Les Manuscrits Ne Brûlent Pas.

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A Lire sur Alexandrie.

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jeudi, avril 26 2007

Petit Bazar A Boire & A Manger - Delphine.

Le Thème :

Delphine... d'ailes fines, ça devrait suffire. Qui ça ? Une fille, quelque chose comme ça. Le petit bazar parle de là. De quoi ? De tout et de n'importe quoi. A boire, à manger, à mettre en pièces comme on voudra.

Un monologue étrange avec de superbes éclairs de poésie çà et là, un amour et un don certain pour les mots, une souffrance aiguë aussi et curieusement altière.

Toute femme confinée à son destin de mère ne peut rester insensible à l'histoire, ô combien classique, qui se dessine derrière toute cette rage de vivre et ce désenchantement, cette résignation ... parfois.

L'ensemble fait cependant un peu brouillon : il faut dire que, en cela, cette confusion souligne l'ambivalence des sentiments éprouvés par la narratrice.

A télécharger sur Alexandrie.

samedi, avril 21 2007

Nouvelles d'Un Peu Partout & d'Ailleurs - Christophe Lapendéry.

Les moutons de la nuit. Une nuit, deux drôles de bêtes genre moutons broutent paisiblement devant la maison de nos héros… En les voyant, la femme s'évanouit. Hospitalisée, elle disparaît mystérieusement. La nuit suivante, il y a trois moutons…

La dernière cible. Dans un trop grand ensemble en périphérie d'une grande ville, un homme disjoncte. Lancé de canettes, concours de beuverie, jusqu'à sortir son 22 et se faire un carton sur les passants. Et même un peu plus…

Les conquérants. Un groupe d'amis part à la conquête du Mont Blanc. Les conditions sont difficiles, et pourtant, ils continuent… Inconscience ? Non. Ils ont l'air d'apprécier ces obstacles…

Un hiver nucléaire à la campagne. La survie d'une famille dans le froid perpétuel. Isolement, jardinage, chasse. Concurrence avec un corbeau, qui s'adapte mieux que les humains à ce drame. Réflexions sur l'avenir des trois enfants dans ce monde horrible. Chaque petit pépin prend des tournures terribles.

Les bonsaïs du vieil homme. Gustave Quercus vit en harmonie avec la nature, créant des bonsaïs fabuleux, inconcevables. Deux journalistes font un reportage sur ces mystères. L'homme, ambitieux, citadin, ne comprend rien, et aura de gros ennuis. La femme se prend d'affection pour le vieil homme.

Au bout de la galerie 46. Un groupe de mineurs perce une nouvelle galerie de métro. Ils aboutissent à une caverne immense. Le chef est contacté par une entité télépathe. C'est une civilisation enfermée là par les conquistadores. Ils ont développé des talents particuliers, et attendent leur vengeance.

Monospace. Un jeune garçon vient de réussir son permis de conduire. Ses parents lui prêtent le monospace tout neuf pour qu'il passe la soirée chez des amis. Tempérance des jeunes. Au retour, il heurte un sanglier ! Il charge la bête dans le coffre, et... (histoire vraie.)

Scoops toujours. Pour faire la Une, un homme convoque son amie journaliste. Elle sera aux premières loges pour assister à la prise d'otages d'une maternelle. Mais elle a une autre idée pour gagner beaucoup d'argent…

Ex voto. Un touriste entre dans une église. Il lit l'ex voto d'un marin qui le siècle dernier, a échappé par miracle à un naufrage. Un vieil homme assis dans l'église, lui livre un étrange récit. Il se présente comme capitaine d'un navire trafiquant d'esclaves, au moment de l'abolition.

J'ai maintenu le résumé conçu par l'auteur lui-même car il donne une bonne idée de la variété ainsi que des thèmes majeurs de ces nouvelles.

Le style est simple et il n'y a pas de recherche particulière sur ce plan. Mais le plaisir est grand de trouver un auteur qui, devant un adjectif et un nom écrits au pluriel, met "de" et non "des." D'accord, c'est un petit détail mais, quand on lit le texte, c'est toujours plus agréable ...

