Maskerade Traduction : Patrick Couton

Depuis que Magrat Goussedaille est devenue l'épouse de Vérence II de Lancre et, par voie de conséquence, souveraine légitime de ce pays, Mémé Ciredutemps n'est plus la même et sa vieille amie, Nounou Ogg, s'inquiète. Assurément, Mémé déprime. Dans le fond, elle l'aimait bien, la petite Magrat. Dans le fond, celle-ci avait raison quand elle disait que les sorcières devaient toujours se promener par trois.

Mais au fait, n'y a-t-il pas la petite Agnès Crettine, qui voulait prendre "Perdita" comme nom magique et qui, incontestablement, possède le don ? Aussitôt pensé, aussitôt fait, Nounou se précipite chez les Crettine pour apprendre que Agnès, lassée de la routine lancrienne, vient de partir pour Ankh-Morpork afin d'y passer des auditions. (Outre son don pour la magie, Agnès possède aussi une voix véritablement fabuleuse, de très beaux cheveux et un caractère en or.)

D'abord déçue, Nounou sent l'angoisse la gagner lorsque, pour satisfaire au vieil usage local, elle se penche sur la tasse de thé de Mme Crettine pour y lire le langage du marc : une tête de mort y est bien visible, planant comme qui dirait sur Agnès !

Motivées autant par le désir bien réel de "venir en aide à une fille de chez nous" que par celui, chez elles éminent, de l'action, Mémé et Nounou - celle-ci transportant avec elle son chat Gredin dont je ne sais trop si vous vous rappelez l'extraordinaire tempérament de mâle - se mettent en route vers Ankh-Morpork, non en balais mais en diligence - de véritables morceaux d'anthologie, ces voyages en diligences dont le premier leur permet de faire connaissance du grand ténor Enrico Basilica.

Pendant ce temps, Agnès a été admise dans les choeurs de l'Opéra d'Ankh-Morpork - les choeurs seulement parce que, question physique, hélas ! la nouvelle recrue souffre d'un surpoids fâcheux. Avec mission de "doubler" la vedette que désire lancer le nouveau directeur des lieux : Rarement Baquet. La vedette est jeune, mince, blonde, jolie, sotte comme un étourneau et ne sait pas chanter. Mais qu'importe le ramage en cette histoire de plumage puisque, dans les choeurs, celui d'Agnès - pardon, de Perdita, son nom de scène - peut secourir n'importe quelle cantatrice défaillante ...

Et Agnès-Perdita, qui, pour être obèse comme le souligne aimablement l'un des personnages n'en est pas moins très intelligente, s'est aussi aperçue que, à l'Opéra, il y a beaucoup de choses qui ne tournent pas rond. D'abord - ce qui est fort ennuyeux - il y a un fantôme, en habit de soirée et masque blanc et tout et tout et à qui l'on réserve la loge 8.

Un fantôme à l'Opéra d'Ankh-Morpork ! Vous imaginez ??? ;o)

Fort astucieusement intitulé "Masquarade", ce dix-huitième volume de la saga discale déborde d'idées, d'humour et aussi d'humanité. Surtout, surtout, ne ratez pas les passages relatifs au best-selle rédigé par Nounou Ogg - ou plutôt par "Une sorcière de Lancre" puisque tel est son nom de plume - et qui s'intitule : "Les Plaisirs de la Chère." Le repas qu'elle concocte à un certain moment pour les membres directeurs de l'Opéra désireux d'obtenir les espèces sonnantes et trébuchantes que leur a promises "dame Esmeralda Ciredutemps", avec son dessert au chocolat sauce surprise est un moment que le lecteur oublie difficilement.

PS : cependant, si vous aimez beaucoup l'opéra et si vous n'avez aucun sens de l'humour, mieux vaut peut-être que vous ne lisiez pas "Masquarade" ... ;o)