Charles VI - Françoise Autrand. (II)
Par woland le dimanche, septembre 2 2007, 12:46 - Histoire, Biographies & Documents. - Lien permanent
Car le drame qui va endeuiller le royaume pour longtemps - jusqu'à ce que Jeanne d'Arc vienne soutenir de sa prodigieuse aura le fils de Charles VI - est avant tout une histoire de famille.
Une histoire d'oncles, tout d'abord. Plus précisément, d'oncles paternels.
De ce côté-là, on trouve Louis d'Anjou dont le manque de parole avait contraint jadis le roi Jean II à retourner finir ses jours comme otage en Angleterre. Un personnage flamboyant et retors mais peu fiable et uniquement préoccupé de ses profits personnels.
Vient ensuite le duc de Berry, en demi-disgrâce il est vrai à la mort de son frère aîné mais qui revient aux affaires dès l'avènement du nouveau roi. Le malheureux Languedoc aura bien des raisons de le déplorer ...
Et puis, bien sûr, il y a le duc de Bourgogne, Philippe, qui doit son surnom de "le Hardi" au fait que, dans une célèbre bataille contre les Anglais, il se tint aux côté de son père, Jean le Bon et lui dit : "Père, gardez-vous à droite ! Père, gardez-vous à gauche ! ..."
Des trois, c'est ce personnage exceptionnel qui influencera le plus Charles VI.
Une histoire de frère ensuite.
Car Charles VI a un frère, Louis, duc d'Orléans. Avec lui et son titre - bien maigre à l'époque, surtout si on le compare aux riches apanages de ses oncles paternels - commence la longue saga qui fera presque systématiquement des porteurs de ce nom des ennemis et des comploteurs.
Les oncles passeront ce qu'il leur reste de leur vie à tenter - avec plus ou moins de succès - d'accaparer le pouvoir à leur seul avantage. Quant au frère - et bien que Françoise Autrand tente de minimiser ses responsabilités - il s'opposera si violemment à son cousin, Jean, fils de Philippe de Bourgogne, qu'il fera basculer celui-ci dans le camp des Anglais.
Philippe le Hardi, duc de Bourgogne - Il fut le maître d'oeuvre du mariage de Charles VI avec Elisabeth de Wittelsbach, dite Isabeau de Bavière.
Commentaires
Calomnié, honni par une histoire transmise par des chroniqueurs, pour la plupart d'obédience bourguigonne (le Religieux de Saint-Denis, Monstrelet, Pierre Cochon - ne pas confondre avec l'évêque Cauchon, bourreau de Jeanne d'Arc -, le "Bourgeois de Paris"), Louis d'Orléans, dans sa lutte contre une maison de Bourgogne en pleine expansion et menaçante pour la monarchie française, apparaît comme le précurseur de l'oeuvre de Louis XI.
"On ne peut nier que le parti d'Orléans ne fût le seul qui agît pour la France et contre l'Anglais, qui sentît qu'on devait profiter de l'agitation de ce pays, qui tentât des expéditions" écrit Michelet.
"Que Louis d'Orléans ait représenté l'intérêt de la France et la tradition nationale, il n'en faut pas douter" assure de son côté Jacques Bainville.
"On s'étonne un peu que le 23 novembre 1407 (assassinat du duc d'Orléans) n'ait pas été retenu parmi les ''trente journées qui ont fait la France''. Il devrait, à coup sûr, figurer parmi les dix journées qui ont failli la défaire" conclut, pour sa part Bernard Guenée, au terme d'un livre impartial et excellent livre (Un meurtre, une société - L'assassinat du duc d'Orléans), .
RIEN, absolument RIEN ne prouve qu'il ait été l'amant de sa belle-soeur. Les écrits les plus violents des chroniqueurs bourguignons (et tout particulièrement l'Apologie du tyrannicide osant justifier son assassinat) n'y font pas la plus petite allusion. Ce n'est qu'au siècle suivant que, le premier, Brantôme, écrivain "galant" d'une singulière époque de turpitudes, y fera allusion. Que notre époque - qui, a bien des égards, ressemble dans son cynisme au XVIème siècle - accueille avec empressement ces rumeurs ne prouve strictement rien.
Quant à la maison de Bourgogne et Jean Sans Peur, assassin et traître à la France, le même Bainville a parlé comme il convenait : " Ainsi, la maison de Bourgogne, par ses possessions flamandes, s'écartera de plus en plus de la France. Elle en deviendra une des pires enemies avec Jean Sans Peur et le Téméraire." " Ce nouveau duc, Jean Sans Peur, cousin germain du roi et du duc d'Orléans, n'était déjà plus des nôtres, il était nationalisé Flamand. Sous les apparences d'un Français, il y avait un étranger au conseil de régence."
Merci en tous cas pour les références que vous donnez. Je vais rajouter le livre de Bernard Guenée à ma Pile de livres à Acheter. Michelet, ce sera pour plus tard car il me tente depuis longtemps ...
Merci pour votre commentaire et à bientôt peut-être.
Cordialement :
W. ;o)