The Truth about Lorin Jones Traduction : Sophie Mayoux

Si vous ne deviez lire qu'un seul Lurie, c'est celui-ci, je crois, que je vous recommanderais.

La romancière y prend pour héroïne Polly Alter (les latinistes apprécieront son nom qui annonce d'ores et déjà la couleur), mère divorcée qui redoute de voir son fils, Stevie, décider, à l'adolescence, d'emménager définitivement chez son père. C'est que, en ce début des années soixante-dix qui voient s'affirmer outre-Atlantique une revendication féministe un peu trop virulente, Polly, en dépit de ce qu'elle affirme en public, notamment auprès de ses relations lesbiennes et à sa meilleure amie, Jeanne, lesbienne elle aussi, Polly n'est absolument pas sûre d'elle-même et encore moins du bien-fondé de l'existence qu'elle a choisie.

Au départ, Polly voulait peindre. Malheureusement, le lendemain même de son mariage, elle tomba, à l'hôtel, sur une toile merveilleuse, signée Lorin Jones, et qui la découragea définitivement. C'est qu'elle voyait là, sur cette toile, tout ce qu'elle-même rêvait de produire, un mélange d'abstrait et de pré-raphaélite tout à fait hors du commun. Du coup, Polly abandonna et devint chroniqueuse et agent pour les galeries d'art.

Après toutes ses années, on vient justement de lui demander de rédiger la biographie de cette Lorin Jones, décédée à la fin des isixties/i. Emballée - elle se sent tant d'affinités avec Lorin - Polly accepte, persuadée, tant par son expérience personnelle que par l'atmosphère ambiante, que Lorin est morte victime des hommes. Polly tient d'ailleurs prête sa liste de coupables potentiels à interviewer :

1) le marchand de Lorin, Paolo Carducci ;

2) le demi-frère de Lorin, Leonard Zimmern;

3) l'ex-mari de Lorin, le critique d'art Garrett Jones

4) et enfin l'amant de Lorin, qui l'enleva à son mari : Hugh Cameron.

Elle se met donc en quête ...

Vous raconter le reste serait dévoiler l'intrigue - et ce serait surtout vous priver d'une grande source de plaisir. Car "La Vérité sur Lorin Jones" est un petit chef-d'oeuvre d'acidité, de tendresse et d'humour qui nous donne en outre une leçon de sagesse : rien n'est jamais si beau, si bon ... ni si laid, si pourri qu'on le croit. Tout cela doublé d'une réflexion féroce sur les excès du féminisme.

A emporter cet été, sur la plage, par exemple. Vous devriez passer un sacré bon moment. ;o)