Les Manuscrits Ne Brûlent Pas.

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A La Découverte de Saint-Simon.

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mercredi, novembre 21 2007

Sur Elisabeth d'Orléans, Duchesse de Guise - ( III )

Fort mal traitée par la Grande Mademoiselle, fille du premier mariage de son père :

et fort peu considérée par son père comme par son oncle, Louis XIV, Elisabeth d'Orléans subit l'influence de Marie de Lorraine, dite Melle de Guise et petite-fille du fameux Henri de Guise qui avait tant fait souffrir les Valois en créant la Ligue.

       

Marie de Lorraine, dite Melle de Guise, à gauche - Face à elle, son père, Charles Ier de Lorraine, quatrième duc de Guise.

Et ce fut par Melle de Guise que, peu à peu, Melle d'Alançon se fit à l'idée d'épouser le neveu de sa bienfaitrice, Louis-Joseph. Un grand problème se posait cependant : la différence de statut entre une petite-fille de France et un prince lorrain.

Nous verrons plus loin comment Melle de Guise régla la difficulté. ;o)

Sur Elisabeth d'Orléans, Duchesse de Guise - ( II)

      Elisabeth d'Orléans, née duchesse d'Alençon et devenue duchesse de Guise par son mariage.

Sur cette toile, le peintre a su éviter de montrer les disgrâces physiques dont elle était malheureusement affligée.

Elle était la troisième des cinq enfants que Gaston de France, "Monsieur", duc d'Orléans et frère de Louis XIII :

                

eut de son deuxième (et dernier) mariage avec Marguerite de Lorraine, ici peinte par Van Dyck :

dimanche, novembre 18 2007

Sur Elisabeth d'Orléans, Duchesse de Guise - ( I )

En 1696, meurt aussi Elisabeth d'Orléans, duchesse d'Alençon, duchesse de Guise et demi-soeur de la Grande Mademoiselle. Fidèle à ses principes, Saint-Simon nous la restitue d'abord au sein de sa famille :

"... ... Bossue et contrefaite à l'excès, elle avait mieux aimé épouser le dernier duc de Guise, en mai 1667, que de ne se point marier. Monsieur, son père, frère de Louis XIII, était mort en 1660. Madame (Marguerite de Lorraine), sa mère, qui était soeur de Charles IV, duc de Lorraine, et que Monsieur avait clandestinement épousée à Nancy en 1632, dont Louis XIII voulut si longtemps faire casser le mariage, et qui ne put venir en France qu'après sa mort, était morte en 1662. Mme de Savoie, soeur du même lit et cadette de Mme de Guise, était morte sans enfants en 1664, et son autre soeur du même lit, et l'aînée, était revenue dans un couvent de France, sans aucune considération, après avoir quitté ses enfants et son mari, le grand-duc de Toscane, qui ne put jamais l'apprivoiser. ... ..."

jeudi, novembre 15 2007

Mort de Marie-Anne d'Autriche, reine-mère d'Espagne. ( VI )

Marie-Louise d'Orléans, première épouse de Charles II d'Espagne.

Cette petite-fille de Louis-XIII et d'Anne d'Autriche connut un destin tragique. Elle mourut à 27 ans, probablement empoisonnée sur ordre de sa belle-mère, la reine-mère Marie-Anne d'Autriche, qui lui reprochait sa nationalité et le fait qu'elle n'eût pas donné de fils à Charles II. Cette mort mettait fin à une existence confinée, comme il était d'usage à la cour d'Espagne pour les reines, où cette jeune fille vive et jolie était devenue dépressive et obèse.

Mort de Marie-Anne d'Autriche, reine-mère d'Espagne. ( V )

Don Juan (José) d'Autriche, fils illégitime de Philippe IV d'Espagne et de l'actrice Maria Calderon - Il était par conséquent le demi-frère de Charles II.

A la mort de son père, pour parer à la haine que lui portait la reine-mère, il passa dans l'opposition et fit pression pour obtenir le renvoi du père Eudardo Everardo Nithard :

             

et surtout du favori de la reine, dont on ne put jamais prouver qu'il était son amant : Fernando de Valenzuela, marquis de Villasierra, qui mourut en exil à Mexico :

            

Mort de Marie-Anne d'Autriche, reine-mère d'Espagne. ( IV )

Sur la reine-mère d'Espagne, Saint-Simon, impitoyable, poursuit :

"... ... Don Juan d'Autriche ( 1 ) lui arracha le fameux Vasconcellos ( 2 ), puis le jésuite Nithard, son confesseur, qu'elle consola par l'ambassade d'Espagne à Rome, n'étant que simple jésuite, et le fit cardinal après, mais sans avoir pu le rapprocher d'elle.