J'ai un faible (très accentué) pour les première et dernière nouvelles, ainsi que pour la deuxième qui me semble démonter non sans subtilité le mécanisme qui pousse certains rejetés de notre société à trouver un exutoire dans le meurtre d'innocents. La nouvelles sur les bonsaïs m'a aussi paru délicate et conçue avec un amour particulier.

Y a-t-il un roman en prévision ? D'accord, comme le dit l'auteur, c'est plus difficile. N'empêche : il faut essayer.

A télécharger sur Alexandrie.

jeudi, avril 19 2007

Le Tumulus - Bruno Leclerc du Sablon.

Le Thème :

Bernard passe toujours ses premiers jours de vacances avec ses amis Jean-Luc et Anna. Ils louent une maison en Charente, avec un jardin qui conserve un ancien petit cimetière protestant. Bernard se souvient des anciens temps, quand il était lui-même amoureux d'Anna. Il devine que Jean-Luc et Anna ne s'aiment plus vraiment, et tente sa chance. Ce faisant, il ne fait que consolider l'amour entre ses deux amis. L'histoire s'appuie sur de longues après-midi de discussions entre les trois amis, où sont évoquées, entre autres, les origines familiales de Jean-Luc, des protestants qui fuirent la Suisse à la naissance de la Réforme de Luther, émigrèrent dans les Cévennes et se réfugièrent finalement à La Rochelle, une "place de sûreté". Le petit cimetière, que Jean-Luc appelle "Le tumulus", révèle des liens familiaux pour le moins étonnants.

Les souvenirs que j'ai conservés du "Tumulus" sont précis. Comme toujours, la passionnée d'Histoire de France qui est en moi s'est complue à tout ce qui, dans ce roman, touche aux guerres de Religion qui, au XVIème siècle, écartelèrent notre pays. Il est clair que Bruno Leclerc du Sablon sait de quoi il parle. Et cela fait plaisir, surtout à notre époque.

Autre chose qui m'a beaucoup frappée et qui mérite d'être souligné : l'auteur ne dédaigne pas d'utiliser le subjonctif imparfait quand il le faut. Et il a raison car se priver de ce temps comme on le fait trop souvent aujourd'hui, c'est souvent nuire au texte que l'on veut créer. On ne demande pas aux écrivains de faire du Saint-Simon mais il y a une limite : songez aux "Ames Grises" de Philippe Claudel, un texte admirable, desservi par ce nivellement par le bas qui le prive de tous les imparfaits du subjonctif que nécessitait pourtant sa très grande qualité.

Pour le reste, l'intrigue est hautement sentimentale et m'évoque l'atmosphère qu'on retrouvait jadis dans les romans par exemple de Berthe Bernage - ou de Germaine Acremant. (Je préfère la seconde, qui a plus d'humour.) A mon avis, cela tient aux dialogues. Mais, dans tous les romans, quels qu'ils soient, les dialogues sont si difficiles à rendre convainquants qu'on ne peut en vouloir à l'auteur. C'est là que le bât blesse.

Un bon petit roman, sans prétention aucune et qui doit se lire dans le même esprit.

A télécharger sur Alexandrie.

mardi, avril 17 2007

Le Château d'Onyx - Vincent Grondin.

Le Thème :

Rencontre troublante entre la littérature et la philosophie, où la prose kafkaïenne et la philosophie nietzshéenne se fusionnent. Le château d’onyx est un traité composé de trois courtes nouvelles littéraires où le surréalisme de Lautréamont se conjugue avec le récit allégorique de la mythologie grecque . Plus qu’une exploration des opportunités de la littérature, "Le château d’onyx" est une réflexion profonde sur la solitude, le devenir, l’art et la vérité.

L'auteur est visiblement fâché avec la forme négative et il y a des maladresses, des gaucheries terribles dans le style ...

