Jean Racine, au centre, lit "Esther", la pièce qu'il a composée spécialement pour les élèves de Saint-Cyr. La scène se situe à l'Institution. A droite, on reconnaît le Roi et Mme de Maintenon, assis, tandis que les courtisans s'amassent derrière eux. Sur la gauche, quelques dames et élèves de Saint-Cyr écoutent le poète. Deux élèves répètent apparemment une scène.

C'est justement parce que Saint-Cyr avait déjà eu son lot de scandales, lorsque le Roi et sa cour étaient venus y écouter les représentations d'une pièce de Racine, que Mme de Maintenon ne pouvait plus, à l'époque de Mme Guyon, se permettre un seul faux pas dans la gestion morale de son institution. Prévu pour recevoir des filles de la noblesse dont les familles étaient peu fortunées, voire ruinées - état qu'avait bien connu jadis Françoise d'Aubigné - Saint-Cyr devait les préparer à une vie et à un mariage raisonnables. Si celui-ci tardait, ce serait sans doute le couvent. Mais dans les deux cas, il fallait rester digne et modeste.

Or, le théâtre de Racine et les succès remportés auprès des godelureaux de la cour par les actrices en herbe - des billets doux furent échangés et la clôture franchie - en avaient déjà un peu contaminé l'ambiance. Mme de Maintenon avait eu peine à rétablir l'ordre et elle tremblait toujours que le Roi, revenant sur sa décision de laisser à Saint-Cyr une administration laïque, ne se ravisât et ne forçât les maîtresses à prononcer leurs voeux.

Elle n'avait d'ailleurs pas tort de s'inquiéter : après le scandale Guyon qui, il est vrai, avait touché l'Etat, c'est ce qui arriva. Or, Mme de Maintenon, comme Françoise d'Aubigné et Françoise Scarron, s'était toujours défiée des couvents.