Prince raffiné et féru de lettres et de livres à un point tel qu'on peut voir en lui le précurseur des Humanistes et de la Renaissance, Louis d'Orléans s'intéressa aussi à l'alchimie et à la magie. En a-t-il usé contre son propre frère ? Les rumeurs de l'époque l'ont affirmé mais une chose est sûre : la mort du duc d'Orléans ne mit pas fin à la folie de Charles VI.

Toujours est-il que la relation existant entre les deux frères reste ambiguë - ce que souligne d'ailleurs Françoise Autrand. Si l'affection demeure, elle se mêle à la jalousie et à la haine. Et Charles ne se montra guère attristé lorsqu'on vint lui apprendre que son cousin, Jean de Bourgogne, avait fait assassiner le duc d'Orléans.

Pourtant, c'est bien cet assassinat, revendiqué avec hauteur par le duc de Bourgogne, qui se trouve à l'origine de la guerre civile entre les partisans du duc d'Orléans, menés par le comte d'Armagnac, et ceux du duc de Bourgogne, conflit que l'Histoire a immortalisé sous le nom de "guerre des Bourguignons et des Armagnacs."

Ce conflit ne trouvera son point final qu'avec l'entrée en scène de Jeanne d'Arc. Entretemps, le dauphin Charles aura fait à son tour assassiner Jean de Bourgogne, crime que justifiait la raison d'Etat puisque le duc avait amené le malheureux roi malade à s'effacer devant le roi d'Angleterre, lequel avait garanti de larges avantages territoriaux à la maison de Bourgogne.

C'est à la suite de cet assassinat que le futur Charles VII se verra déchu de ses droits à la couronne, par ordonnance royale signée par son propre père. Il se repliera sur Bourges où il organisera ce qu'il faut bien appeler la Résistance à l'occupant.

Charles VI mourra sans avoir revu son fils et héritier. Ce fut un Anglais, le duc de Bedford, régent de France pour le roi d'Angleterre, Henry VI, qui mena le deuil. Le souverain défunt laissait une France devenue terre anglaise mais seulement en théorie. Y germait déjà ce qu'il faut bien appeler l'esprit national.

C'est bien là le paradoxe du règne de Charles VI, que son peuple, aux pires jours de guerre et au plus fort de l'occupation anglaise, ne cessa jamais de surnommer : Charles le Bien Aimé. ;o)

Jean, duc de Bourgogne, fils de Philippe le Hardi, dit "Jean-sans-Peur" - Il avait pris pour emblème un rabot (que l'on voit brodé en fils d'or sur son habit) afin d'afficher clairement sa haine du duc d'Orléans qui, lui, avait choisi un bâton noueux en signe de ralliement.