Mais quelle poésie éclatante, quelle originalité ! Selon Vincent Grondin, il ne faut pas reprendre ses textes. Quelle erreur grossière il commettrait s'il ne revoyait pas ceux-ci ! Bien plus qu'à Lautréamont, c'est à Vian que l'on pense en le lisant. Sans les grincements et les lourdeurs grammaticales qui le parsèment, j'aurais volontiers classé cet ouvrage dans mes coups de coeur.

J'espère quant à moi de tout coeur que Vincent Grondin :

a) acceptera de revoir ses textes et de les peaufiner

b) et, surtout, nous en communiquera de nouveaux que je lirai avec curiosité et plaisir.

A télécharger sur Alexandrie.

lundi, avril 16 2007

Haru Asakaïdo - Jean-Luc Flines.

Le thème :

Cette nouvelle atypique vous fera voyager et découvrir un Japon insolite du 19e siècle, non pas celui des samouraïs mais plutôt l'univers des peintres d'aquarelles et d'estampes au travers du drame de la jeune artiste "Gofun Shiryuki" atteinte de saturnisme, maladie liée à son art. C'est le récit d'une amitié un peu surnaturelle qui sublimera un autre peintre, femme elle aussi, Haru Asakaïdo. Au travers de cette histoire inédite, Jean-Luc Flines essaie de nous communiquer son admiration de peintre et d'illustrateur pour les estampes japonaises.

Très joli hommage rendu par Jean-Luc Flines à l'une des civilisations les plus raffinées qui soient, le Japon, et à l'art de l'estampe vu par des maîtres comme cet Hokusaï que les Goncourt furent parmi les premiers à faire connaître en France.

On retrouve ici cette fascination pour la Mort, prolongation logique de la vie, qui hante l'imaginaire japonais, le plus souvent sous la forme du suicide (un thème qui transparaît aussi bien chez Mishima, lequel passa d'ailleurs à l'acte, que chez Ôé ou Murakami Hakuri avec sa "Ballade de l'Impossible").

Car en fait, n'assistons-nous pas à un suicide lent, programmé, par l'absorption régulière et voluptueuse du blanc de céruse que l'héroïne estime seul capable de convenir à son art ?

A télécharger sur Alexandrie.

Et aussi sur le site de l'Auteur.

vendredi, avril 13 2007

Coralie a tout compris - Nicole Despinoy.

Le thème :

Coralie a 9 ans. Un jour, au retour de l'école, elle trouve au bas de son immeuble, un chaton qui vient juste de naitre. Elle voudrait le recueillir mais sa mère n'est pas très disposée à ce genre d'adoption… Cette nouvelle pourra être racontée aux jeunes enfants ; les plus grands la liront seuls. Mais tous auront plaisir à la découvrir parce qu'elle est vraie.

Excellent ! Simple, sans prétention, et une très bonne histoire à raconter aux petits et aux (un peu plus) grands sans risquer de les alarmer ou de les faire trop pleurer. Toutes proportions gardées, cela n'est pas sans évoquer pour moi - mais en facture bien plus moderne - certains textes de Mme de Ségur. Si ce n'est pas une référence ! ...

Car écrire pour les enfants est peut-être chose encore plus délicate que le faire pour les adultes.

A télécharger sur Alexandrie.

mardi, avril 10 2007

Metamorphenomena - Jean-Luc Flines.

Le thème :

Une série de treize nouvelles où le fantastique pénètre insidieusement le quotidien, l'absurde et la poésie. Toute ressemblance avec des faits réels ne serait pas l'effet du hasard mais plutôt la rencontre de plusieurs mondes parallèles !

Des textes courts, oniriques, poétiques, déjantés - dont je connaissais déjà "Requiem Lezard" et "Easygoing", postés sur Nota Bene - qui évoquent, pour certains d'entre eux, l'univers d'un Harlan Ellison. Ils se lisent vite et bien. On pourrait peut-être regretter l'absence d'un "fil rouge" nettement déterminé.

