"Comment peut-on encore oser se réclamer du communisme ?" Telle est la question que vous ne pourrez éviter de vous poser après avoir lu ces 826 pages détaillées sur les crimes, la terreur et la répression conçus comme outils de gouvernement. Elles sont dûes aux plumes conjointes de Stéphane Courtois, Nicolas Werth, Jean-Louis Panné, Andrzej Paczkowski, Karel Bartosek et Jean-Louis Margolin.

On sort de là assommé, non pas tant peut-être par l'horreur des crimes qui y sont rapportés de manière froide et presque clinique, dans un souci évident d'objectivité (que l'on rencontre beaucoup plus rarement, il convient de le souligner, dans les ouvrages traitant du totalitarisme de droite) que par le cheminement de pensée qui conduisit des hommes relativement intelligents - ou supposés tels - comme par exemple Lénine, à les provoquer, à les commettre et surtout à les présenter comme le seul et unique moyen de façonner une société libérée de toutes les inégalités et, par conséquent, épanouie et heureuse.

Après une préface qui rappelle que certains des auteurs se laissèrent prendre un temps au chant des sirènes rouges, l'ouvrage distingue cinq parties : le communisme originel, celui de l'Empire soviétique ; le communisme dans l'Europe de l'Est et du Sud ; le communisme asiatique et ses cinq variantes : Chine, Corée du Nord, Laos, Viêt-nam et Cambodge ; le communisme en Amérique du Sud et bien entendu l'afro-communisme. Un chapitre tout entier est enfin consacré au communisme en Afghanistan et fait l'éclatante démonstration que le coup d'état de Mohammed Daoud, en 1973, en donnant aux soviétiques l'occasion d'intervenir dans le pays, mit fin à la modernisation d'une monarchie qui, vaille que vaille, s'était bel et bien engagée sur les rails de la modernisation. L'épilogue pose bien évidemment la question : "Pourquoi ?"