Myrin Traduction : Eric Boury

Reykjavik, 2001 : le corps d'un septuagénaire, au crâne défoncé par les coups portés avec un lourd cendrier en grès, est retrouvé dans un appartement du quartier de Nordumyri. Aux côtés du corps, une feuille de papier et trois mots : "Je suis LUI."

Pour l'inspecteur Erlendur Sveinsson et son équipe, le mystère est complet. Pourtant, très vite, tout se décante et, avant toute chose, la personnalité du défunt.

Pas très sympathique - et même carrément ignoble - ce Holberg. Le disque dur de son ordinateur est plein à craquer d'enregistrements de films pornographiques particulièrement "hard" et l'on découvre bientôt que l'homme était un violeur patenté, doué d'une chance telle qu'il ne s'est jamais fait coincer.

Lentement, se fiant souvent à son instinct, Erlendur reconstitue l'ensemble de la toile qui révèle peu à peu des personnages secondaires comme Kolbrun, l'une des victimes de Holberg, et la petite fille, Audur, qui naquit de ce viol et qui mourut à quatre ans, d'une tumeur au cerveau. L'intrigue est parfaite, menée sans un seul temps mort même si l'inspecteur prend le temps de s'occuper çà et là des frasques de sa propre fille, Eva Lind. Les personnages tiennent la route mais ce sont les femmes qui, ici, ont la part belle et cette constatation incite le lecteur - et certainement la lectrice - à s'interroger sur le statut de la femme en Islande.

Rien à voir, il faut le préciser, avec l'ambiance, pessimiste et quasi sans espoir, que l'on rencontre dans le roman suédois avec, par exemple, Sjöwall & Malhöö ou encore, plus proche de nous, Menkell. Rien à voir non plus avec l'évanescence de leur compatriote, Ake Davidson. En Islande - et les lecteurs de Läxness n'en seront pas surpris - il fait peut-être nuit la moitié de l'année, il y a trop de neige et la violence prospère comme elle prospère partout sur notre planète mais pas question de courber l'échine : on continue d'avancer.

Arnaldur Indridason : un auteur à découvrir, si vous ne l'avez déjà fait - et à recommander ! ;o)