The Other Traduction : Colette-Marie Huet

"Le Visage de l'Autre" se présente sous la forme d'un journal tenu par un pensionnaire d'asile psychiatrique. Ce narrateur évoque son enfance et en particulier les faits qui ont marqué sa famille après la mort accidentelle de son père. A partir de là, tout semble être allé à vau-l'eau, comme si une étrange malédiction s'abattait sur les survivants.

Nous entrons de plein pied dans le vaste domaine familial où errent et s'amusent Niles et Holland, les fils jumeaux du disparu et où résident par ailleurs leur oncle George, leur tante maternelle, Vee, leur cousin, Russell, leur demi-soeur Torrie et son mari, Rider, et, bien entendu, leur grand-mère, Ada. Leur mère, Alexandra, vit pratiquement recluse dans sa chambre depuis le décès de leur père - le lecteur le comprendra assez vite, la malheureuse s'est mise à boire.

Il apparaît bientôt que, en dépit de leur bonne entente, les deux jumeaux possèdent des personnalités très différentes l'une de l'autre. Celle de Holland présente des coins d'ombre inquiétants. Mais Niles, bien entendu - et comme tout le monde - adore son frère, même si celui-ci tire trop souvent la couverture à lui ...

Et puis, soudain, les accidents reprennent : le cousin Russell tombe en jouant sur une fourche qui traînait dans une meule de foin, la vieille voisine a une crise cardiaque alors qu'elle recevait un visiteur dont on ignorera toujours l'identité ...

... et, ce qui est peut-être pire, Eugénie, le bébé que vient d'avoir Torrie, disparaît aussi ...

Le climat de ce roman évoque un curieux mélange d'après-midis dorés et insouciants et de forêts singulièrement oppressantes. Ou encore un paysage bien vaste, bien net dans lequel, inexplicablement, le spectateur perçoit quelque chose qui se déplace sans cesse mais sur quoi il a bien du mal à mettre le doigt.

Au contraire de Robert Bloch dans "Psychose", l'auteur ne triche pas /bet nous révèle bien des choses sur son narrateur avant la chute finale. En ce sens, "Le Visage de l'Autre" est largement supérieur à l'oeuvre de Bloch et on ne peut que regretter qu'Hitchcock n'ait jamais eu l'occasion d'en tirer un film.

Un livre incontournable, à mon sens, pour tous ceux qui aiment les histoires horribles. (Et de plus, ce n'est vraiment pas gore ... ;o))