Je me demande cependant si la catégorie choisie : "Fantastique" est la bonne ? ou alors un fantastique à la manière d'Hoffmann peut-être mais revu et corrigé pour notre monde moderne ...

A télécharger sur Alexandrie.

Et aussi sur le site de l'Auteur.

lundi, avril 9 2007

La Goutte - Eleken Traski.

Résumé :

Rien n'est plus innocent qu'une goutte d'eau qui se condense sur le verre de votre soda frais préféré un jour de printemps trop chaud. Et Pourtant, à sa grande surprise, le protagoniste va découvrir sous ses yeux que la goutte n'a pas que pour vocation de glisser vers le bas...

Une couverture bien alléchante, voire apaisante, pour une nouvelle toujours aussi cauchemaresque. Une nouvelle que je tiens, quant à moi, pour la plus originale et aussi la plus achevée de son auteur à ce jour - l'allusion finale à la célèbre marque de boissons gazeuses américaine est d'un humour noir terrible.

Cela m'a fait penser au tout début de l'extraordinaire "Substance Mort" de Philip K. Dick ... avec cette différence que, dans Dick, on sait bien que, de toutes façons, le personnage qui voit et sent ce qu'il ne devrait ni voir, ni sentir est complètement shooté.

Chez Traski, il est certain que la migraine pré-existe. Son narrateur est-il fou pour autant ? A-t-il pris quelques substances qu'il n'aurait jamais dû absorber ? Est-il né ainsi ? ... On ne le le saura jamais.

Et même, tout cela ne serait-il qu'un fantasme car enfin, salement amoché comme il termine, il lui aurait été impossible d'écrire ... A moins que la goutte n'ait pris la plume à sa place ? ...

A télécharger sur Alexandrie.

Ou sur le site de l'Auteur.

dimanche, avril 8 2007

Pour la Peau du Fric - Kerryl.

Selon la quatrième de couverture :

Ce livre retrace les nombreux dysfonctionnements de notre société: le progrès et ses conséquences désastreuses ainsi que le gaspillage permanent dû à l'abondance de nos pays industrialisés. Le sujet principal est bien entendu l'argent qui aujourd'hui est devenu le maître mot de l'univers et tient en otage tous les habitants de cette planète. Nous sommes tous confrontés à ces problèmes qui s'accumulent mais nous y sommes habitués car ils font partie intégrante de notre vie quotidienne. Cependant, pendant que nous profitons de tout ce luxe et de cette abondance, des milliers d'êtres humains meurent tous les jours dans l'indifférence la plus totale.

Bien que je l'aie évalué sur Alexandrie, j'ai beaucoup hésité à le placer sur Nota Bene et sur ce blog. C'est un ouvrage dérangeant, un étonnant mélange de naïvetés énormes et de vérités profondes, un amalgame d'injustices incontestables et de remèdes souvent bien trop simplistes pour y remédier.

Malgré tout, il y a quelque chose là-dedans qui accroche.

Il fut, pour moi, je le répète, assez difficile à évaluer. Non que son style, très pamphlétaire, soit choquant. Mais parce que, en énumérant cette suite (très pertinente au demeurant) des injustices et dysfonctionnements qui perturbent la société moderne, l'auteur ne parvient pas à convaincre le lecteur que, quelque part, malgré tout, elle éprouve de la satisfaction à protester. C'est d'autant plus étrange que, à mon avis et vu certaines opinions qu'elle a eu le cran de noter noir sur blanc, elle est absolument sincère.

Bref, le livre déconcerte aussi bien qu'il passionne sur nombre de points. Car il reflète, de manière parfaite, le lourd malaise qui déforme actuellement notre pays. Il faudrait cependant polir la forme tout en conservant la rage et en éliminant une certaine naïveté. (Oui, c'est possible, j'en suis sûre.) Il faudrait aussi une relecture pour élaguer répétitions et fautes. Malgré tout, cet essai-pamphlet a du souffle. Bravo à son auteur.

