Le plaisir de Saint-Simon touche à son comble quand il dépeint la réaction de la cour et plus encore quand, une fois de plus, il s'en prend à Mme de Maintenon qui, protectrice du duc de Beauvillier, avait tout de même ici de bonnes raisons pour la trouver mauvaise :

"... ... Ce livre choqua fort tout le monde : les ignorants, parce qu'ils n'y entendaient rien ; les autres, par la difficulté à le comprendre, à le suivre et à se faire un langage barbare et inconnu ; les prélats opposés à l'auteur, par ce qu'ils crurent apercevoir de vicieux dans celles qu'il donnait pour vraies. _Le Roi surtout et Mme de Maintenon, fort prévenus, en furent extrêmement mal contents, et trouvèrent extrêmement mauvais que M. de Chevreuse eût fait le personnage de correcteur d'imprimerie et que M. de Beauvillier se fût chargé de le présenter au Roi en particulier, sans en avoir rien dit à Mme de Maintenon, et M. de Cambray* à la cour, qui le pouvait bien faire lui-même.

(Fénelon) craignit peut-être une mauvaise réception devant le monde et en chargea M. de Beauvillier, qui avait des temps plus familiers et seul avec le Roi, pour faire mieux recevoir son livre par la considération du duc, ou cacher, au monde, s'il était mal reçu ; mais ces Messieurs, enchantés par les grâces et par la spiritualité du prélat, s'aliénèrent entièrement Mme de Maintenon par ces démarches : l'un en se faisant le coopérateur public, par une fonction si au-dessous de lui, d'un ouvrage qu'elle ne pouvait voir agréer après avoir pris si hautement le parti contraire ; l'autre, en lui marquant une défiance et une indépendance d'elle, qui la blessa plus que tout, et qui la fit résoudre à travailler à les perdre tous les deux. ......"

* : mis pour "M. de Cambray étant à la cour."