Belle Ruin Traduction : Philippe Safavi

Dans ce roman, c'est une jeune détective amateur, Emma Graham, douze ans, que met en scène Martha Grimes. Et, je l'écris comme je le pense, si l'humour (parfois forcé) reste au rendez-vous, le résultat obtenu est de très loin inférieur aux enquêtes Melrose Plant/Richard Jury.

Il est vrai que l'opinion du lecteur est faussée dès le départ par le fait que l'aventure précédente d'Emma joue un rôle - et même un très grand rôle - dans ces "Fantômes du Palace" et que, pour une raison que je ne m'explique pas, ni l'auteur (apparemment), ni l'éditeur (c'est certain) n'ont jamais présenté ce livre comme tributaire du précédent.

Du coup, que se passe-t-il ? Eh ! bien, le lecteur a l'impression de ne plus rien comprendre au milieu de tous ces fils, de tous ces noeuds que la petite Emma s'acharne à dénouer avec un certain brio mais dont plus de la moitié conserve tout leur mystère pour le non-initié.

Qui est, par exemple, cette jeune fille inconnue qu'Emma aperçoit toujours là où elle n'a que faire, à laquelle elle prête, tout au long des "Fantômes ...", une identité qui n'est pas la sienne et qui, finalement, a conservé tout son anonymat lorsqu'on referme le livre ? ...

Plus grave - à moins que l'on n'indique clairement que "Les Fantômes du Palace" fait partie d'une série à épisodes : qu'est devenu le bébé enlevé trente ans plus tôt au "Belle Rouen", hôtel tombé en décrépitude depuis lors et qui donne son titre au roman ? A-t-il été véritablement kidnappé par des inconnus ? Ses parents, qui ne pouvaient accepter sa trisomie supposée, l'ont-ils fait disparaître ? Quel rapport enfin tout cela a-t-il avec Ben Queen, héros du roman précédent ? ...

Rien, ABSOLUMENT RIEN, n'est clair et encore moins éclairci dans cette production, très décevante, de Martha Graham. Et ce ne sont pas les auto-congratulations de la très acide Emma Graham - personnage que je n'ai pas franchement trouvé si sympathique que ça avec ses certitudes d'être supérieure au reste de l'humanité - qui arrangent les choses. Pour être sincère, on s'en lasse très vite.

Bref, si j'ai lu "Les Fantômes du Palace" jusqu'au bout, c'est essentiellement parce que j'avais promis d'en faire une fiche. Voilà qui est fait. Maintenant, deux possibilités s'offrent à vous : ou bien vous zappez tout ce qui a un rapport avec Emma Graham, ou bien vous achetez les deux premiers volumes de ses aventures et vous voyez s'il y a une cohérence. ;o)