12 février 1984, Paris : décès de Julio Cortazar, nouvelliste et romancier.

Par son destin atypique autant que par son sens très particulier de la nouvelle, Julio Cortazar occupe une place unique dans la littérature argentine.

Fils du Consul d'Argentine en Belgique, c'est à Bruxelles qu'il voit le jour le 26 août 1914.Quatre ans plus tard, c'est le retour de la famille à Buenos-Aires et, très bientôt, le père disparaît.

Ce père, qui se prénomme également Julio et qui, un jour, tentera de s'opposer à ce que son fils signe "Julio Cortazar", ne meurt pas, ne divorce pas : il s'enfuit, il abandonne. Le vide qu'il laisse résonnera dans l'oeuvre du fils.

Julio Cortazar, le romancier, reconnaissait surtout l'influence d'Edgar Allan Poe sur sa façon de concevoir le fantastique. Pourtant, en rapport sans doute avec l'image du Père disparu, évaporé, nombre de textes du romancier argentin évoquent aussi l'Américain Richard Matheson, autre auteur hanté par l'escamotage.

Le premier roman de Cortazar qui aura, sur les jeunes Latino-Américains,une influence à laquelle il ne s'attendait certes pas, "Marelle", baigne déjà dans un onirisme entêtant qui deviendra très vite l'une des constantes de l'oeuvre.

Le livre débute sur un couple heureux dont l'épouse va bientôt - du moins le mari en est-il persuadé - se réincarner dans une autre jeune femme. Et bien entendu, l'époux de cette dernière apparaît peu à peu comme le double du premier personnage.

Rêve ou réalité ? Cauchemar, diront certains.

Comme Matheson, Cortazar part systématiquement de la réalité la plus banale et presque la plus triviale comme, par exemple, l'idée d'un embouteillage comme il y en a des milliers par les routes du monde entier, pour déboucher sur un absurde étouffant et qui se mue rapidement en quelque chose de profondément inquiétant.

Cependant, tant par l'éducation reçue que par sa culture liée au Vieux Monde, Julio Cortazar possède un style infiniment plus souple, plus moëlleux et beaucoup moins pragmatique que Matheson.

__Mais tout aussi efficace, cependant.

Si vous ne le connaissez pas encore, ne tardez plus à lire Julio Cortazar. ;o)