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samedi, avril 7 2007

Le Voyage - Laurent Marie.

Le marquis de Becdelièvre a épousé une femme beaucoup plus jeune que lui et d'un fort tempérament. Pour conserver sa santé et aussi pour réfléchir au meilleur moyen de calmer les ardeurs de sa jeune femme sans pour autant les éteindre entièrement ou, pire encore, sans avoir besoin de la jeter dans les bras d'un amant, cet homme de cinquante-quatre ans décide de prendre un peu de recul et d'aller voir de vieux amis en province. Nous sommes au milieu du XIXème siècle, les routes sont pittoresques, les incidents qui les ponctuent drôles (la perruque) ou douloureux (le colporteur).

A chaque étape, le marquis, fidèle à sa promesse, écrit à sa femme. En retour, lui parviennent ses réponses et aussi, ce dont il se serait bien passé, des missives dues à un "corbeau" qui, il faut bien se résoudre à l'admettre, paraît connaître Mme de Becdelièvre sur le bout des doigts ...

La chute est excellente et je dois avouer n'avoir conçu de soupçon sur elle qu'à l'avant-dernière page. Je suis pourtant une grande lectrice de nouvelles - Maupassant, Maugham, Mansfield. Le style me semble en parfait rapport avec l'époque évoquée lorsque c'est le marquis qui s'exprime. Il gagnerait cependant à se différencier un peu lorsque le narrateur reprend la parole - c'est surtout sensible au début car, dès la deuxième page, on est "accroché." Au reste, combien d'écrivains chevronnés eux-mêmes n'y parviennent pas !

Seule réserve sur laquelle je ne transigerai pas : un important travail de corrections reste à faire question orthographe et syntaxe. La nouvelle gagnerait aussi - peut-être - à s'allonger d'une ou deux pages.

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vendredi, avril 6 2007

Le Détroit (El Estrecho) - Patricio Verges-Pascual.

Quatrième de couverture :

Maroc espagnol, été 1936 : le complot fasciste s'organise dans les montagnes du Rif. Agents nazis, envoyés de Mussolini, généraux félons de l'armée coloniale tentent de convaincre les berbères de s'engager massivement dans le "pronunciamiento" qui démarre la Guerre Civile d'Espagne ! Au même moment, à Melilla, une modeste femme de ménage quitte l'hôtel "Rusaddir" vers vingt heures après avoir achevé sa longue journée de travail par l'astiquage au chiffon doux de la rampe de cuivre du grand escalier de marbre du hall l'entrée. Elle regagne d'un pas nerveux son domicile de l'Alcazaba, sur la falaise battue par les vents lorsque...!

Les idées foisonnent, les détails aussi, les références historiques sont nombreuses. L'intérêt est présent mais le texte pêche par sa longueur (avec sa soixantaine de pages, c'est un court roman, en fait) et l'allure "brouillonne" de sa coordination.

Attention ! Cela ne veut pas dire qu'il soit dépourvu de qualités, bien au contraire. Mais il faudrait élaguer çà et là et peut-être adopter de temps à autre un style plus neutre, moins enflammé. Ou alors y aller carrément et approfondir jusqu'à obtenir un roman sensiblement plus long.

En fait, on dirait que l'auteur hésite entre deux genres et, du coup, cela déstabilise le lecteur.

Dommage car le fond est passionnant. A lire tout de même - à condition d'aimer l'Histoire. ;o)

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jeudi, avril 5 2007

Itinéraires Célestes - Valérie Vives.

Une assez longue nouvelle, fort sympathique, dont voici, grosso modo, le résumé :

Cette nouvelle raconte l’arrivée de Pablo, pêcheur du sud de la France, dans les instances étoilées. Là-haut il est accueilli par deux anges syndicalistes, qui sont chargés d’ orienter les nouveaux arrivés vers leurs destins. On découvre alors qu’il existe pour chacun une destination à découvrir et que le repos éternel n’est pas si simple à acquérir. La vision verticale permet une forme de réflexion sur notre propre environnement terrestre et nos responsabilités en tant que locataires. Pablo bénéficiera lui, d’une erreur accidentelle, plutôt burlesque… Enfin des nouvelles du ciel, ça faisait longtemps que l’on en avait plus !

