Le Thème :

Bernard passe toujours ses premiers jours de vacances avec ses amis Jean-Luc et Anna. Ils louent une maison en Charente, avec un jardin qui conserve un ancien petit cimetière protestant. Bernard se souvient des anciens temps, quand il était lui-même amoureux d'Anna. Il devine que Jean-Luc et Anna ne s'aiment plus vraiment, et tente sa chance. Ce faisant, il ne fait que consolider l'amour entre ses deux amis. L'histoire s'appuie sur de longues après-midi de discussions entre les trois amis, où sont évoquées, entre autres, les origines familiales de Jean-Luc, des protestants qui fuirent la Suisse à la naissance de la Réforme de Luther, émigrèrent dans les Cévennes et se réfugièrent finalement à La Rochelle, une "place de sûreté". Le petit cimetière, que Jean-Luc appelle "Le tumulus", révèle des liens familiaux pour le moins étonnants.

Les souvenirs que j'ai conservés du "Tumulus" sont précis. Comme toujours, la passionnée d'Histoire de France qui est en moi s'est complue à tout ce qui, dans ce roman, touche aux guerres de Religion qui, au XVIème siècle, écartelèrent notre pays. Il est clair que Bruno Leclerc du Sablon sait de quoi il parle. Et cela fait plaisir, surtout à notre époque.

Autre chose qui m'a beaucoup frappée et qui mérite d'être souligné : l'auteur ne dédaigne pas d'utiliser le subjonctif imparfait quand il le faut. Et il a raison car se priver de ce temps comme on le fait trop souvent aujourd'hui, c'est souvent nuire au texte que l'on veut créer. On ne demande pas aux écrivains de faire du Saint-Simon mais il y a une limite : songez aux "Ames Grises" de Philippe Claudel, un texte admirable, desservi par ce nivellement par le bas qui le prive de tous les imparfaits du subjonctif que nécessitait pourtant sa très grande qualité.

Pour le reste, l'intrigue est hautement sentimentale et m'évoque l'atmosphère qu'on retrouvait jadis dans les romans par exemple de Berthe Bernage - ou de Germaine Acremant. (Je préfère la seconde, qui a plus d'humour.) A mon avis, cela tient aux dialogues. Mais, dans tous les romans, quels qu'ils soient, les dialogues sont si difficiles à rendre convainquants qu'on ne peut en vouloir à l'auteur. C'est là que le bât blesse.

Un bon petit roman, sans prétention aucune et qui doit se lire dans le même esprit.

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