The Honeymoon Killers - Paul Buck. Traduction : Gérard de Chergé

Ce livre évoque le couple infernal que formèrent pendant quelques années Martha Seabrook Beck, ex-infirmière qui souffrait d'une déficience hypophysaire que l'on soignait très mal dans les années de l'après-guerre, même aux USA, et Raymond Fernandez, citoyen américain d'origine espagnole qui avait trouvé le moyen de se marier en Espagne avant de revenir - seul - dans son pays natal pour y escroquer les femmes qui se laissaient prendre à son charme latin.

Il est à noter que, selon toute vraisemblance, aucun d'eux n'avait tué qui que ce fût avant leur rencontre, laquelle s'effectua de la façon la plus banale qui soit, par le biais d'une agence de rencontre : "Le Club Amical des Coeurs Solitaires de Mamie Dinene." Au départ, Raymond pensait que Martha ne serait qu'une victime de plus mais la très forte relation sexuelle qui s'établit entre eux - et le chantage au suicide de la jeune femme - devaient tout changer. Pour leur malheur commun - et celui d'une vingtaine de femmes en quête d'une âme-soeur sans oublier une petite fille de deux ans que Martha noya dans un lavabo après le meurtre de sa mère.

Il semble pourtant que le premier meurtre reconnu par la Justice, celui du personnage dénommé Evelyn dans le roman, n'ait pas été prémédité. Simplement, la candidate au mariage fut prise en pleine nuit d'une crise d'angoisses relative aux chèques qu'elle avait demandé à Raymond de mettre pour elle de côté et que, le ton montant, Martha ou Raymond - le coup ayant été porté par un droitier aurait légitimement dû innocenter Beck, qui était gauchère, mais les juges n'en tinrent pas compte - ait assommé la malheureuse avec un marteau. Passons sur les autres détails : quand le vin est tiré, il faut bien le boire.

Prirent-ils goût au sang ? Buck ne le dit pas expressément mais comme il ne relate pas l'historique exacte des meurtres, on peut croire sa vision un peu romancée. Son livre, qui s'appuie beaucoup sur le film (par ailleurs excellent) de Leonard Kastle, souffre de sa forme hybride : mi-roman, mi-document. A sa décharge, on dira que le ton y reste toujours assez sobre.

Shirley Stoyler & Tony Lo Bianco, Martha & Raymond pour Leonard Kastle.

Sur l'affaire, on consultera donc plus efficacement les deux sites suivants :

- celui-ci, francophone

- et l'irremplaçable mais anglophone Crime Library.