Avant de l'envoyer chez l'imprimeur, Bossuet avait eu l'honnêteté de faire lire son "Instruction ..." non seulement à Godet-Desmarais (M. de Chartres) et aux archevêques de Reims et de Paris mais aussi à Fénelon lui-même. La réaction de M. de Cambrai ne se fait pas attendre :

"... ... Ce dernier sentit tout le poids (de l'"Instruction ...") et la nécessité de la prévenir. Il faut croire qu'il avait sa matière préparée de loin et toute rédigée, parce que autrement la diligence de sa composition serait incroyable, et d'une composition de ce genre. Il fit un livre inintelligible à qui n'est pas théologien versé dans le plus mystique, qu'il intitula "Maximes des Saints", et le mit en deux colonnes : la première contenait les maximes qu'il donne pour orthodoxes et pour celles des saints ; l'autre, les maximes dangereuses, suspectes ou erronées, qui est l'abus qu'on a fait ou qu'on peut faire de la bonne et saine mysticité ; avec une précision qu'il donne pour exacte de part et d'autre et qu'il propose d'un ton de maître à suivre ou à éviter. Dans l'empressement de le faire paraître avant que M. de Meaux pût donner le sien, il le fit imprimer avec toute la diligence possible, et pour n'y perdre pas un instant, Monsieur de Chevreuse s'alla établir chez l'imprimeur, pour en corriger chaque feuille à mesure qu'elle fut imprimée. Aussi la promptitude et l'exactitude de la correction répondirent-elles à des mesures si bien prises, qu'en très-peu de jours, il fut en état de le distribuer à toute la cour, et que l'édition se trouva presque toute vendue. ... ..."