La Tabla de Flandes Traduction : Jean-Pierre Quijano

Restauratrice d'oeuvres d'art, Julia se voit confier la tâche de rajeunir "La Partie d'Echecs", toile peinte par Peter Van Huys en 1471. Très vite, elle repère une inscription écrite en latin, puis masquée par le maître flamand lui-même à l'arrière-plan du tableau : "Quis equitem necavit ?" En d'autres termes : "Qui a tué le cavalier ?" - le terme equitem pouvant également représenter non le cavalier blanc que l'un des protagonistes de la scène, le duc d'Ostenbourg, tient dans sa main mais bel et bien son adversaire et ami, Rutgier d'Arras, chevalier ayant combattu aux côtés des Français à Crécy mais qui trouva la mort bien plus tard, assassiné en pleine rue par un archer à la solde de mystérieux inconnus.

Enfin, mystérieux, c'est selon. Disons indéterminés. En effet, la tradition veut que Rutgier ait entretenu une liaison avec Béatrice de Bourgogne, épouse du duc d'Ostenbourg, et que le mari jaloux eût commandité son assassinat. Mais une autre version affirme que, pour soutenir la cause bourguignonne auprès de son époux, ce fut Béatrice - qui n'était autre que la propre cousine de Charles le Téméraire dont la fille épousera Maximilien d'Autriche, préludant ainsi au vaste empire qui écherra à Charles Quint - qui, à contrecoeur mais au nom de la raison d'Etat, sacrifia Rutgier aux menées politiques de sa maison natale.

Quoi qu'il en soit, une chose est certaine : la découverte de l'énigme latine et plus encore sa résolution augmenteront sensiblement la valeur du tableau. Ce n'est cependant pas la raison qui pousse Julia à se passionner pour la question posée par Van Huys. Après avoir demandé l'aide de son ancien amant, Alvaro, elle suit les conseils de son mentor, César l'antiquaire et, par son intermédiaire, contacte un joueur d'échecs prodige, Munoz : il semblerait bien que, en parvenant à reconstituer la partie d'échecs représentée sur le tableau, on réussira également à résoudre l'énigme.

Seul problème : Alvaro est retrouvé mort, assassiné dans sa douche et un joueur invisible jaillit de nulle part pour reprendre la partie jouée par les noirs. Bien entendu, toute pièce qui tombe devient alors un cadavre ...

Un bon roman* qui intrigue le lecteur et le mène droit jusqu'à la chute, inéluctable et désenchantée. On a du mal à s'en arracher. Mieux : la relecture reste aussi prenante. ;o)

* : "Le Tableau du Maître Flamand" obtint le Grand Prix de littérature policière en 1993.