Je me rappelle avoir déclaré à l'époque sur Alexandrie que, si la note "9 1/2" avait existé, je l'aurais donnée de bon coeur à cette nouvelle dont la construction est bonne sur une idée pas si neuve que ça mais traitée en revanche de façon résolument moderne, avec un maximum d'humour et de gaieté bon enfant.

Un tout petit travail sur certaines maladresses de style et le remplacement de certaines virgules par des points ... et cela serait vite impeccable, mais oui !

La Bouteille - Eleken Traski.

L'horrible cauchemar d'une fillette en quête de son frère et qui se retrouve face au Boucher.

L'histoire en elle-même : en apparence, ce pourrait n'être que du "gore" mais c'est bien plus que cela. Beaucoup de sensibilité, quelque chose de visionnaire, de différent, d'original - et donc quelque chose de particulier à l'auteur et qu'il faut à tout prix qu'il cultive encore. Je puis me tromper mais il y a beaucoup de "non-dits" dans ce cauchemar étouffant où la dernière parole du Boucher est à la fois terriblement féroce et miséricordieuse.

Je retrouve ici ce que je pressentais dans "9 heures A.M." - autre nouvelle de l'auteur dont je n'ai pas fait mention ici parce que je ne l'estime pas assez achevée pour retenir le lecteur - mais beaucoup plus abouti, plus travaillé. Un auteur jeune mais à suivre et qui doit continuer à prendre confiance en lui.

Seul reproche - mais celui-là n'est que technique : il est donc facilement réparable : l'orthographe (épouvantable) et les lourdeurs dans le style. Il faut trouver une solution car cela peut lasser le lecteur impatient et ce serait dommage.

A télécharger sur Alexandrie.

Ou sur le site de l'Auteur.

mercredi, avril 4 2007

L'Eloquence de l'Arbre - Eric Martin.

Voici le texte de la quatrième de couverture, écologique et poétique en diable :

"Tous les arbres contiennent soit de la chaleur soit du froid, comme les herbes. Toutefois, certains arbres sont plus chauds que les autres, certains plus froids, parce que certains contiennent plus de chaleur que les autres qui sont chauds, et certains plus de froid que ceux qui sont froids." Hildegarde de Bingen, livre des subtilités des créatures divines, XIIe siècle. Dix nouvelles sont ici proposées aux lecteurs sous la forme d'un recueil qui emprunte son titre à celui du premier texte : " L'Éloquence de l'Arbre ".

Alors, bien sûr, les nouvelles sont irrégulières et, de manière tout aussi évidente, il y en a certaines que j'ai préférées. Parmi elles, celle dédiée à Vlad - je suppose qu'il y a un rapport avec Vlad Tepes, "modèle" que prit Stoker pour son Dracula - me semble la plus aboutie. Mais, de toutes façons, j'ai ressenti là-dedans un style qui cherche à s'affirmer (et tous les moyens sont bons pour ça et puis, de toutes façons, on ne se découvre pas sans faire des erreurs).

Pour moi, j'apprécierais qu'il fût un peu moins fourni en adjectifs (ça vous étonne peut-être mais c'est comme ça :o) ) et que les phrases fissent parfois un peu moins "fouillis". N'empêche, ce livre retient l'attention parce qu'il résonne "vrai." Et la vérité n'est pas parfaite. Il y a un véritable mysticisme, une nature authentiquement tournée vers le fantastique là-dedans. C'est assez rare de nos jours pour qu'on n'hésite pas à le souligner.

A télécharger sur Alexandrie.

Récits de la Famille Ergans - Eric Ergans.

Bien que rangés dans la section "Autobiographie" de la Bibliothèque d'Alexandrie, ces deux courts récits (en tout, cela fait 37 pages) risquent de vous étonner en raison du manteau de fiction qui revêt ces événements vraisemblablement vécus par l'auteur ou, à tout le moins, par ses proches.