Elle régna avec plus de tranquillité sous le nom de son fils (Charles II) devenu majeur, et rendit fort malheureuse la fille de Monsieur ( 3 ), que ce prince avait épousée.

A la fin, son mauvais gouvernement et plus encore son humeur altière, qui lui avait aliéné toute la cour, refroidit le roi pour elle, sur qui elle l'exerçait avec peu de ménagement, et elle alla passer ses dernières années dans un palais particulier dans Madrid, peu comptée et peu considérée. ... ..."

( 1 ) : Don Juan José d'Autriche, à ne pas confondre avec l'infant don Juan d'Autriche qui, lui, était le fils illégitime d'une notable de Ratisbonne et de l'empereur Charles-Quint.

( 2 ) : Saint-Simon se trompe : il s'agit de Valenzuela.

( 3 ) : Marie-Louise-Elisabeth d'Orléans, fille de Philippe, frère de Louis XIV, et de sa première épouse, Henriette d'Angleterre.

samedi, novembre 10 2007

Mort de Marie-Anne d'Autriche, reine-mère d'Espagne. ( III )

Mais Marie-Anne allait conclure un mariage encore plus consanguin puisqu'elle épousa son oncle maternel, le roi Philippe IV d'Espagne :

   

à qui elle donna un fils, Charles II, au nom de qui elle exerça longtemps la régence :

        

Sur les traits de l'éphémère monarque, qui mourut le 1er novembre 1700, se lit la fin d'une lignée. Charles II - el Hechizado (l'Ensorcelé) comme on le surnomma - devait être le dernier représentant mâle des Habsbourg sur le trône d'Espagne. Par son testament, en date du 2 octobre 1700, il léguait sa couronne à son neveu, Philippe de France, duc d'Anjou et petit-fils de Louis XIV, qui deviendra donc roi d'Espagne sous le nom de Philippe V :

        

Ce legs sera à l'origine de la guerre qui opposera alors la France à l'Empereur et à ses alliés. Nous y reviendrons, avec Saint-Simon.

dimanche, novembre 4 2007

Mort de Marie-Anne d'Autriche, reine-mère d'Espagne. ( II )

Marie-Anne d'Autriche était l'enfant d'une union consanguine ainsi que le prouvent les traits - assez peu gracieux - de son visage hautain, que souligne encore l'horrible coiffure "à l'espagnole." Elle était en effet la fille de Ferdinand III de Habsbourg, roi de Hongrie et de Bohême et chef du Saint-Empire romain germanique :

         

et de Marie-Anne d'Autriche, infante d'Espagne par son père, Philippe III :

    

samedi, novembre 3 2007

Mort de Marie-Anne d'Autriche, reine-mère d'Espagne. ( I )

En 1696, c'est le décès de la reine-mère d'Espagne, Marie-Anne d'Autriche, qui était aussi, par son mariage avec Philippe IV, la belle-mère de Marie-Thérèse, épouse de Louis XIV :

"... ... L'Espagne perdit la reine mère d'un cancer. C'était une méchante et malhabile femme, toujours gouvernée par quelqu'un, qui remplit de troubles la minorité du roi son fils. ......"

Et Saint-Simon nous précise un peu plus loin :

"... ... Elle haïssait extrêmement la France et les Français. Elle était soeur de l'Empereur (Léopold Ier) et seconde femme de Philippe IV, qui, de sa première femme, fille d'Henri IV, avait eu notre reine Marie-Thérèse : en sorte que le Roi en drapa (*) pour un an, sans regrets. ... ..."

( * ) : les carosses furent recouverts, à l'intérieur comme à l'extérieur, de drap et de parures de deuil.

                 
                 Marie-Anne d'Autriche, reine d'Espagne. (1635-1696)

vendredi, novembre 2 2007

Fénelon, Mme Guyon & le Quiétisme (XLI et dernier).

