Il n'est déjà pas bon de déplaire à une favorite royale. Alors, quand celle-ci n'est autre que l'épouse légitime du monarque ... En renvoyant Mme Guyon, Mme de Maintenon signe la fin de la faveur pour Fénelon. L'attitude, à la fois imprudente et téméraire, que prend alors Mme Guyon sera désastreuse pour elle et nous demeure assez incompréhensible. Sa confiance en la puissance de son mentor était-elle si puissante qu'elle ne vit pas venir le danger ? Toujours est-il que, nous conte Saint-Simon :

"... ... On sut qu'elle continuait à voir sourdement du monde à Paris ; on le lui défendit sous de si grandes peines qu'elle se cacha davantage, mais sans pouvoir se passer de dogmatiser bien en cachettes, ni son petit troupeau de se rassembler par parties autour d'elle, en différents lieux. Cette conduite, qui fut éclairée, lui fit donner ordre de sortir de Paris. Elle obéit ; mais incontinent après, elle vint se cacher dans une petite maison obscure du faubourg Saint-Antoine.

L'extrême attention avec laquelle elle était suivie fit que, ne la dépistant de nulle part, on ne douta pas qu'elle ne fût rentrée dans Paris, et, à force de recherches, on la soupçonna où elle était, sur le rapport qu'on eut des voisins des mystères sans lesquels cette porte ne s'ouvrait plus. ... ..."