Les qualités de ces textes sont à mon sens la clarté, la sobriété et une très grande distanciation qui, ô paradoxe, n'empêche en rien le lecteur de se rendre compte de la souffrance qui est encore celle de l'auteur quand il écrit.

Je sais, c'est bizarre, une sorte de "recul zoomé" si j'ose dire. Et pourtant, c'est ainsi.

Le premier texte conte le retour à l'internat de l'alter-ego de l'auteur, après un week-end passé en famille, dans le contexte de la guerre civile. Le second nous montre le père de l'adolescent, qui est officier dans l'armée fédérale, se rendre chez une vieille dame pour lui annoncer la mort de son fils. Il y apprend que le jeune homme était en fait un enfant adopté et, du même coup, s'aperçoit qu'il ne savait pas grand chose sur cette jeune recrue qu'il estimait pourtant beaucoup.

Le tout entremêlé de réflexions sur l'absurdité foncière de la guerre et sur son langage qui transforme en héros des violeurs - par exemple.

A télécharger sur Alexandrie.

Et aussi sur le site de l'Auteur.

mardi, avril 3 2007

Kurt & les Voiliers Maudits - Jean-Luc Flines.

Cette nouvelle, qui pointe vers le Surréalisme, expose le regard d'un enfant sur le monde des camps de concentration, à ceci près que l'enfant est le fils du responsable du camp.

Elle m'a tout d'abord fortement indisposée - ce qui prouve en tout cas qu'elle ne laisse pas indifférent. Ce fut même le rejet brutal. Puis, en réfléchissant, en laissant passer un peu de temps et aussi en avançant dans ma lecture des "Bienveillantes" de Littell, je suis revenue sur mon impression négative et j'en ai conclu que ce que je refusais dans cette nouvelle, c'était le viol mental qui était imposé à cet enfant par un père soi-disant aimant. Que l'on gère soi-même l'horreur quotidienne, qu'on la pratique avec plaisir, c'est un choix et par conséquent une question de libre-arbitre. Qu'on l'impose à un enfant comme une pratique "normale", cela se compare à un viol et c'est une tout autre affaire. Kurt peut d'ailleurs symboliser en parallèle le peuple allemand non dans son entier mais dans sa majorité.

Quant aux qualités techniques de la nouvelle, je ne pense pas les avoir vues, je ne sais même pas si elles existent. Le sujet m'a trop interpellée pour que j'en prenne conscience. Je serai curieuse de savoir si, à ceux d'entre vous qui iront lire cette nouvelle, celle-ci offrira une vision subjective ou objective.

Une réserve : l'auteur - qui me trouvera bien têtue s'il me lit : wink: -devrait préciser en exergue que sa nouvelle s'inspire de faits réels. Essentiellement parce que tout le monde n'est pas versé en histoire concentrationnaire et aussi, de cela je me rends compte aujourd'hui, parce que sa nouvelle peut indisposer en un premier temps des personnes qui, finalement, pourraient l'apprécier.

(Cet ouvrage était en course pour le Prix Alexandrie 2007 - catégorie Nouvelles.)

Elle est à télécharger sur Alexandrie.

Et aussi sur le site de l'Auteur.

Ballades Oniriques - Natacha Dufayet.

Ce recueil de contes plus que de nouvelles - l'ouvrage est d'ailleurs répertorié dans la catégorie "Contes" sur Alexandrie - se lit avec un plaisir qui ne se dément pas. Tout tourne autour du coeur et des sentiments de tendresse et d'amour.

Il y a ici une vraie nature d'auteur. Le style est souple et l'on y sent une présence qui vibre et qui, si l'auteur persévère, pourrait fort s'épanouir et acquérir une puissance véritable. D'ailleurs, cette puissance, on la sent déjà, mais comme un embryon - c'est assez difficile à décrire mais elle est là, c'est certain. L'ensemble est hautement poétique et je crois volontiers l'auteur quand elle affirme être souvent dans les nuages. Ce qui ne l'empêche pas de soigner la construction et, fait qui n'est paradoxal qu'en apparence, la logique de ces nouvelles faites d'amour et de rêves.

