A House Divided Traduction : S. Campaux

Ici, le foisonnement réapparaît - ce qui soulage le lecteur - et même s'universalise. Car le héros du dernier volume de la trilogie, Yuan, fils unique et bien aimé de Wang le Tigre et de sa concubine, est destiné à voir du pays.

Dénoncé comme révolutionnaire communiste par une jeune condisciple qui était tombée amoureuse de lui, il est en effet contraint à l'exil aux Etats-Unis. Il y restera six ans, assez pour réaliser que si tout, dans la civilisation occidentale, n'est pas à rejeter, lui-même sera à tout jamais un Chinois. Moderne, certes mais chinois avant tout. Pearl Buck profite d'ailleurs de l'occasion pour apprendre au lecteur ce qu'elle pensait du désir forcené de convertir le peuple de l'Empire du Milieu qui caractérisa tant de missionnaires - et sans doute ses propres parents.

Mais "La Famille dispersée", c'est avant tout la peinture d'un monde en pleine mutation, dans lequel, peu à peu, les anciennes coutumes se voient mises à l'encan par une génération qui rêve de connaître enfin la liberté : liberté de penser, liberté de ressentir, liberté d'aimer, liberté de vivre pour soi sans avoir à se préoccuper de l'opinion du clan familial. Pour atteindre à ce résultat, certains, parmi ces jeunes gens, fanatisés à mort par la politique maoiste, iront jusqu'à tuer de leurs mains leur père ou leur mère, voire les deux.

Au passage, sont révélées au grand jour les magouilles de Wang le Marchand, qui n'a cessé de prêter en suffisance à son frère cadet jusqu'à ce que le vieux seigneur de guerre ne puisse pas le rembourser. Ainsi, Yuan, diplômé de l'université étrangère et, en tant que tel, fort coté désormais sur le marché du travail chinois, sera l'esclave de son oncle et sera en quelque sorte contraint de se sacrifier pour sa famille.

Dans l'esprit de Wang le Marchand, ce n'est là que justice mais Yuan ne va pas l'entendre de cette oreille ...

Même s'il retient mieux l'attention du lecteur, ce troisième et dernier opus n'atteint pas la puissance de "La Terre Chinoise." A ne réserver donc, là encore, qu'aux inconditionnels. ;o)