La désignation des deux pairs de France destinés à se rendre comme otages à la cour du duc de Savoie donne l'occasion à Saint-Simon de se lancer dans deux de ces portraits qu'il affectionne :

"... ... Ce fut pendant le cours de cette maladie (Louis XIV souffrait alors d'une anthraxe au cou) que la paix de Savoie devint publique et que le Roi régla tout ce qui regardait la princesse de Savoie et les deux otages jusqu'aux restitutions accomplies. M. de Savoie, qui n'ignorait rien, jusque des moindres choses, des principales cours de l'Europe, compta que les ducs de Foix (1) et de Choiseul (2) ne l'embarrasseraient pas.

Le premier n'avait jamais songé qu'à son plaisir et à se divertir en bonne compagnie ; l'autre était accablé sous le poids de sa pauvreté et de sa mauvaise fortune ; tous deux d'un esprit au-dessous du médiocre et parfaitement ignorants de ce qui leur était dû, très aisés à mener, à contenter, à amuser, tous deux sans rien qui tînt à la cour et sans considération particulière, tous deux enfin de la plus haute naissance et tous deux chevaliers de l'Ordre. ... ..."

(1) : Gabriel, Jean-Baptiste de Foix, duc de Randan.

(2) : César-Auguste, chevalier du Plessis-Praslin, duc de Choiseul à ne pas confondre avec César, comte du Plessis-Praslin et duc de Choiseul, mort en 1675 et qui défit Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, lors de la Fronde.