Proust est mort en 1992, Katherine Mansfield en 1923 et c'est en 1924 que Virginia Woolf place l'intrigue de "Mrs Dalloway." Quel rapport entre ces auteurs et leur oeuvre d'une part, et celle de l'Américain Thomas C. Wolfe qui entre à cette époque dans l'enseignement ? La poursuite effrénée, désespérée du Temps qui passe et sa fixation éphémère par l'écriture.

Car Wolfe, qui ne fut révélé au public qu'en 1929 avec "L'Ange exilé", est littéralement hanté par le Temps et le regret de le voir défiler sans qu'on puisse en conserver le plus souvent autre chose que des souvenirs, bons ou mauvais. Certes, par le style, il n'a rien de Proust. On ne le reconnaît pas plus dans celui de Mansfield, encore moins dans celui de Woolf. Et pourtant, lui qui se perd si souvent dans de grandes envolées lyriques et théâtrales plus proches du Romantisme que de toute autre école, est bien un de leurs frères en écriture.

Le manque d'intrigue de "L'Ange Exilé" - près de 920 pages en édition de poche - se confond avec les vingt premières années de l'écrivain. Comme Wolfe, de surcroît, n'a fourni qu'un minimum d'efforts pour dissimuler les noms réels des personnes qui y apparaissent, conter ici les incidents qui émaillèrent son existence réelle, c'est en fait résumer son roman.

                
                Thomas C. Wolfe