Car le drame qui va endeuiller le royaume pour longtemps - jusqu'à ce que Jeanne d'Arc vienne soutenir de sa prodigieuse aura le fils de Charles VI - est avant tout une histoire de famille.

Une histoire d'oncles, tout d'abord. Plus précisément, d'oncles paternels.

De ce côté-là, on trouve Louis d'Anjou dont le manque de parole avait contraint jadis le roi Jean II à retourner finir ses jours comme otage en Angleterre. Un personnage flamboyant et retors mais peu fiable et uniquement préoccupé de ses profits personnels.

Vient ensuite le duc de Berry, en demi-disgrâce il est vrai à la mort de son frère aîné mais qui revient aux affaires dès l'avènement du nouveau roi. Le malheureux Languedoc aura bien des raisons de le déplorer ...

Et puis, bien sûr, il y a le duc de Bourgogne, Philippe, qui doit son surnom de "le Hardi" au fait que, dans une célèbre bataille contre les Anglais, il se tint aux côté de son père, Jean le Bon et lui dit : "Père, gardez-vous à droite ! Père, gardez-vous à gauche ! ..."

Des trois, c'est ce personnage exceptionnel qui influencera le plus Charles VI.

Une histoire de frère ensuite.

Car Charles VI a un frère, Louis, duc d'Orléans. Avec lui et son titre - bien maigre à l'époque, surtout si on le compare aux riches apanages de ses oncles paternels - commence la longue saga qui fera presque systématiquement des porteurs de ce nom des ennemis et des comploteurs.

Les oncles passeront ce qu'il leur reste de leur vie à tenter - avec plus ou moins de succès - d'accaparer le pouvoir à leur seul avantage. Quant au frère - et bien que Françoise Autrand tente de minimiser ses responsabilités - il s'opposera si violemment à son cousin, Jean, fils de Philippe de Bourgogne, qu'il fera basculer celui-ci dans le camp des Anglais.

Philippe le Hardi, duc de Bourgogne - Il fut le maître d'oeuvre du mariage de Charles VI avec Elisabeth de Wittelsbach, dite Isabeau de Bavière.