Dès leur introduction, j'avais trouvé le ton des auteurs un peu orienté. Mais je m'accusai de paranoïa et d'étroitesse d'esprit et décidai de continuer. Manque de chance - pour Messieurs Simon et Pujol - ils affirmaient, dès leur premier cobaye, que celui-ci, un meurtrier compulsif nommé William George Heirens et surnommé "Le Tueur au rouge-à-lèvres" (à ce jour le plus vieux prisonnier des pénitanciers américains) était autiste. Comme ça, sans aucune sommation. Je repris le chapitre depuis le début : aucun signe d'autisme. De problème avec la mère et la sexualité, oui mais d'autisme, non. Peu après, Simon & Pujol, croyant sans doute utiliser un synonyme, taxaient leur tueur de déséquilibre mental.

Par acquis de conscience, je fouillai un peu à d'autres sources, y compris anglo-saxonnes, pour voir si, par hasard, le terme "autisme" ne se trouvait pas associé ailleurs à Heirens. Mais rien : ni en français, ni en anglais, je ne découvris rien. Simon et Pujol avaient utilisé le terme sans savoir exactement quelle genre d'affection il représente et surtout sans se demander un seul instant si l'idée du crime en série peut être associé avec raison à celui d'autisme. En d'autres termes, peu leur importait que des personnes ignorant tout de l'autisme et des autistes puissent s'imaginer, en les lisant, courir un danger en présence de quelqu'un atteint par ce trouble.

Dire que pareille désinvolture, pareil mépris de la souffrance d'innocents et pareil "réajustement" de la vérité, me blessèrent et me choquèrent, c'est trop peu dire. En tous cas, je continuai ma lecture, bien décidée à dénicher d'autres incohérences, d'autres approximations, et à les inventorier dans ce billet.