Þriðja táknið Traduction : Marie de Prémonville

Extraits Personnages

Un premier roman policier extrêmement bien mené. En fait, c'est la manière dont toute l'action est amenée et guidée qui sauve l'intrigue. Non que celle-ci soit médiocre mais une fois de plus parce que, lorsqu'on lit beaucoup de policiers, on finit par repérer très vite les détails révélateurs, ces "petits cailloux du Petit Poucet" que l'auteur est bien obligé d'éparpiller çà et là faute de se voir reprocher par la suite d'avoir mené son lecteur en bateau.

Précisons-le tout de suite : on ne devine pas l'identité de l'assassin avant les dernières pages. En revanche, ce que l'on devine très vite, ce sont les raisons pour lesquelles la famille de la victime, et tout particulièrement son père et sa mère, entretenaient avec elle des rapports aussi glaciaux. Et cela soutient grandement l'intérêt du lecteur jusqu'au final, plus peut-être - mais je ne parle que pour moi - que le désir de connaître le nom de l'assassin.

Rappelons brièvement l'intrigue : un jeune étudiant en Histoire, Harald Guntlieb, issu d'une famille richissime de banquiers allemands, vient travailler en Islande sur une thèse consacrée à la mise en parallèle des exécutions de sorciers en Europe continentale et en Islande. En Europe continentale, ce sont les femmes qui ont constitué la majorité des victimes - et c'est en ce sens qu'on peut réellement parler de "chasse aux sorcières." En Islande au contraire, ce sont les hommes qui, en priorité, ont nourri les bûchers.

Harald connaît d'autant mieux la question que son grand-père ne s'est pas contenté de lui léguer un héritage qui le rend parfaitement indépendant sur le plan financier : il lui a aussi passé la marotte de tout ce qui concerne l'Histoire de la Sorcellerie et de ses rituels. Le jeune homme en a même conçu une telle passion qu'il a procédé - ou fait procéder - sur sa personne à toutes sortes d'opérations du style pearcing aggravé, gravures à même la peau, etc ... avant de couronner le tout par une opération destinée à rendre sa langue bifide, comme celle des serpents ...

Comment un tel personnage a-t-il pu se faire assassiner, et par qui ? Et qui, surtout, a trouvé bon non seulement d'apposer une dernière gravure sur le corps du défunt mais aussi de l'énucléer ? ... Pour quelles raisons ? ...

La résolution de l'énigme décevra peut-être : c'est qu'elle est si ... hum ... si banale, si bassement matérialiste. On a beau se dire que, traditionnellement, le Diable est reconnu comme étant "le Seigneur de la Matière", ça ne console pas.

Néanmoins, dans l'ensemble, on passe un bon moment de lecture, pas si gore qu'on pourrait le penser d'ailleurs. Et puis, l'auteur a eu l'excellente idée de préserver jusqu'au bout l'ambiguïté du caractère d'Harald. Certaines explications finales sur son enfance ne parviennent pas en effet à résoudre l'énigme ultime : était-il un enfant normal ou un psychopathe en puissance ?