Le Maréchal de Luxembourg étant mort, l'affaire qui l'avait opposé aux autres ducs et pairs ne s'en éteignit pas pour autant. (Cf. à ce propos nos billets "Vie, Orgueil et Mort du Maréchal de Luxembourg.") Son fils, Charles-François, duc de Montmorency-Luxembourg, la poursuivit devant le Parlement.

Bien que l'avocat général, Daguesseau (que l'on peut orthographier également d'Aguesseau) eût conclu entièrement en faveur des ducs et pairs, le Parlement prit l'avis contraire. Voici ce que nous en conte Saint-Simon :

"... ...Tout le monde sortit donc en même temps, et (les juges) demeurèrent seuls dans la grand chambre. Mme de La Trémoïlle, qui était dans une lanterne (1) haute, nous vint trouver. Le délibéré ne fut pas long ; mais notre impatience nous fit entrer dans le parquet des huissiers, d'où, un moment après, nous vîmes sortir de la grand chambre, qui était fermée et où il ne devait y avoir que les juges, Poupart, secrétaire du premier président (= Achille III de Harlay, qui avait tant aidé à la légitimation des bâtards du Roi.)

Bientôt après, on nous fit entrer pour entendre la prononciation de l'arrêt, qui donna gain de cause à M. de Luxembourg sur l'érection de 1662 et l'appointa (2) sur celle de 1581, tellement qu'il se trouva par là au même état qu'était son père. Nous eûmes peine à entendre un arrêt si injuste et si nouveau, et qui statuait ce qui ne pendait point en question. ... ..."

(1) : siège bas sur lequel les spectateurs pouvaient s'asseoir.

(2) : c'est à dire que le jugement fut ajourné, probablement sine die.

           
      Henri-François Daguesseau - Il sera Chancelier et Garde des Sceaux du Royaume de 1720 à 1722.