"... ... La naissance du prince de Conti, si supérieure à celle de ces candidats, ses qualités aimables et militaires, qui s'étaient fait connaître en Hongrie et qu'il avait si bien soutenues depuis, la qualité de neveu et d'élève de ce fameux prince de Condé, et celle d'héritier et de cousin germain du comte de Saint-Pol (1), qui était encore regretté en Pologne et dont il avait réuni tous les suffrages lorsqu'il mourut, firent tout espérer à l'abbé de Polignac, qui voyait pour soi le chapeau de cardinal pour récompense, dont les Polonais sont peu amoureux (2), et que leurs rois donnent fort ordinairement à des étrangers, de la façon desquels nous en avions en France.

Le Roi voulut donc voir ce que le prince de Conti pourrait faire. Il l'entretint plusieurs fois en particulier, ce qui ne lui arrivait guère. Il vendit pour six-cent-mille livres de terres à des gens d'affaires avec la faculté de les pouvoir reprendre dans trois ans pour le même prix (3) ; cette somme fut envoyée en Pologne, et le Roi promit de la rendre si l'élection ne réussissait pas. ... ..."

(1) : Charles-Paris d'Orléans.

(2) : on sait que, depuis Saint-Simon, l'amour des Polonais pour le cardinalat a bien évolué ... :o<

(3) : quels efforts Louis XIV n'était-il donc pas disposé à faire pour que le le prince de Conti quittât Versailles ! Et quelle méfiance aussi conservait-il contre lui puisqu'il se réservait le droit de pouvoir récupérer ses terres si l'élection venait à manquer ...

         

Louis II de Bourbon-Condé, dit le Grand Condé, oncle et parrain bien-aimé du prince de Conti.