Das Versprechen Traduction : Armel Guerne

Dès le départ, il faut noter que ce court roman - 155 pages au Livre de Poche - est sous-titré : "Requiem pour le roman policier." C'est en effet l'une de ces intrigues classiques qui foisonnent dans la littérature policière que Dürrenmatt prend ici pour thème : un crime est commis, on ne parvient pas à découvrir le meurtrier mais un policier brillant renonce à une mutation qui ne lui apportait que des avantages pour continuer l'enquête. Révoqué par ses supérieurs, il poursuit sa quête tout seul. Il attend, il attend, il attend mais quand la vérité - qu'il avait flairée bien avant les autres - se fait enfin jour, il y a beau temps que, obsédé par sa théorie, il a sombré dans l'alcoolisme et le dérangement mental.

Je ne sais pas si ça vous arrive aussi mais parfois, lorsque je lis les déductions impeccables de Sherlock Holmes, un diablotin railleur me souffle des idées du style : "Oui, mais si tel indice, si subtil qu'il soit, avait été glissé là à dessein par le meurtrier ..." ou encore : "Et si cela pouvait être interprété plutôt de cette seconde manière ..." Je l'avoue sans honte : le déroulement logique et quasi scientifique qui caractérise les méthodes de beaucoup de détectives de papier a toujours donné des petits boutons au côté résolument littéraire de mon imaginaire.

Pour avoir écrit "La Promesse", Dürrenmatt a dû croiser un démon similaire car son texte dynamite joyeusement tous les clichés de l'enquête à la Holmes ou à la Queen. Mais là où son plaisir se mue en cruauté, c'est quand la fin nous apprend que le malheureux policier avait raison sur toute la ligne : les faits s'étaient bel et bien déroulés tel qu'il l'avait primitivement pensé.

Simplement, il n'avait pas prévu le grain de sable qui empêcha le tueur de rééditer son acte criminel ...

Paradoxalement, cette "Promesse", que j'ai lue avec une grande curiosité, m'incitera certainement à me procurer un de ces jours un autre roman "policier" de Dürrenmatt. ;o=