The Pusher Traduction : Henri Robillot

L'un des aspects les plus remarquables du "87ème District", c'est la façon absolument unique dont son auteur nous fait nous remémorer la vie que l'on menait dans les grandes villes américaines des années 50 et dont, pour peu que nous soyons un tant soit peu accros de cinéma, nous avons engrangé une incroyable mémoire visuelle par le biais des films de l'époque.

New-York sous la canicule dans "Sept ans de réflexion" ou encore dans "Fenêtre sur cour" (si l'on veut rester dans la catégorie policière ;o) ), c'est Isola dans "Du Balai !"

Le Sonneur qui donne son nom au deuxième volume de la saga évoque encore un New-York filmé dans les studios hollywoodiens par un Hitchcock ou un John Huston.

Mais avec "Le Fourgue", le parallèle qui s'impose est le suivant : Mc Bain dépeint une petite et une grande délinquance américaines qui, dans le sillage de la misère ou de la précarité, corrompt tout le tissu urbain en s'attaquant tout d'abord à ses bases : la jeunesse ; comme toujours, cela a mis du temps pour arriver en Europe mais enfin, en ce début des années 2000, ce phénomène est en train de se carrer bien douillettement dans nos propres grandes villes.

"Le Fourgue", c'est une histoire de dealers et de ratés. De petits dealers d'ailleurs. L'un d'entre eux apprend que le fils d'un officier de police se drogue à l'héroïne et le raconte à un compère. Le compère y voit une opportunité de faire chanter le policier. Mais, de fil en aiguille, rien ne marchera ainsi qu'il l'avait prévu et deux meurtres de sang-froid seront perpétrés avec une tentative de meurtre soldée par un échec à la clef ...

C'est net, ciselé, avec des dialogues qui épatent et un sens royal du détail qui fait vrai parce qu'il est vrai. L'émotion de Danny le Boiteux, l'indic de Carella, quand il apprend que le policier est entre la vie et la mort, est aussi authentique. En revanche, la "happy end" relative au fils drogué relève du plaqué.

Mais cette maladresse ne suffit pas à faire du "Fourgue" un mauvais roman. Lisez-le : vous verrez bien. ;o)