10 février 1837, Saint-Petersbourg : décès d'Alexandre Serguievitch Pouchkine, poète, dramaturge, nouvelliste et romancier.

Par sa mère, il était l'arrière-petit-fils d'Abraham Ganibal, un Camerounais, emmené en esclavage à Istamboul alors qu'il était encore tout jeune et qu'un Russe racheta pour le compte de Pierre le Grand, désireux d'éduquer un enfant noir afin de prouver que les compétences intellectuelles d'un être ne dépendent pas de la couleur de sa peau.

Lecteur vorace, le petit Alexandre stupéfiait les siens par la facilité qui était la sienne de retenir des tirades entières de poètes, spécialement français et anglais (il avait un faible pour Byron).

Cela devait évidemment l'amener lui-même à versifier dans différents genres avant, à vingt-et-un ans, de se voir exilé sur l'ordre du Tsar pour avoir osé critiquer, en dépit de ses racines qui plongeaient dans la haute noblesse, l'autocratisme et le servage.

Pouchkine est l'auteur d'un roman en vers,"Eugène Onéguine", qui présente l'étrange particularité de décrire une situation similaire à celle qui devait causer la mort de l'écrivain.

En effet, dans le roman, Onéguine vient passer quelques jours chez un ami poète, fiancé à Olga. Tatiana, la cousine d'Olga, tombe amoureuse d'Onéguine mais celui-ci l'éconduit et, comme par jeu, entreprend de faire la cour à Olga. La crise éclate et Onéguine tue en duel son ami, le poète.

Or, le 10 février 1837, Pouchkine était l'offensé dans le duel qui l'opposa à un aristocrate français, le duc Georges d'Anthès, qui aurait, semble-t-il, fait une cour plus ou moins voyante, à Natalia Gorontchova, que Pouchkine avait épousée en 1831. Mais le romancier ne devait pas survivre à ses blessures : il avait trente-huit ans et la Russie était en deuil de celui qui avait assuré le renouveau de sa littérature.

Le fantastique apparaît également dans une nouvelle très célèbre de l'écrivain, qui fut d'ailleurs à l'origine d'un opéra éponyme : "La Dame de Pique", récit souvent repris dans les anthologies du genre en raison de la perfection de sa construction, de l'authenticité des personnages et du talent incomparable avec lequel est rendue l'ambiance générale.

Autre coïncidence, dans "La Dame de Pique", le héros, qui espère apprendre une martingale infaillible d'une vieille aristocrate qui fut une joueuse enragée sous Pierre le Grand, feint de tomber amoureux de la gouvernante de la vieille dame, afin de pouvoir pénétrer sans danger dans l'hôtel particulier où, finalement, de rage, il finit par tuer la comtesse.

Pouchkine est également l'auteur de "La Fille du Capitaine", roman historique sur la révolte de Pougatchev.

Il était né à Moscou en 1799.

On notera que même aux pires temps du stalinisme, la popularité de cet auteur ne s'est jamais démentie en Russie. ;o)