Boys & Girls Forever Traduction : Emmanuelle Fletcher

Ce volume peut se lire comme un complément de "Ne Le Dites Pas Aux Grands." Lurie y a rassemblé les notes et les articles qu'elle n'avait pas réussi à placer dans le précédent ouvrage et c'est là également qu'elle étudie les quatre seuls cas européens qu'elle ait pris en compte : Hans-Christian Andersen, Carlo Collodi, Tove Jansson et Laurent de Brunhoff.

Au contraire de Moumine le Troll, création de la Finlandaise Tove Jansson, et de Babar l'Eléphant, imaginé par Jean de Brunhoff et repris par son fils, Laurent, l'oeuvre d'Andersen comme celle de Collodi affichent clairement les racines qu'elles plongent dans le monde adulte. Andersen lui-même était étonné de voir nombre de ses contes recommandés aux enfants. Quant à Collodi, l'intégralité de l'intrigue qu'il a imaginée, bien éloignée de l'ersatz (sympathique mais très édulcoré) mis en images par Walt Disney, s'apparente plus au roman noir teinté de fantastique qu'au conte pour enfants, fût-il du type "Barbe-Bleue." L'un des mérites d'Alison Lurie est non seulement de l'apprendre à ses lecteurs américains mais aussi de nous le rappeler, à nous autres, Européens.

Sinon, les auteurs anglo-saxons ont toujours la part belle dans ce second volume : Franck Baum, "papa" du Magicien d'Oz et de la petite Dorothy (ce que l'on ignore souvent, c'est qu'il n'y a pas une mais toute une foule d'aventures de Dorothy qui, toutes, se situent au Pays d'Oz), Louisa May Alcott et ses "Quatre Filles du Dr March", la "Boîte à Délices" de John Masefield, le Dr Seuss (Theodore Seuss Geisel, très connu aux USA), Salman Rushdie ("Haroun et la Mer Aux Histoires") et quelques autres encore.

Parmi eux, j'ai été assez surprise de découvrir Walter de La Mare, l'un des auteurs favoris de Lovecraft, auteur de nouvelles au fantastique subtil et d'un roman dont l'héroïne, Miss M., est une naine. Le chapitre que lui consacre Alison Lurie m'a laissée perplexe car elle non plus ne paraît guère convaincue.

Bien entendu, il est aussi fait mention ici d'un certain jeune sorcier nommé Harry Porter et de sa créatrice, J. K. Rowling. Bien que Lurie ait probablement fait paraître son livre avant la parution du quatrième tome, "Harry Potter et la Coupe de Feu", l'analyse qu'elle fait de la saga potterienne, opposée aux remugles bassement christianisés de Tolkien et de C. S. Lewis (auteur du "Monde de Narnia"), est remarquable de finesse - et de prescience.

Bref, un second volume indispensable pour tous ceux qui ont lu "Ne Le Dites Pas Aux Grands." ;o)