Le rêve de Poe, qu’il cherchera à concrétiser – mais en vain – en 1840, était de posséder sa propre revue. Mais les fonds, on s’en doute, lui manquaient et les commanditaires se désistaient quand encore ils ne le fuyaient pas. En dépit de tout, la chance lui souriait et son amitié avec George Graham, qui avait racheté le « Burton’s Gentleman’s Magazine », lui valut un salaire annuel de 800 dollars – une somme à l’époque.

A la différence de Burton, Graham lui laissa de plus le champ libre pour s’en prendre aux coteries littéraires du moment dont il ne craignit pas d’accuser les membres les plus éminents de plagiat. Peu avant sa mort d’ailleurs, on le verra discuter ardemment de la création d’un copyright international avec Charles Dickens, en tournée aux Etats-Unis.

Hélas ! alors que la stabilité financière semblait enfin vouloir s’installer à leur foyer, Virginia fut victime d’une hémorragie causée par la rupture d’un vaisseau dans la gorge. On craignit pour sa vie et lentement, insidieusement mais sûrement, Poe se plongea dans l’alcool. Sa veine littéraire ne s’était pas tarie mais ses travaux lui rapportaient peu.

           
            Virginia Poe, née Clemm.

Néanmoins, quand « Le Corbeau » parut en 1845, le succès fut énorme. Ce qui valut à une sélection des contes et des poèmes de Poe de se voir sollicitée par une grande maison d’édition. La Fortune, décidément, ne voulait pas renoncer à Edgar Poe. Mais lui, la désirait-il toujours ?