela fait plaisir. On ressent également combien de plaisir il a pris à rédiger tout cela et on peut espérer que cela l'a aidé à continuer sur d'autres plans.

Un petit bémol cependant - et j'espère que BLS ne m'en voudra pas de le noter : le lecteur moyen sera-t-il effectivement tenté par ce texte, honnêtement écrit, mais lancé tout d'une pièce, en un bloc de plus de 500 pages ? Une scission en deux volumes ne serait-elle pas préférable ? ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

La Descente - Patrick Lanoix.

Le Thème :

Histoire d'une « agonie professionnelle » lors d'une prise de poste de cadre infirmier dans une unité de psychiatrie. Le parcours et le cheminement intérieur de l'auteur à l'occasion de ses déboires professionnels amène le lecteur vers une réflexion sur l'existence humaine qui en résultent. (Sélection du Prix Alexandrie 2007)

Si j'ai bien saisi le thème de ces pensées, c'est une perte d'emploi très mal vécue qui les aurait engendrées.

L'analyse (démon intérieur né de l'enfance, le "Moi" - ou plutôt le "ça" - est notre pire ennemi, etc ...) est bonne même si elle laisse de côté l'aspect économique et mondial du problème mais je me demande si tous ceux qui sont habitués à une pénible recherche d'emploi - et à un rejet à plus ou moins long terme - depuis leur jeunesse seront vraiment touchés par ce qui, pour eux, appartient depuis longtemps à la routine.

Dans les années Giscard, de telles réflexions auraient été originales. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas - et je le déplore, hélas.

A télécharger sur Alexandrie.

Les Chaussures de Pêr - Philippe Mermod.

Le Thème :

Bricoleur de génie à ses heures perdues, Per invente des chaussures aux semelles démesurées. Quelle joie pour Ipétie, sa petite amie : elle peut enfin voir par-dessus la foule lors des concerts ! Mais que se passe-t-il si tout le monde en vient à se procurer les chaussures de Per ? Ce conte humoristique parsemé de dessins en noir et blanc illustre comment la pression sociale peut irrésistiblement mener vers les situations des plus aberrantes.

Ces "Chaussures de Pêr" constituent un gentil petit conte pour les enfants, sympathique et sans prétention, illustré en conséquence. ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

Le Sentier de l'Arbre - Jean-Michel Reuteler.

Le Thème :

Gaef l'enfant sans yeux doit, afin de sauver sa mère et son amie, trouver un arbre, mais pas n'importe lequel, l'Arbre de la Connaissance. Sur le chemin, il rencontrera des personnages étranges, drôles, émouvants, farceurs. Il vivra l'aventure de sa vie, celle qui prouve que l'important n'est pas forcement le but mais le chemin parcouru.

Conte philosophique sans aucune prétention, écrit en un style correct, avec parfois de beaux éclats de poésie mais aussi, quelques maladresses et fautes d'accord qui accrochent l'oeil d'autant plus vite que l'ensemble demeure honorable.

Sous des dehors assez elfiques, c'est une variante du voyage initiatique que chaque humain se doit d'accomplir s'il veut accéder à la sagesse. Il m'a semblé - mais je suis loin d'être une spécialiste - que pas mal de croyances s'y trouvaient allègrement mêlées mais comme il s'agit des plus nobles d'entre elles, pourquoi pas ?

Toutefois, je n'ai trouvé ici rien de particulièrement original, ni dans le style, ni dans l'histoire, rien non plus qui m'interpelle vraiment. Trop lisse, peut-être ... En tous cas, cela explique mon évaluation personnelle - qui n'est qu'une parmi d'autres. ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

Au Microscope - Philippe Mermod.

Le Thème:

Törbjörn et Lilltrynet sont allés chercher des champignons. A chaque détour de leur promenade, ils passent à côté des mondes mystérieux et insoupçonnés du vivant... De ce conte pour enfants dégage une atmosphère poétique grâce à ses dessins en couleurs : de quoi s'émerveiller et s'instruire de choses si minuscules que personne n'y prend garde. (Sélection du Prix Alexandrie 2008).

Mignonne petite histoire didactique, illustrée de façon tout à fait charmante et fraîche par l'auteur.

Les tout jeunes enfants y apprendront un certain nombre de petits détails très intéressants sur la nature ... et les champigons.