Le dernier acte se jouera cependant à Rome. Saint-Simon nous le rappelle - et l'on sent le plaisir anticipé qu'il prend à mettre le cardinal de Bouillon de côté, pour de prochaines aventures :

"... ... La cour de Rome eut une extrême joie de se voir déférer cette cause à juger en première instance par les premiers prélats d'un royaume jusqu'alors si attachés à des maximes plus anciennes, et elle triompha de les tenir en suppliants à ses pieds. Cette affaire y fit grand bruit. Elle fut renvoyée à la congrégation qui examinait un ouvrage dogmatique du feu cardinal Sfondrat, abbé de Saint-Gall, qui avait été déféré au Saint-Siège, qui, sur cette même matière et sur d'autres, était, disait-on, fort étrange, mais que la pourpre de son auteur, quoique mort, protégea. Il faut les laisser travailler à Rome, et y arriver le cardinal de Bouillon, qui passa par Cluny et y emporta la coadjutorerie pour son neveu, qu'il fit confirmer à Rome. ... ..."

jeudi, novembre 1 2007

Fénelon, Mme Guyon & le Quiétisme (XL).

""Exit"" donc l'archevêque de Cambray qui s'était cru si près du pouvoir :

"... ... M. de Cambray ne demeura que deux jours à Paris. En partant pour Cambray, il laissa une lettre à un de ses amis, qu'on ne doutât pas qu'il fût M. de Chevreuse, et qui incontinent après devint publique. Elle parut une espèce de manifeste d'un homme qui, d'un langage béat, épanche sa bile et ne se ménage plus parce qu'il n'a plus rien à espérer. Le style, haut et amer, en est d'ailleurs si plein d'esprit, et, à tout événement, d'artifice, qu'elle fit un extrême plaisir à lire, sans trouver d'approbateurs : tant il est vrai qu'un sage et dédaigneux silence est difficile à garder dans les chutes. ... ..."

Quant à Jeanne-Marie Bouvier de La Motte-Guyon - puisque tel était l'Etat-civil officiel de celle qui est restée dans l'Histoire sous le nom, plus simple, de "Mme Guyon - elle restera encore sept longues années à la Bastille.

mercredi, octobre 31 2007

Fénelon, Mme Guyon & le Quiétisme (XXXIX).

Mais Fénelon n'aura pas le temps de savourer ce regain de popularité : Saint-Simon nous montre la cabale qui se tient dans l'ombre et surtout la décision de Louis XIV qui frappe sans prévenir et Fénelon, et son élève :

"... ... il ne jouit pas longtemps de cette petite prospérité ; elle fit peur à ses ennemis ; ils irritèrent le Roi, qui, sans le vouloir voir, lui fit dire de s'en aller sur le champ à Paris, et de là dans son diocèse, d'où il n'est jamais sorti depuis.

En envoyant cet ordre à M. de Cambray, le Roi envoya chercher M. le duc de Bourgogne, avec lequel il fut longtemps seul dans son cabinet, apparemment pour le déprendre de son précepteur, auquel il était fort attaché et qu'il regretta avec une amertume que la séparation de tant d'années n'a jamais pu affaiblir. ... ..."

lundi, octobre 29 2007

Fénelon, Mme Guyon & le Quiétisme (XXXVIII).

Fénelon pourrait perdre courage mais il a tellement d'adversaires que, curieusement, l'opinion publique commence à se retourner en sa faveur :

"... ... Rien de plus adroit, de plus insinuant, de plus flatteur que la lettre (au Pape) de M. de Cambray. L'art, la délicatesse, l'esprit, le tour y brillaient, et, tout en ménageant certains termes, trop grossiers pour l'honneur de l'épiscopat et des maximes du Royaume, il y fit litière de l'un et de l'autre sous prétexte de modestie et d'humilité personnelle. Elle ne laissa pas, par cela même, de faire pour lui un bon effet dans le monde. En général, on est envieux et on n'aime pas l'air d'oppression. Tout était déclaré contre lui : ses parties, devenues ses juges par le renvoi de son livre à leur examen ; elles (1) venaient de profiter des vacances (2) de M. de Metz. On lui passa donc les flatteries de sa lettre en faveur du tour et de la nécessité, et il vit une lueur de retour du public. ... ..."

(1) : les parties adverses.

(2) : le cordon bleu et la place de Conseiller d'Etat d'Eglise dont nous avons vu que Louis XIV en avait fait bénéficier deux ennemis jurés de Fénelon.

vendredi, octobre 26 2007

Fénelon, Mme Guyon & le Quiétisme (XXXVII).

