Graforpögn Traduction : Eric Boury

Ici, c'est par un bout d'os, mâchonné par un bébé lors d'une fête anniversaire donnée en l'honneur de son frère aîné, que débute l'histoire. Le fait serait peut-être passé inaperçu si un jeune étudiant en médecine n'avait accompagné son propre petit frère à cette fête. Etonné par la forme de l'objet, il le prend au bébé et, aussitôt, ses soupçons se confirment : il s'agit d'un morceau de côte, prélevée sur un squelette humain.

Il s'avère que l'os a été découvert sur un chantier voisin par le frère du bébé. L'enfant l'a ensuite laissé traîner et le bébé, qui faisait ses dents, l'a récupéré.

Prévenue, la police de Reykjavik délègue sur les lieux notre trio habituel : Erlendur Sveinsson, Sigurdur Oli et Elinborg. Or, les premières fouilles révèlent que l'individu qui gît là depuis on ne sait combien de temps était encore en vie lorsqu'il fut enterré ...

En parallèle de l'enquête policière, Indridason intercale des chapitres qui nous content l'histoire d'une enfant trouvée - à quelle date, on l'ignore pendant la plus grande partie du roman - qui, devenue jeune fille, joue de malchance en se retrouvant enceinte d'un marin par la suite porté disparu. Elle croit trouver un foyer pour elle-même et sa petite-fille, Mikkelina, lorsqu'elle épouse un ouvrier en apparence très solide et que le lecteur ne connaîtra que sous le nom de "Grimur", mais la malheureuse se trompe lourdement et, pour elle comme pour sa fille et les deux enfants qu'elle aura de cet homme, l'existence tiendra plus du cauchemar ...

Le rythme est toujours aussi soutenu, mais sans précipitation et Indridason déroule avec naturel les méandres d'une histoire plutôt complexe. J'insiste sur le mot : naturel. Il est rare d'en découvrir autant dans un roman, policier ou non. Et l'on se dit que, pour atteindre à un tel résultat, l'auteur a dû bigrement travailler son texte. D'autant que rien, aucun détail, aucun développement, ne semble avoir été laissé au hasard.

Quant aux personnages, ils sont tous à l'image de l'intrigue. Mention spéciale peut-être à Grimur, dont on ne saura jamais pourquoi ni comment il était devenu un monstre. On le hait et en même temps, surtout au final, on le plaint. Le tout sans tomber dans le mélo.

Arnaldur Indridason est vraiment un sacré bon romancier. ;o)