Oui, pourquoi le communisme, tel que nous le connaissons, tel que le XXème siècle l'a fixé dans l'Histoire, a-t-il existé et existe-t-il encore, drapé dans ce lourd manteau de violence et de terreur qu'il fait peser sur les populations qui lui sont soumises ? Et, plus insidieux : Karl Marx se reconnaîtrait-il dans l'ajustement que fit de ses théories un certain Vladimir Illitch Oulianov ? ...

Les rédacteurs de ce livre établissent évidemment le rapport entre le passé de violence de la Russie et les grands chefs révolutionnaires communistes. Il faut en effet savoir qu'un tsar au moins était célébré tant par Lénine que Staline et que ce tsar n'est autre que le fameux Ivan IV, dit le Terrible (ou plutôt le Redoutable, si l'on s'en tient à une traduction plus exacte du terme russe qui le caractérise). (C'est d'ailleurs sous Staline que Serguei Eisenstein entreprit son gigantesque "Ivan le Terrible" qui demeure un sommet de l'art cinématographique soviétique.)

C'est dans ces liens sanglants avec un passé archaïque que s'est abîmé le communisme appliqué en Russie et, partant, qu'il a perdu tout rapport avec la Révolution française de 1789 (même si ses dirigeants continuèrent à la citer comme exemple). Car la Révolution française, si l'on excepte la terreur génocidaire imposée à la Vendée et, bien entendu, les excès d'un Robespierre et d'un Saint-Just, n'a guère usé de violence paroxystique. C'est que ses fondateurs étaient dans l'impossibilité nationale de se référer à des figures historiques réellement diaboliques. En dépit des pages terribles de son histoire (guerres de Religion, famines, etc ...), la France n'a jamais produit de tyrans semblables à Ivan IV ou même Pierre le Grand et jamais on ne vit roi de France battre à mort son Dauphin (au contraire d'Ivan).

Malheureusement pour leur mémoire et encore plus pour le peuple russe - et celui des "pays-frères" - Lénine et Staline, qu'ils en eussent conscience ou non et si modernes qu'ils se voulussent, étaient par contre tributaires d'un passé historique chaotique où le crime devenait chose naturelle.

Evidemment, le but des auteurs n'est pas d'excuser les maîtres du communisme soviétique. Ils cherchent simplement à démonter les bases d'un régime qui, même s'il a en partie disparu en au début des années 90, continue à influer sur notre monde.

Ainsi, ils établiront un autre parallèle entre le passé millénaire de la Chine, ses fondements confucéens et ses recours rituels au cannibalisme d'une part et certaines pratiques pendant la guerre civile, puis sous Mao. ]On notera par exemple que, s'il est arrivé à de malheureux paysans russes, affamés volontairement par Lénine, puis par Staline, de tuer et de dévorer leurs propres enfants, les paysans chinois, eux, échangeaient leurs enfants afin de ne pas être tenus responsables, devant les tablettes de leurs Ancêtres, d'un crime qui va si fort contre la Nature.