Fénelon commet alors la plus grosse des erreurs, il décide de s'adresser au Pape. Certes, en sa qualité d'ecclésiastique, il en avait évidemment le droit. Mais c'était jouer un jeu dangereux auprès d'un Louis XIV si jaloux de sa propre autorité - et c'était aussi embarrasser Innocent XII, lequel tentait d'apaiser les tensions entre le Vatican et Versailles :

"... ... Tout cela, avec l'examen de son livre, dont il ne se pouvait rien promettre de favorable, lui fit prendre le parti d'écrire au Pape, de porter son affaire devant lui, et de demander permission au Roi d'aller la soutenir à Rome ; mais le Roi lui défendit le dernier. M. de Meaux, là-dessus, envoya son livre au Pape, et M. de Cambray eut la douleur de recevoir une réponse sèche du Pape, et de voir M. de Meaux triompher de la sienne. ... ..."

           

Antonio Pignatelli, devenu Innocent XII en 1691 - Avec lui, Louis XIV acceptera de renoncer à ses "propositions gallicanes" et les relations entre la France et le Vatican se réchaufferont un peu.

mercredi, octobre 24 2007

Fénelon, Mme Guyon & le Quiétisme (XXXVI).

Alors que les prélats examinaient les "Maximes des Saints", l'évêque de Metz vint à mourir, libérant du même coup un cordon bleu et une place de conseiller d'Etat d'Eglise. Or Louis XIV transmet le premier à Louis-Antoine de Noailles, archevêque de Paris et la seconde à ... Bossuet, accroissant ainsi leur puissance et leur prestige à tous les deux.

Dans le même temps, Mme de Maintenon prend la décision de chasser de Saint-Cyr Mesdames de Maisonfort, du Tourp et de Montaigle, lesquelles avaient eu le tort de s'intéresser d'un peu trop près à Mme Guyon. Contrevenant à sa discrétion habituelle, la marquise le fait avec éclat : puisque scandale il y a, autant s'en servir pour regagner des points. Tel est son raisonnement - et il est loin d'être faux.

Pour Fénelon, le temps se gâte de plus en plus ... ;o)

lundi, octobre 22 2007

Fénelon, Mme Guyon & le Quiétisme (XXXV).

Dernier prélat cité par Saint-Simon, Henri Feydeau de Brou, évêque d'Amiens :

             

"... ... Amiens, auparavant l'abbé de Brou et aumonier du Roi, était très savant mais ami intime de M. de Meaux et pensant comme lui en tous genres de doctrines. C'était d'ailleurs un homme extrêmement aimable, fort rompu au monde, goûté et recherché, mais un saint évêque, tout appliqué à son étude et à son diocèse, dont il ne sortait que le moins qu'il pouvait, et qui y donnait tout aux pauvres. ... ..."

dimanche, octobre 21 2007

Fénelon, Mme Guyon & le Quiétisme (XXXIV).

Et comme Saint-Simon est toujours très au fait des cancans de cour, il ajoute, à propos de l'évêque de Soissons, une précision qui ne fait que confirmer la triste situation dans laquelle est tombé M. de Meaux :

"... ... (Soissons) et M. de La Rochefoucauld étaient enfants du frère et de la soeur (ils étaient donc cousins germains), et Mme de Sillery, sa mère, qui n'avait rien eu en mariage et dont les affaires étaient ruinées, vivait depuis de longues années à Liancourt, chez M. de La Rochefoucauld ( * ). L'union était donc grande entre eux et M. de La Rochefoucauld, le plus envieux des hommes, ne pouvait souffrir les ducs de Chevreuse et de Beauvillier, dont le crédit et les places du dernier le désolaient, et dont la chute faisait tous les désirs. ... ..."

( * ): il ne s'agit pas du fameux mémorialiste - qui était mort en 1680 - mais de son fils, François VII de La Rochefoucauld, dont Saint-Simon fera plus tard (dans les tomes III et IV de la Pléiade) deux descriptions intègres mais féroces.

                     

Fabio-Charles de Sillery, évêque de Soissons. Son prénom italien lui avait été donné par son parrain, le pape Alexandre VII.

Fénelon, Mme Guyon & le Quiétisme (XXXIII).

Même s'il devait se garder d'y entrer, le Roi ne pouvait ignorer la polémique qui éclatait après avoir si longtemps couvé. D'autant qu'on avait voulu y compromettre Mme de Maintenon et, à travers elle, le toucher, lui. En lisant les pages que Françoise Chandernagor consacre à cette période de très grand froid entre la marquise et son royal époux, on comprend encore mieux pourquoi Louis XIV se devait de réagir avec prudence mais sans miséricorde.

