Les Manuscrits Ne Brûlent Pas.

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Tag - Daniel Pujol

Fil des billets

samedi, mars 17 2012

Ceux Qui Aiment Tuer ( IV ) - Thierry Simon & Daniel Pujol

Pour John Wayne Gacy, il semble bien que, pour nos deux auteurs, son crime le plus horrible soit d'avoir été à la tête d'une petite entreprise, rejoignant du coup, fût-ce à une modeste échelle, le patronat américain. Mais c'est quand ils en arrivent à Jeffrey Dahmer que Simon & Pujol atteignent au summum. La préférence sexuelle de ce dernier le portait vers les hommes noirs ou asiatiques. Ici, cette caractéristique est retournée comme un gant, de manière à prouver que Dahmer tuait par racisme et non, comme cela a été établi et comme il l'a toujours revendiqué, pour conserver auprès de lui "des amis à qui parler". Et le tandem de glisser incidemment dans son texte que Dahmer avait "un nom allemand." (!!!!)

Comment, avec de telles extrapolations qui ne reposent sur rien et qui vont même à l'encontre des faits établis, comment accorder un crédit valable au travail de Simon & Pujol, même quand ils pointent du doigt les conditions très souvent difficiles dans lesquelles se déroula l'enfance d'un Ricardo Ramirez ou d'un Henry Lee Lucas ? Les vérités contenues dans leur livre - car il y en a - se diluent dans leur démonstration qui veut que la société américaine, dans ce qu'elle a de plus triomphant et aussi de plus opposé aux régimes d'obédience marxiste, soit la Grande et Seule Vraie Responsable de l'existence des tueurs en série aux USA. A trop vouloir faire l'ange, c'est la bête que l'on fait : ils auraient dû y réfléchir.

Bien qu'il ait pour prétexte le phénomène des tueurs en série, ce livre parle surtout politique et idéologie. On peut donc passer son chemin sans regrets. Pour une étude des serial killers américains, prenez plutôt Bourgouin qui, lui, traite le sujet à fond et sans aucun parti pris. ;o)

vendredi, mars 16 2012

Ceux Qui Aiment Tuer ( II ) - Thierry Simon & Daniel Pujol

Dès leur introduction, j'avais trouvé le ton des auteurs un peu orienté. Mais je m'accusai de paranoïa et d'étroitesse d'esprit et décidai de continuer. Manque de chance - pour Messieurs Simon et Pujol - ils affirmaient, dès leur premier cobaye, que celui-ci, un meurtrier compulsif nommé William George Heirens et surnommé "Le Tueur au rouge-à-lèvres" (à ce jour le plus vieux prisonnier des pénitanciers américains) était autiste. Comme ça, sans aucune sommation. Je repris le chapitre depuis le début : aucun signe d'autisme. De problème avec la mère et la sexualité, oui mais d'autisme, non. Peu après, Simon & Pujol, croyant sans doute utiliser un synonyme, taxaient leur tueur de déséquilibre mental.

Par acquis de conscience, je fouillai un peu à d'autres sources, y compris anglo-saxonnes, pour voir si, par hasard, le terme "autisme" ne se trouvait pas associé ailleurs à Heirens. Mais rien : ni en français, ni en anglais, je ne découvris rien. Simon et Pujol avaient utilisé le terme sans savoir exactement quelle genre d'affection il représente et surtout sans se demander un seul instant si l'idée du crime en série peut être associé avec raison à celui d'autisme. En d'autres termes, peu leur importait que des personnes ignorant tout de l'autisme et des autistes puissent s'imaginer, en les lisant, courir un danger en présence de quelqu'un atteint par ce trouble.

Dire que pareille désinvolture, pareil mépris de la souffrance d'innocents et pareil "réajustement" de la vérité, me blessèrent et me choquèrent, c'est trop peu dire. En tous cas, je continuai ma lecture, bien décidée à dénicher d'autres incohérences, d'autres approximations, et à les inventorier dans ce billet.

Ceux Qui Aiment Tuer ( I ) - Thierry Simon & Daniel Pujol

Ceux Qui Aiment Tuer : Tueurs en Série, Une Tragédie Américaine

Beaucoup de théories ont été échafaudées pour tenter d'expliquer le phénomène des tueurs en série. On a parlé et on parle toujours de démence, d'infirmité de la conscience, voire d'absence absolue de conscience, d'inadaptation sociale, de rejet, de traumatismes sexuels et de maltraitances diverses subis dans l'enfance, etc, etc ... Jusqu'ici, j'avais toujours vu ces motifs ou quelques uns d'entre eux évoqués au pluriel : c'est-à-dire que plusieurs d'entre eux doivent être au rendez-vous pour créer le tueur en série. Théorie qui, si elle n'explique pas tout, paraît quand même assez cohérente.

Vous jugerez donc de mon étonnement, puis de ma stupeur grandissante, au fur et à mesure que Thierry Simon et Daniel Pujol développaient la leur au fil des pages d'un ouvrage que je ne recommanderai à aucun lecteur à moins qu'il ne soit un fervent supporter d'Olivier Besancenot et consorts.

Pour Simon et son compère, une seule explication à ce qu'ils nomment "une tragédie américaine" - à croire que l'Europe n'a jamais eu et n'a toujours pas ses tueurs en série : le capitalisme galopant qui s'incarne dans une course-poursuite à la réussite et qu'aggrave la liberté de se procurer une arme dès que bon vous en chante.

Oh ! bien sûr, nos auteurs ne l'écrivent pas de façon aussi péremptoire - encore que, par moments ... Mais enfin, à l'arrivée, le résultat est le même : d'ailleurs, le livre s'achève sur une citation de Malcolm X, en appelant - déjà - à Allah.

Cependant, pour étayer leur discours outrancièrement anti-américain, Simon et Pujol sont bien obligés de s'attarder un peu sur quelques tueurs en série parmi les plus connus. Ils en ont retenu une dizaine, qu'ils présentent à l'innocent lecteur comme autant d'exemples des méfaits suscités par la société américaine.

Le problème, c'est que, tout tueur en série étant en fait le résultat d'un certain nombre de facteurs plutôt disparates, la démonstration risquait de perdre très vite son caractère politique. D'où l'obligation pour Simon & Pujol de passer en douceur sur certains détails - quand ils ne les passent pas carrément sous silence. Le néophyte ne décèlera pas la manipulation, mais il n'en sera pas de même pour celui qui a déjà lu d'autres ouvrages sur la question.