La réaction de Mme de Maintenon est à son image. D'abord prudente, dès qu'elle comprend que Fénelon a tenté d'avoir barre sur elle, elle coupe les ponts sans autre forme de procès :

... ... Mme de Maintenon fut étrangement surprise de tout ce qu'il lui apprit de sa nouvelle école, et plus encore de ce qu'il lui en prouva par la bouche de ses deux affidées et parce qu'elles en avaient mis par écrit. Mme de Maintenon interrogea d'autres écolières : elle vit par leurs réponses que, plus ou moins instruites et plus ou moins admises dans la confiance de leur nouvelle maîtresse, tout allait au même but, et que ce but et le chemin étaient fort extraordinaires. La voilà bien en peine, puis en grand scrupule : elle se résolut à parler à M. de Cambray. Celui-ci, qui ne soupçonnait pas qu'elle fût si instruite, s'embarrassa et augmenta les soupçons.

Tout à coup, Mme Guyon fut chassée de Saint-Cyr, et on ne s'y appliqua plus qu'à effacer jusqu'aux moindres traces de ce qu'elle y avait enseigné. On y eut beaucoup de peine : elle en avait charmé plusieurs, qui s'étaient véritablement attachés à elle et à sa doctrine, et M. de Chartres en profita pour faire sentir tout le danger de ce poison et pour rendre M. de Cambray fort suspect. Un tel revers, et si peu attendu, l'étourdit, mais il ne l'abattit pas : il paya d'esprit, d'autorités mystiques, de fermeté sur ses étriers ; ses amis principaux le soutinrent. ... ...

             L'Institution de Saint-Cyr au XVIIème siècle.