J'avoue avoir jubilé lorsque j'ai lu cette ironique identification de la religion (en l'espèce le christianisme) au totalitarisme (ici le bolchevisme) - dans l'autre sens, ça marche aussi, vous inquiétez pas ... ;o) - que Nina Berbervova place dans la bouche de B., l'éditeur qui, au début du "Cap des Tempêtes", sort avec Sonia Tiaguine :

... ... Ensuite, il a parlé du Nouveau Testament, en disant qu'il avait relu l'Epître aux Romains de Paul de Tarse quelques jours auparavant, et qu'il en avait retiré une impression affligeante : il eût suffi de remplacer les circoncis par les membres du parti, les païens par les sans-parti, le Père, le Fils et l'Esprit-Saint par d'autres noms (qu'il hait), pour qu'on eût l'impression qu'un haut dignitaire d'une certaine organisation internationale écrivait à ses apparatchiks, ses subordonnés et ses partisans ; la même promesse de la destruction prochaine du capitalisme (bientôt, Satan sera anéanti, le même ordre : Ne réfléchissez pas trop (soyez humbles d'esprit) ; la même clameur : Pas de débats d'opinions ! et un conseil bien clair : Soumettez-vous aux autorités supérieures (car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu). Il y a même des paroles sur la paix et l'édification mutuelle, la discipline et l'auto-critique. Mais surtout : il faut que tous pensent et disent la même chose ... ...

Le Cap des Tempêtes - Nina Berberova - Actes Sud.