Saint-Simon, pour sa part, ne nous dissimule rien de l'abîme dans lequel Fénelon s'apprête à tomber :

"... ... Ces deux livres, si opposés en doctrines et en styles, et si différemment accueillis dans le monde, y causèrent un grand fracas. Le Roi s'interposa et obligea M. de Cambray à souffrir que le sien fût examiné par les archevêques de Reims et de Paris, et par les évêques de Meaux, Chartres, Toul, Soissons et Amiens, c'est-à-dire par ses adversaires ou par des prélats qui leur adhéraient ; Paris, Meaux et Chartres étaient ses parties (1) reconnues ; Reims s'était joint à eux ; Toul, qui a tant fait parler de lui depuis, sous le nom de cardinal de Bissy, vivait avec M. de Chartres comme avec un protecteur duquel il attendait sa fortune.

Soissons, frère de Puysieulx, était un fat, mais avec de l'esprit, du savoir, et plus d'ambition encore, qui lui avait fait changer son évêché d'Avranches avec le savant Huet, pour être plus près de Paris et de la cour, des volontés de laquelle il était esclave. ... ..."

(1) : il faut lire "ses adversaires", l'adjectif "adverses" ayant été omis selon l'usage du temps.

               
       Henri-Pons de Thiard, évêque de Toul, devenu par la suite cardinal de Bissy.

vendredi, octobre 19 2007

Fénelon, Mme Guyon & le Quiétisme (XXXII).

Saint-Simon expose maintenant les premières réactions provoquées par la parution de l'ouvrage de Bossuet, qu'avait cru bon de devancer Fénelon avec ses "Maximes des Saints" :

"... ... Dans ces circonstances, M. de Meaux ( Bossuet ) publia son "Instruction sur les états d'oraison", en deux volumes in-octavo, la présenta au Roi, aux principales personnes de la cour et à ses amis. C'était un ouvrage en partie dogmatique, en partie historique, de tout ce qui s'était passé depuis la naissance de l'affaire jusqu'alors, entre lui, M. de Paris et M. de Chartres d'une part, M. de Cambray et Mme Guyon de l'autre. Cet historique très-curieux, et où M. de Meaux laissa voir et entrendre tout ce qu'il ne voulut pas raconter, apprit des choses infinies et fit lire le dogmatique.

Celui-ci, clair, net, concis, appuyé de passages sans nombre et partout de l'Ecriture et des Pères ou des conciles, modeste, mais serré et pressant, parut un contraste du barbare, de l'obscur, de l'ombragé, du nouveau et du ton décisif de vrai et de faux des "Maximes des Saints", et les dévora aussitôt qu'il parut. L'un, comme inintelligible, ne fut lu que des maîtres en Israël (1) ; l'autre, à la portée ordinaire et secouru de la pointe de l'historique, fut reçu avec avidité et dévoré de même.

Il n'y eut homme ni femme à la cour qui ne se fît un plaisir de le lire et qui ne se piquât de l'avoir lu : de sorte qu'il fit longtemps toutes les conversations de la cour et de la ville. Le Roi en remercia publiquement M. de Meaux. En même temps, M. de Paris et M. de Chartres donnèrent chacun une instruction fort théologique, en forme de mandement à leur diocèse, mais qui fut un volume, surtout celui de M. de Chartres, dont la profondeur et la solidité l'emporta sur les deux autres, au jugement des connaisseurs, et devint la pierre principale contre laquelle M. de Cambray se brisa. ... ..."

(1) : allusion à une parole que Jésus adresse à Nicodème ("Evangile selon St Jean") : "Quoi ? Vous êtes maître en Israël et vous ignorez ces choses ?"

jeudi, octobre 18 2007

Fénelon, Mme Guyon & le Quiétisme (XXXI).

Le père Louis Bourdaloue, surnommé "le plus janséniste des jésuites" et dit aussi "le prédicateur des Rois et le le Roi des prédicateurs."

Son nom reste attaché à un chapeau à ruban, à une délicieuse tarte aux amandes et aux poires :

          

... et aussi à un certain vase dont les élégantes du XVIIème siècle, peu soucieuses de manquer ne fût-ce qu'une seule phrase des longs prêches du jésuite, emportaient avec elle à l'église pour s'y soulager sans façon. L'ampleur des jupes de l'époque et la notion particulière qu'avaient de l'hygiène tout ce petit monde favorisaient le phénomène.

Louis XIV lui-même recevait sur sa chaise percée et, plus loin encore, c'est sur cette même chaise que Henri III fut assassiné par Jacques Clément, qu'il recevait en audience. C'était dans les moeurs du temps ... ;o)

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