Through the eyes of a child Traduction : Frédéric Grellier

En dépit de une ou deux coïncidences non pas tirées par les cheveux mais si "grosses" qu'on hésite parfois à les accepter - et pourtant, dans la vie de tous les jours, il est vrai qu'on tombe souvent sur quelque chose qu'il nous serait impossible d'admettre dans une fiction - "Le Rameau brisé" n'en demeure pas moins un excellent polar.

Kellerman en tire toutes les ficelles avec une maestria incomparable, conduisant son lecteur de surprise en surprise sans lui laisser un seul instant pour réfléchir ou pour s'étonner - sauf peut-être à la toute extrême fin où les événements s'enchaînent à une telle vitesse que, malgré tout, on voit (à moins qu'il ne s'agisse d'une illusion ?) la ficelle.

Bien que ce soit lui qui, comme d'habitude, vient demander l'aide de son ami, le Dr Delaware, l'inspecteur Sturgis est assez vite mis sur la touche par des supérieurs hiérarchiques qui s'avisent un peu tard du guêpier dans lequel sa perspicacité pourrait entraîner un certain nombre de notables distingués. Qu'à cela ne tienne bien sûr, en vacances de commande au Mexique, Milo n'en perd pas moins l'affaire de vue.

Cette affaire, elle a commencé d'une façon assez inattendue, par le double meurtre d'un psychiatre, Morton Handler, et de sa maîtresse, Elena Gutierrez, dans le bureau même du praticien. Seul témoin du carnage - car c'en est un, je vous épargne les détails : Melody Quinn, la fille de la gardienne de la luxueuse résidence où exerçait Handler.

L'enfant affirmant de bonne foi ne rien se rappeler du tout - ou alors, une mêlée très vague - Sturgis et ses chefs estiment qu'une ou deux séances d'hypnose pourraient peut-être leur permettre d'y voir plus clair.

Cela fonctionne si bien que la mère de Melody - une mère plutôt bizarre qui confié la santé de son enfant à un psy adepte des amphétamines et des traitements médicamenteux douteux - estime les séances trop violentes pour sa fille et, soutenu par le psy en question, le Dr Towle, refuse de poursuivre plus loin.

Mais bien des choses qu'il a pu observer, tant chez Mrs Quinn que chez Towle lui-même, ont éveillé la curiosité de Delaware. De plus, il est clair que l'équilibre de Melody est en jeu ...

Sous l'intrigue policière qui met en jeu une petite confrérie de pédophiles, Kellerman pose la question des méfaits accomplis par la richesse (tout d'abord sur ceux qui la possèdent) et nous brosse un portrait ahurissant d'une Amérique où tous les milieux sans exception remettent à des psys pas toujours très nets la responsabilité de régler les problèmes, grands et petits, de leurs rejetons.

On en frissonne d'autant plus que, de nos jours, cette mode déplorable a gagné l'Europe.

A lire bien tranquillement - pour ne perdre aucun fil de l'écheveau - un jour d'angoisses - les polars, ça apaise. ;o)