A télécharger sur Alexandrie.

lundi, avril 2 2007

Rudeval - Marc Fenek.

Quatrième de couverture :

Le président est mort, vive le président ! Mais le remplaçant est-il celui que l'on attend ? Un extrémiste au pouvoir, c'est le meilleur moyen de voir, çà et là, des révoltes. Et dans cette guerre civile, des gens perdus, poussés là par hasard plus que par conviction, qui vont tenter de sauver leur peau et, qui sait, de ramener un semblant de démocratie...

Il y a là dedans du souffle et une facilité certaines pour les dialogues ainsi qu’une tendresse réelle pour les petites gens. Le travail de relecture en ce qui concerne le style et les éventuelles redites est à saluer. Les idées sont plus que généreuses et l’analyse des mécanismes qui transforment de paisibles citoyens en tueurs impitoyables sonne juste – je pense au chapitre XVIII, si je ne me trompe pas. La présentation du rôle tenu par les USA dans notre monde depuis la Seconde guerre mondiale me paraît un peu simpliste mais n’est pas cependant infondée.

Un roman futuriste par l'auteur de "Photo-Finish."

Nota Bene: je précise, pour les mauvais esprits et les mauvaises langues, que, bien que reprenant une affiche de propagande nazie comme couverture, "Rudeval" ne fait en rien l'apologie du nazisme ou du totalitarisme. Bien au contraire ! Qu'on se le dise ! Merci.

A télécharger sur Alexandrie.

Ou sur le site de l'Auteur.

Même Plus Peur - Quentin Ochem.

Il s'agit ici d'une courte pièce de théâtre mettant en scène la Créature de Frankenstein, le comte Dracula, Renfield, une petite vampire, et quelques autres dont les Parques - leurs parties de strip-poker sont hilarantes.

Tous sont réunis dans une maison de retraite hors du monde, à la garde d'une Infirmière qui prétend être la Mort. Elle veille sur eux, qui s'ennuient désespérément entre leurs éternelles parties de cartes, les mini-drames qu'ils mettent en scène et dont ils sont les acteurs, les soliloques du Monstre et les bizarreries de toutes sortes.

Arrive un beau matin Mary Shelley elle-même qui veut leur rendre la liberté et surtout le pouvoir de faire peur aux hommes, désormais blasés. Mais elle n'y parviendra pas et finira pétrifiée lors du suicide de Méduse.

Un texte onirique, poétique, grinçant aussi, avec des échanges percutants et qui aurait peut-être pu s'étirer d'une ou deux scènes en plus.

A télécharger gratuitement sur Alexandrie.

dimanche, avril 1 2007

Adieu mon pouvoir - Michel Redjah.

Bon petit roman, agréable à lire, bien documenté - ce qui n'étonnera personne si l'on se réfère au CV de l'auteur - et sans doute plus crédible, en ce sens, que "L'Homme qui jouait la montre."

Des personnages simples pour une intrigue à la fois simple (en dépit du machiavélisme utilisé par les meneurs de l'OPA) et surtout en prise directe sur la fièvre de spéculation et du profit à tous prix qui caractérise notre époque. L'auteur - pour autant que j'ai cru le saisir - ne se prive pas pour désigner du doigt le grand responsable de tout cela : c'est-à-dire les moeurs financières américaines - et en gros anglo-saxonnes.

Le style reste honnête, plutôt fluide et naturel. Le retour en arrière est utilisé avec habileté. J'ai apprécié également la construction qui ne permet pas aux évènements de partir dans tous les sens : il y a une idée directrice et l'auteur s'y tient, ce qui, chez lui, dénote un travail réel.

A télécharger gratuitement sur Alexandrie.

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