Cutting edge Traduction : Jean-Paul Gratias

Troisième tome des aventures de Charlie Resnik, le policier britannique d'origine polonaise qui, après son divorce, se consacre à ses quatre chats auxquels il a donné les prénoms des grands jazzmen qu'il aime écouter à ses heures de répit, "Scalpel" débute sur un parking d'hôpital où le jeune interne, Tim Fletcher, réintégrant ses pénates après vingt-et-une heures de travail non-stop, se fait sauvagement agresser par un inconnu. Bilan : de nombreuses blessures au visage, aux mains et au jarret. C'est comme si on avait voulu lui enlever son physique et ses brillantes possibilités professionnelles puisqu'il a choisi la chirurgie.

Le Dr Fletcher sortait depuis peu avec Karen Archer, une jeune étudiante en lettres anglaises avec laquelle il avait rendez-vous le soir de l'agression. La jeune fille sortait avec lui depuis qu'elle avait rompu avec un étudiant en médecine et fils à papa du nom de Ian Carew.

Très vite, l'agent Lynn Kellog sent que la personnalité de Carew n'est pas très claire. Est-ce pour autant qu'il faut lui imputer l'agression de l'infirmier Karl Dougherty dans des toilettes publiques alors qu'il sortait d'un bar d'habitués, puis le meurtre d'Amanda Hooson, ex-stagiaire à l'hôpital ?

Une intrigue rondement menée où Harvey, une fois de plus, fait preuve d'une efficacité "simenonienne" pour dépeindre ses personnages, aussi bien ses policiers que ses victimes et ses assassins dans leur vie de tous les jours. Le mobile des crimes est à la fois original et terriblement vraisemblable - surtout à notre époque - même si en France, ce genre d'affaires est en général étouffée par le Conseil de l'Ordre. Glaçant par conséquent pour le lecteur qui finit par se dire : "Et si c'était à moi que ... ?"

Lisez "Scalpel" de John Harvey : vous ne serez pas déçu. ;o)