Une façon amusante et vraiment pédagogique parce que sans prétention d'instruire tout en amusant : la meilleure façon pour que les enfants se rappellent avec plaisir des choses qui, finalement, leur serviront toute leur vie. ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

samedi, octobre 6 2007

La Naine du Sagittaire - Mary J'Dan.

Le Thème :

En constante communication avec la jumelle de la Terre, Méline y découvre sa maman, disparue quelques mois après l'avoir mise au monde. Dans ce dernier volet de la trilogie, l’altruisme de Prudence ne faillit pas. Elle n’hésite devant rien pour répondre aux appels au secours. Une nouvelle et terrible aventure l’attend. Elle s’interroge : pourquoi tant de personnes - après avoir débité des mots dans une langue inconnue - attentent-elles à leur vie ? Les curieux dessins de Méline apportent un élément de réponse : une grave menace plane au-dessus de la tête de sa petite protégée. Un fabuleux voyage mènera Prudence vers Cristal, Erret et L.A.C. Le nœud inextricable se dénoue, la lumière s’impose, elle va tout savoir.

Dernier volet de la trilogie mise en ligne par l'auteur, "La Naine du Sagittaire" poursuit dans la même veine que les deux précédents opus mais, si je puis m'exprimer ainsi, nous passons ici - comme d'ailleurs nombre des personnages de ce roman - à un stade véritablement ultime et supérieur.

C'est donc toujours du roman populaire mais les connotations mystiques y atteignent au summum. Certains s'en agaceront, d'autres s'en raviront, certains - comme moi - trouveront tout simplement que, de toutes façons, ce n'est là que bonne logique.

Combien de fois ai-je entendu, à propos de tel ou tel film surtout : "C'est idiot, ces bons sentiments qui finissent par triompher ! Etc ... etc ..." Eh ! bien ! peut-être. Mais les mauvais sentiments l'emportent si souvent dans notre monde de misère ou, en tous cas, ils y causent tellement de maux avant de s'avouer vaincus, que c'est tout de même bien agréable de voir primer les idées de bonté, de sérénité, de triomphe du Bien et du Pardon.

Le seul risque, c'est de n'être pas crédible, de ne pas être naturel. Mais ce risque, jusqu'ici en tous cas, Mary J'Dan ne l'a jamais couru parce que, outre un réel sens de la construction littéraire, elle écrit tout naturellement (enfin, je ne doute pas qu'elle travaille son style mais l'écriture, chez elle, est un Don. Elle n'y peut rien, nous non plus : c'est comme ça et tant pis pour ceux à qui ça ne plaît pas : ces choses-là ne s'expliquent pas.) Par conséquent, s'il joue le jeu, le lecteur n'est pas dépaysé et savoure lui aussi cette fin à la hauteur des deux volumes précédents.

Les autres ... Que voulez-vous que je leur dise ? ... Sinon peut-être que, si ça ne leur plaît pas, qu'ils nous proposent donc à leur tour quelque chose plus à leur goût - et qui soit aussi bien construit et aussi naturel. Après, on pourra discuter. ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

Soleil Noir - François-Pierre Dubos.

Le Thème :

Charles Vincent est un jeune nanti orgueilleux et pervers dont le caractère exécrable lui vaut d'être rejeté par son cercle d'amis. Jacob, homme mystérieux, l'initie à son univers de vice, avant de l'enlever. Charles se rebelle et assassine Jacob. Il est alors poursuivi par une créature rousse issue de ses fantasmes et les anciens amis de Jacob. Après avoir pris la fuite, Charles devra se sortir du cauchemar où le mélange de ses deux vies l'a mené, aidé en cela par un prêtre aux intentions ambiguës.

Difficile - pour moi en tous cas et je l'avoue sans détour - d'"évaluer" un scénario destiné au grand ou au petit écran.

Ce qui me semble positif : la manière dont est rendu le climat cauchemaresque dans lequel semble avoir basculé (ou avoir toujours végété ?) le cerveau du héros ; des dialogues "parlés" et naturels qui ne font pas "littérraires" ; l'ambiance fantastique générale.

Ce qui m'a semblé nettement superflu, justement en raison des qualités que j'avais découvertes : les scènes de sexe qui font plus "tendance" qu'autre chose. Je sais bien que c'est l'usage de nos jours et je ne suis pas bégueule, bien loin de là ... Mais il y a surabondance ici, eu égard à la qualité de l'ensemble.

Voilà : c'était un avis sincère mais subjectif. ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

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