"L'Ange exilé" s'arrêt à la mort de Ben, quand Thomas-Eugène s'apprête à prendre son envol, "tout seul." Les années qui suivront, Wolfe les rapportera fidèlement dans trois autres romans, dont "Of Time and the River", paru en 1935 et traduit sous le titre "Le Temps et le Fleuve" - peut-on rêver plus "A la Recherche ..." ? Pour certains, il s'agit là de son meilleur livre.

A cette époque, il a rompu avec Mrs Bernstein et peut-être a-t-il enfin trouvé la figure parentale qu'il recherchait en la personne de Maxwell Perkins, son éditeur, qui fut aussi celui de Scott Fitzgerald et d'Hemingway. Perkins contraignait son poulain à une discipline, à une rigueur que dont cet écrivain-né mais brouillon ne comprit jamais très bien la nécessité. Hélas ! La paranoïa dont souffrait Wolfe et qu'il avait héritée en partie de son père - on la retrouvait aussi chez le frère aîné, Steve Gant pour "L'Ange exilé - le reprit et il rompit avec éclats avec Perkins et Scribners pour signer chez Harpers.

Ce sera donc cette maison new-yorkaise qui éditera toutes les oeuvres posthumes de Wolfe, dont "La toile et le roc" et bien entendu "L'Ange banni", tous deux en 1940.

En 1938,lors d'un voyage en Colombie britannique, l'écrivain avait en effet contracté une pneumonie qui révéla la tuberculose héréditaire et l'enleva à ce monde où, semblable en cela à son père, il n'avait cessé de se sentir "perdu." Asheville repentante accepta de le laisser dormir son dernier sommeil terrestre en son cimetière.

Outre ses quatre romans, Wolfe a écrit une foule de nouvelles dont on peut regretter qu'elles n'aient pas connu dans notre pays la diffusion qu'elles méritent. S'il avait vécu, qu'aurait-il été à même de produire ? Aurait-il continué en solitaire sur la voie qu'il s'était tracée ? Ou bien, rongé par l'alcool - comme son père et comme son frère aîné, Wolfe s'adonnait à la boisson et sa première "cuite", ainsi que les réactions consternées de sa famille, est abondamment décrite à la fin de "L'Ange exilé" - aurait-il fini comme Scott Fitzgerald ? ... Qui pourra bien le dire ? Et puis, cela a-t-il finalement une importance quelconque puisque l'oeuvre qu'il nous a laissée se suffit à elle-même ? ;o)